La Presse Bisontine 206 - Février 2019

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n°206 - Février 2019

BESANÇON

Le directeur marketing et communication “Maty est une entreprise en transformation”

Un des principaux employeurs privés, emblématique entreprise de Besançon, a traversé avec difficulté les dernières semaines agitées. Mais Maty poursuit sa feuille de route et sa mutation. Le point avec Éric Cridlig, directeur marketing et communication de Maty.

L a Presse Bisontine : Comment s’est passée pour Maty la pério- de stratégique des fêtes dans l’ambiance particulière de la crise des gilets jaunes ? Éric Cridlig : Il est clair que l’am- biance n’était pas à la consom- mation. Maty réalise environ un quart de son chiffre d’affaires sur la fin de l’année et évidem- ment, comme tout lemonde, nous ne nous étions pas préparés à un tel événement. Au final, on ne régresse pas, on ne s’en sort pas si mal, mais l’objectif était bien de connaître une croissan- ce forte en cette fin d’année, ce qui n’a donc pas été le cas. L.P.B. : Les consommateurs ont pu se reporter sur Internet ? É.C. : La progression a été faible sur le web en ce qui nous concer- ne. Je pense qu’honnêtement les gens n’avaient pas vraiment la tête à consommer et c’est peut- être d’autant plus vrai pour le genre de produits que l’on com- mercialise. L.P.B. : Maty a été en première ligne dans ce mouvement social ? É.C. : La plupart de nos boutiques

ont été fermées tous les same- dis de décembre et quand elles ne l’étaient pas, elles ouvraient quelques heures seulement. L’ob- jectif principal pour nous était d’abord de préserver notre per- sonnel de tout danger et le chiffre d’affaires n’était pas la princi- pale préoccupation sur le moment. Notre boutique pari- sienne de l’Opéra a été attaquée et vandalisée. L.P.B. : La possibilité d’ouvrir les dimanches de janvier, proposée par le préfet du Doubs est une bonne cho- se ? É.C. : C’est une mesure qui en soi est bonne mais elle a également un coût et on s’est posé la ques-

L.P.B. : Dans cette ambiance, et après avoir traversé quelques difficultés il y a trois ans, la société Maty est-elle toujours aussi solide ? É.C. : Il n’y a eu aucun licencie- ment chez Maty et il n’y a aucun plan de sauvegarde de l’emploi en vue. Il y a régulièrement des départs en retraite, pas toujours remplacés, mais aucun licen- ciement. Maty emploie 460 per- sonnes, et il y a régulièrement des embauches, notamment au marketing où ce service emploie désormais 43 personnes. La van- ne de l’embauche n’a pas été fer- mée chez Maty. L.P.B. : Vous évoquiez votre feuille de route. Quelle est-elle ? É.C. : Maty reste le leader fran- çais de la vente à distance en bijouterie et horlogerie. Ce cir- cuit de distribution qui est dans l’A.D.N. deMaty depuis le départ en 1951, concerne on le sait une population vieillissante, mais il pèse encore 20 % dans le chiffre d’affaires de la marque. Notre premier objectif est donc de préserver ce marché, en choyant cette clientèle et en la suivant de près. Les ventes sur

Éric Cridlig, directeur marketing et commu-

nication de Maty.

Internet, c’est aujourd’hui pour Maty 30 % de l’activité. Nous sommes le deuxième faiseur français sur Internet en bijou- terie-horlogerie après Ventes privées. Cette part ne cesse d’augmenter et c’est notre deuxième objectif. Le troisième volet de notre feuille de route, c’est notre réseau de magasins. L.P.B. : Où en êtes-vous ? É.C. : Sur le plan national, nous avons un réseau de 33 bijoute- ries et ce réseau va s’étoffer de deux nouvelles ouvertures cet- te année, dont la toute prochaine avant février à la Toison d’Or à Dijon. L’autre ouverture devrait être dans le sud de la France. À fin 2019, nous aurons donc 35 bijouteries Maty en France, et deux autres sont en projet avec un autre partenai- re. Parallèlement à ces ouver- tures, nous venons de lancer un nouveau concept sur le web. L.P.B. : Lequel ? É.C. : Celui de Market place. Le site maty.com est devenu un Market place où on accueille d’autres vendeurs et créateurs de bijoux qui profitent de la notoriété et de la visibilité du site Maty pour promouvoir et vendre leurs propres bijoux. Ce nouveau concept lancé le 13 novembre vient élargir nos

gammes et donner de la visibi- lité à ces créateurs et vendeurs, c’est un double intérêt et le démarrage est très prometteur. C’est un outil important pour assurer à Maty un nouveau levier de croissance. Ce Market place pourrait très bien être également appliqué à d’autres marchés, allemands ou autres. On y réfléchit. L.P.B. : Maty n’a donc pas adopté une stratégie 100 % digitale ? É.C. : Non. L’objectif est certes que peu à peu les 20 % de ven- te à distance restante se trans- fère sur le web mais nous sou- haitons néanmoins la préserver. Quant aux boutiques, elles sont désormais équipées d’écrans tactiles où sont présentes toutes nos gammes. C’est une conver- gence de tous ces canaux qui feront le succès futur de Maty. Tout doit fonctionner ensemble et en complémentarité. Maty continue sans cesse à évoluer, la société est en perpétuelle transformation. L.P.B. : Acheter un bijou, parfois de grande valeur, sur Internet, n’est-il pas risqué ? É.C. : La notoriété de Maty s’est justement faite sur la vente à distance. Par conséquent, la cré- dibilité et la confiance sont bien ancrées chez nos clients. Avec le catalogue sur Internet, il y a désormais des outils de gros- sissement, des vues à 360°, donc des modes de présentation très pointus et attractifs qui ne constituent plus un obstacle à la vente de bijoux. L.P.B. : Quelle est la tendance enmatiè- re de bijoux, et les nouveaux produits ? É.C. : Nous lançons cette année

(le nouveau catalogue sera dis- ponible fin janvier) de nouvelles gammes de bijoux fantaisie, entre 9 et 30 euros. Par ailleurs, nous venons de lancer un nou- veau produit très innovant : le diamant de synthèse. C’est un diamant créé en laboratoire à partir d’atomes de carbone et d’un germe de diamant natu- rel qui permet de reconstituer un diamant, mais qui sera 15 à 30 % moins cher qu’un dia- mant provenant d’une mine. On est dans la même logique que les perles fines et les perles de culture. Les produits d’appel de ces nouveaux diamants, ce sont des bijoux à partir de 300 euros. Troisième innovation qui arri- vera d’ici la fin de l’année : la personnalisation des bijoux à l’aide de configurateurs comme on peut les trouver pour les voi- tures. Maty a donc beaucoup de projets. Il faut préserver les acquis tout en continuant ce processus de transformation. L.P.B. : Le bijou pour hommes est un produit en hausse ? É.C. : Il y a en effet un foisonne- ment du bijou pour hommes en ce moment, notamment les bra- celets. La chevalière revient éga- lement en force. Une anecdote : la mort de Johnny a entraîné un vrai regain d’intérêt pour certains bijoux homme éton- nants comme la bague-lion ! L.P.B. : Les soldes sont en cours. Com- ment se passent-ils ? É.C. : Les soldes ont très bien commencé pour nous. Il faut que cette tendance se confirme, les soldes durent jusqu’au 19 février. n Propos recueillis par J.-F.H.

tion de savoir si ça valait vraiment le coup de faire venir travailler du per- sonnel le dimanche en plus. Ce phéno- mène des gilets jaunes qui a pris de l’ampleur dans notre dispositif ne remet pas pour autant en cause notre feuille de route.

“Revenir à ce qui se faisait avant.”

Maty, c’est aussi des ateliers dédiés à la création de bijoux spéciaux (photo Maty).

Deux nouvelles têtes É ric Cridlig est arrivé il y a peu chez Maty. Il a été appelé en septembre 2017 par Patrick Cordier, le président de la hol- ding-mère de Maty, pour prendre les rênes du marketing et de la communication. Ce Mosellan ancien cadre chez Bergère de France, autre spécialiste de la vente à distance, est arrivé même temps que le nouveau directeur général Olivier Bavais, qui lui, venait de chez Spartoo. Ce nouveau couple exécutif a été char- gé par le groupe Gemafi propriétaire de Maty (100 millions d’eu- ros de chiffre d’affaires) de poursuivre le virage stratégique de l’enseigne de bijouterie. n

Maty s’était équipé en 2015 d’un tout nouveau système logistique robotisé

pour s’adapter aux exigences

de l’expédition liée à la vente en ligne (photo Maty).

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