La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

CHÂTILLON-LE-DUC

Harcelée à l’école et sur le web

“Attention aux réseaux sociaux avec vos enfants” Des parents de Châtillon-le-Duc ont souhaité eux aussi témoigner à la lecture de notre article sur le harcèlement scolaire (n° 206 de février). Pour rappeler que ce phénomène est loin d’être isolé et que des choses restent à améliorer.

Ses parents ont constaté un déferlement d’insultes sur son compte “Tik Tok”.

P leurs, angoisse, vomisse- ments…Leur fille Julie*, scolarisée en C.M.2, a eu à subir le même genre de brimades que tous les enfants harcelés. Elle a été ostracisée par son ancien groupe de copines et son quotidien à l’école s’est peu à peu dégradé, allant jusqu’aux insultes et aux coups. Une violence que ses parents n’ont bien sûr pas acceptée mais devant laquelle ils se sont retrouvés impuissants. “Il ne s’est rien passé sur tout ce qu’on a essayé de faire. On a eu l’impression de ne pas être enten- dus et qu’il n’y avait pas de solu- tions contre le harcèlement” , sou-

sa règle. “J’avoue que je n’ai pas toujours été gentille avec elle, mais on ne se rend pas compte sur le moment” , s’amende aujourd’hui Julie. Ses parents, comme elle, en reti- rent l’envie d’alerter l’opinion car “il peut y avoir des dérives à aller trop jeune sur les réseaux sociaux, même avec un encadre- ment parental.” Leur ressenti est qu’on intervient aussi trop tard : “Il faut mettre en place une vraie politique de sensibi- lisation, qui ne se borne pas à un message de prévention des gendarmes en début d’année.” n S.G. *Prénom d’emprunt

la maman. Du haut de ses 10 ans, Julie juge, elle, que ces harceleuses “devraient aller en prison.” Parmi “les élèves populaires”, elle ne pensait pas que cela pou- vait lui arriver et dit avoir hésité à en parler au début. “Je pensais que ça s’arrangerait tout seul et j’avais peur que ça s’aggrave si je le faisais savoir.” Mais elle encourage aujourd’hui tous les élèves harcelés à briser le silence. D’autant que les exclu- sions sont courantes d’après elle. Une autre fille avait déjà été harcelée l’an dernier dans cette école, jusqu’à tenter un geste désespéré en classe avec

horaires de travail.” Après une lettre d’appel au secours écrite à sa maman, le couple a aussi décidé d’emmener Julie chez une pédopsychiatre pour une dizaine de séances. Une situation d’autant plus dif- ficile à vivre que ces parents n’ont pas toujours trouvé le sou- tien espéré, comme lors du dépôt de plainte en gendarmerie. “On nous a laissés entendre que nous étions responsables, puisqu’on l’avait autorisée à aller sur les réseaux sociaux.” Depuis la mi-mars, leur fille a changé d’école. “On sait que ce n’est pas la solution, mais cela ne pouvait plus durer” , précise

ce qu’il a pu. “Il séparait les meneuses dans la cour, a averti les autres parents, fait intervenir la psychologue scolaire et réalisé des médiations” , reconnaît-il,

ligne la maman. Tout a com- mencé, un jour, avec les com- mentaires postés sur une vidéo que Julie avait mis en ligne sur son réseau “Tik Tok” (ex-“Musi- cal.Ly”), le plus téléchargé du moment. Les moins de 13 ans y sont nombreux à mettre en ligne des clips. “Elle a reçu un flot d’insultes : “t’es moche, t’es conne, tu pues…” Nous l’avions autorisé à ouvrir son compte et nous avions un code. Elle fonc- tionnait en groupe privé avec juste ses amies proches” , explique son papa, qui s’est rendu dès le lendemain à l’école pour éclaircir les choses. Le maître de Julie a bien tenté

“mais dès que ça se calmait d’un côté, ça reprenait d’un autre.” Le cadre de vie familial s’en est retrouvé impacté. “Nous avons dû la retirer de la cantine et du périscolaire et réorganiser nos

“On nous a laissés entendre qu’on était responsable.”

Cambriolages, incivilités… : des habitants veillent au grain POUILLEY-FRANÇAIS Prévention de proximité

U ne voiture qui passe plusieurs fois dans le village, fait des allers-retours, roule à 30 km/h et qui présente une plaque d’im-

La commune de Pouilley-Français a adopté le dispositif “Participation citoyenne”. Six habitants se sont portés volon- taires pour signaler tout événement suspect à la gendarmerie.

ou de délits flagrants, mais devront simplement signaler aux autorités compétentes tout fait anormal (dégra- dations, incivilités, démarcheurs trop insistants…). De la même façon, la gendarmerie pourra leur signaler la détection d’un phénomène de délin- quance sur le secteur qui les concerne. “Nous sommes sur de la coproduction de sécurité” , a expliqué le général Éric Langlois, commandant le groupement de gendarmerie du Doubs, au moment de la signature de la convention à la mi-mars avec le maire, Yves Maurice et le préfet, Joël Mathurin. Le dispositif, adopté pour une période de deux ans, prévoit des réunions une fois par trimestre et la possible mise en place d’une signalétique dissuasive.

matriculation un peu curieuse : Gérard en a déjà vu. “C’est typiquement des gens qui font du repérage pour les cam- briolages.” Plusieurs de ses voisins en ont malheureusement fait les frais récemment avec six cambriolages enre- gistrés en deux jours. “Mais c’est assez exceptionnel” , concède-t-il. “On avait déjà eu quelques soucis en 2016, mais rien du tout l’an dernier.” Cet habitant de Pouilley-Français, qui habite ici depuis 40 ans, dit ne pas se sentir plus en insécurité que par le passé, mais avoue ne plus laisser son garage ouvert ou ses affaires traîner comme avant. Parce qu’il a toujours participé à la vie de la commune, il n’a pas hésité à s’associer à cette démarche de voisinage vigilant. Tout comme Denis. “Ce dispositif nous donne des clefs pour savoir quoi faire des infor- mations dont on a vent ou que l’on voit. Nous aurons dorénavant un gendarme référent vers qui nous tourner, sans avoir à passer par le standard. Ce qui permettra aussi sans doute un traite- ment plus rapide.” Instaurée pour la première fois en 2006, la démarche “Participation citoyenne” encourage la population à adopter une attitude de vigilance. Sans tomber dans la surveillance. Encadrée par la gendarmerie, elle ne se substitue pas à l’action des forces de l’ordre. Les six habitants désignés n’auront pas ainsi à traiter de querelles de voisinage

Un rapport annuel devra aussi être fourni par le maire, qui y voit une façon “de renforcer la tranquillité publique et de générer des soli- darités de voisinage.” “Cela vient compléter d’autres actions de pré- vention (opérations tranquillité vacances et tranquillité seniors, vidéo-protection, sen- sibilisation à l’école… )” rappelle-t-il par ail- leurs. n S.G.

Un interlocuteur dédié à la gendarmerie.

39 conventions, incluant celle de Pouilley-Français, ont déjà été signées dans le Doubs et quatre autres sont en cours.

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