La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

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équivalents temps plein sont passés de 7,32 à 6,86. Comment faire ? “On ne peut plus inno- ver. On laissait du temps aux profes- seurs pour réfléchir à l’accompagne- ment musical. Là, nous sommes à flux tendu et nous réalisons des économies de bouts de chandelle. Plus personne ne s’occupe de la communication et des réseaux sociaux. Quel sera l’impact la rentrée prochaine sur les inscriptions ? Je l’ignore” évoque le directeur du C.A.E.M., inquiet mais toujours moti- vé. Comme d’autres, il a mal vécu les dis- cours politiques, notamment de la ministre Muriel Pénicaud, sur l’in- utilité de ces emplois qui “amènent entre 40 et 70 % des cas au chômage à la fin du dispositif” disait-elle. “Ils ont laissé croire que les associations usent et abusent de ces contrats, qu’elles ne formaient pas les personnes ! Or, ce sont les collectivités qui en ont le plus consommé. De notre côté, nous avons pérennisé des emplois !” tient à pré- ciser le directeur. Dans un quartier en difficulté où l’on parle de contrat urbain de cohésion, il y a de quoi s’in- terroger sur l’impact de la mesure. C’est tout le paradoxe : cette mesure plombe l’association qui rayonne sur le quartier et la Ville. Pas de quoi entamer la passion de l’équipe qui joue le 3 novembre à Byans- sur-Doubs (Foyer du cinéma à 19 h 30) un concert jazz puis le 16 novembre une session Jam (bœuf) au Pixel. n M.J.C. Palente “Des actions que l’on ne pourra plus faire” L’ inauguration de la nouvelle M.J.C. de Palente a lieu samedi 10 novembre, au Pôle des Tilleuls. Un ensemble moderne s’ouvre aux Bisontins avec une qualité d’accueil exceptionnelle pour celui qui veut lire, apprendre, jouer, découvrir… Quand viendra l’heure de couper le ruban (11 h 30), Jean- Louis Fousseret en tête et les autres élus vont se féli- citer (à juste titre) de cet équipement. Verront-ils l’en- vers du décor ? À savoir une association qui accueille toujours plus d’adhérents (3 150) mais qui reçoit moins d’aides pour fonctionner au quotidien. La M.J.C. (association qui n’est pas une maison de quartier) dispose de 25,5 équivalents temps plein, elle n’a pu reconduire un contrat aidé. Il était chargé notamment de la média- tion du jardin partagé. “Cela risque de se faire sentir dans les mois à venir avec des actions que nous ne pourrons plus faire” convient la directrice Brigitte Cre- pey qui avait notamment écrit au préfet pour lui faire part de sa crainte quant à la fin du dispositif. Entre-temps, la M.J.C. a réfléchi : “Il faut développer le mécénat et centraliser nos achats avec d’autres. Cela demande d’être réactif.” Elle a aussi augmenté le tarif de certaines activités. 105 bénévoles assurent de leur côté l’équivalent de 6 équivalents temps plein. n

l Insertion Obligé de repenser le recrutement “J’ai pu embaucher des personnes que je n’aurais pas prises naturellement”

En rupture sociale, trop vieux, pas diplômés, 6 contrats aidés ont trouvé avec l’association Patrimoine Insertion à Besançon le goût du travail ou une première expérience. Quelle suite pour eux ?

associations les plus impactées par la fin du dispositif C.A.E. avec pas moins de 6 contrats aidés perdus. Que vont devenir Emmanuel (58 ans), encadrant technique ou enco- re Frédérique qui à 50 ans ne trou- vait aucune entreprise qui voulait lui faire confiance dans le domai- ne de la comptabilité ? “L’objectif n’est évidemment pas de les mettre dehors mais bien de pérenniser les postes, ce que nous venons de faire” , répond le directeur. Un contrat n’a pas été reconduit, un autre est pas- sé en Parcours Emploi compétences (P.E.C.). Lucide, il sait que sans les aides, il sera “contraint de ne prendre que des personnes productives dès l’embauche ! Le C.A.E. m’a permis d’embaucher des personnes que je n’aurais pas prises naturellement. C’est vraiment dommage que cela s’arrête !” martèle-t-il. Reconnue, la structure a des plan- nings de chantiers remplis pour deux ans. Elle travaille pour les col- lectivités, plus occasionnellement pour les particuliers et vit à 50 % de subventions. L’arrêt du disposi- tif ne remet pas en cause l’équilibre financier mais impose une nouvel- le méthode de recrutement, sélec- tive cette fois.Au détriment des per- sonnes victimes “d’accidents” de parcours. n

son Master d’histoire” se souvient Rémy Sitz, le directeur de la struc- ture composée de 50 personnes en insertion. Il a commencé au bas de l’échelle, en insertion. Le jeune hom- me s’est reconverti, a obtenu un C.A.P. et l’association lui a proposé un contrat aidé qui se termine en avril. Il souhaite poursuivre : “J’ai- me ce que je fais. J’ai trouvé un com- promis car je travaille dans l’inser- tion, ce que j’ai toujours voulu, et je me forme à un métier” dit-il tout en guidant six autres personnes. Que deviendraVincent une fois son contrat terminé ? Réponse en avril. Il donne en tout cas satisfaction : “Si je n’avais pas pu lui proposer un contrat aidé, je n’aurais pu le prendre, avoue le directeur d’A.P.I. Cela laisse le confort de l’appren- tissage : c’est positif pour le salarié et l’employeur” poursuit la direc- tion de l’association. Parmi d’autres travailleurs, Robert, 60 ans, embauché en contrat aidé à 58 ans alors qu’il était au R.S.A. “Il était artisan et un parcours de vie a fait qu’il s’est retrouvé seul. Sa compétence, elle, était là. Grâce à l’aide du contrat aidé, je l’ai embau- ché car il n’était pas obligé d’être compétitif tout de suite. Le voilà encadrant, c’est une vraie réussite” se réjouit Rémy Sitz. A.P.I. 25 est à Besançon l’une des

U ne des équipes de “Patri- moine insertion 25” vient d’achever la restauration de l’aqueduc d’Arcier. Un résultat magnifique où les pierres à nouveau blanches font ressortir ce monument patrimonial. L’asso- ciation lance un autre chantier de

remise en état du parvis de l’église de Fontain. Vincent (28 ans) dirige six autres personnes comme encadrant tech- nique. Titulaire d’unMaster en his- toire, il est arrivé à l’association Patrimoine 25 (A.P.I.) sans aucun bagage, “si ce n’est de la théorie avec

Rémy Sitz, directeur A.P.I. 25 (à droite) a permis, grâce au C.A.E., à Vincent (28 ans), titulaire d’un Master, de devenir encadrant technique. Ici, réunion de chantier à Fontain.

l Culture L’association musicale s’adapte “Une annonce brutale qui ne permet plus d’innover”

Effectifs Contrat d’accompagnement à l’emploi Ils étaient prof de musique, animateur… Voici la liste (par ordre d’ampleur) des contrats aidés pour les associations de Besançon entre 2017 et 2018. Certains ont été reconduits, la plupart non.

Contrats

Le Carrefour d’animation et d’expression musicales (C.A.E.M.) à Planoise a dû stopper le poste de communication pour se concentrer sur ses activités musicales. Inquiétudes.

Profession Sport et loisirs 25 :

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Carrefour d’Animation et d’Expression Musicale :

Association Patrimoine Insertion 25 :

Radio Shalom :

ç a bourdonne au C.A.E.M. situé avenue Ile-de-France à Pla- noise. Dans l’une des salles de répétition, une vingtaine de jeunes répètent et chantent avec leur professeur. La mélodie résonne à travers les murs pendant que d’autres profs de chant ou de guitare prépa- rent le jour d’après dans une salle attenante. En progression de 15 % du nombre de ses adhérents (350), l’as- sociation se sent comme fauchée en plein vol “par l’arrêt brutal des contrats aidés” dit son directeur Jean-Baptis- te Chané, lui-même ancien contrat

M.J.C. Orchamps-Palente :

aidé dont le poste a été pérennisé. La structure possédait 10 personnes en contrats aidés (5 l’an dernier), 3 femmes, 7 hommes. Elle n’a pu pour- suivre le poste d’assistant de com- munication pour raisons financières mais a tout de même embauché (en C.D.I.) deux professeurs de chant et de guitare (ex-contrats aidés). Au titre des contrats aidés, 42 800 euros étaient versés il y a deux ans à l’association. C’est descendu à 18 330 euros l’an der- nier avec tout de même la poursuite pour deux salariés du dispositif par- cours emploi compétences (P.E.C.). Les

Comité de Quartier Rosemont Saint-Ferjeux :

Régie des quartiers : Centre Pierre Croppet :

A.S.P.T.T. :

Sporting Club Clemenceau :

M.J.C. Clairs Soleils :

Croqu’Livre : Fabrik@web :

La Roue de Secours :

Mission Locale du Grand Besançon :

Association de la Brasserie Alternative de Planoise (A.B.A.P.E.) :

B.G.E. Franche-Comté :

Intermed :

Les amis d’Agir ensemble contre le chômage :

Julienne Javel :

E.S.B.-M. (devenu G.B.D.H.) :

Francas du Doubs :

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Vesontio Sport Vacances : A.S.C. Planoise Saint-Ferjeux :

Besançon Ring Athlétic :

P.S.B. Football : Radio Campus :

Réseau citoyenneté développement (Récidev) :

Compagnie Les 3 sœurs (théâtre) :

Association d’aide aux victimes d’infraction (A.A.V.I.) : 1 2 A.D. (Association d’aide aux détenus) :

Une partie de l’équipe du C.A.E.M. Tous ont été (ou sont encore) contrats aidés. L’association a pérennisé leurs postes.

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