La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

SOCIÉTÉ

Appauvrissement des seniors Les retraités, exaspérés, donnent de la voix Début octobre devant la préfecture de Besançon, ils manifestaient leur colère et leur droit à être considérés comme n’importe quel autre citoyen. Tout en dénonçant la précarité des plus basses retraites.

“Non, les retraités ne sont pas des

nantis !”, a rappelé

Jean Gullaud de la C.F.D.T. Retraités du Doubs (au centre).

D ifficile de passer à côté des revendications des retraités.Voilà plusieurs fois qu’ils descendent dans la rue pour défendre leur niveau de vie. “Ce qui nous cha-

grine, c’est l’accumulation. On a l’impression d’être visés” , résu- me Jean Gullaud, secrétaire général de l’Union territoriale des retraités C.F.D.T. du Doubs. “La politique de ce gouverne-

ment est clairement de privilé- gier le revenu des actifs, pensant qu’il y aura un ruissellement derrière, mais nous avons aus- si travaillé et cotisé.” Après la hausse de la C.S.G. et la non-revalorisation des retraites en 2018, l’annonce du relèvement symbolique des pen- sions de 0,3 % en 2019 et 2020 (qui ne suit pas l’inflation et les 1,8 % attendus) agit comme une provocation supplémentaire. “À l’aube d’une réforme d’ampleur des régimes de retraite, cette mesure est d’autant plus inquié- tante” , d’après le syndicat, qu’el- le cristallise un appauvrisse- ment croissant des retraités. Ce jour-là dans les rangs des manifestants, Jeannine s’avoue ainsi heureuse d’être en couple. “Je touche 760 euros par mois avec la complémentaire inclu- se, je ne vois pas comment je m’en sortirais seule.” Cinq enfants et la reprise d’une acti- vité à temps partiel, après une longue période d’inactivité, l’ont

mené à cette pension modeste. Des revenus déjà limités, qui se sont encore vus amputés par cette fameuse hausse de la C.S.G. “Avec monmari, nous avons per- du 780 euros à l’année.” Un ges- te vient toutefois d’être consen- ti par le gouvernement sur ce point : 300 000 retraités, proches du seuil de référence

marié avec mon compagnon, après 38 ans de concubinage, au cas où l’un de nous décède pour y avoir droit” , s’inquiète Marie. Les femmes, dont les salaires demeurent inférieurs aux hommes à poste égal, sont plus représentées dans les petites retraites et certaines se posent la question de l’avenir, comme cette Bisontine, “par rapport au prix des maisons de retraite.” Mais c’est plus largement la per- te sèche du pouvoir d’achat qui préoccupe. Alain Springaux, ancien militant Lip, côtoie ain- si dans son quartier de Palen- te des retraités dans le besoin. “Ils n’achètent plus qu’une demi- baguette à 35 centimes d’euro et les produits en réclame à Lidl.” Lui aussi vit avec une faible retraite de 845 euros, “mais j’ai la chance d’être handicapé, c’est

malheureux à dire !” Membre de l’association Consommation, logement et cadre de vie (C.L.C.V.), il voit également de plus en plus de retraités solliciter un logement social. Les loyers grevant leur budget comme pour Christian Digeard, 78 ans dont 43 passés dans l’usine Bost à Laissey. “La moitié de ma pension y passe. J’ai dû rogner sur les sorties. La cul- ture, c’est fini.” La C.F.D.T. Retraités, comme d’autres syndicats, s’insurge contre ces situations, et reven- dique l’obtention d’unminimum de pension égale au S.M.I.C. net (pour une carrière complète) et une indexation des retraites sur les salaires et non sur l’infla- tion. n

(22 000 euros par an pour un couple), devraient en effet échapper à l’augmentation de la C.S.G. (+ 1,7 %). Restent d’autres interrogations comme sur l’éven- tuelle suppression des pensions de reconversion. “On s’est justement

Alain Springaux (à gauche) et Christian Digeard s’inquiètent des efforts demandés aux retraités.

“Ils n’achètent plus qu’une demi- baguette à 35 centimes.”

S.G.

EN BREF

CIRCULATION Couacs Voie des Mercureaux : ils n’ont jamais vu le bout du tunnel !

Jackpot Le jackpot de 44 539,29 euros a été remporté le 14 octobre au Casino Joa de Besançon par une cliente régulière des casinos Joa et originaire de Bourgogne-Franche-Comté. Elle avait misé tout juste 20 euros. Police municipale Le conseiller municipal et sénateur du Doubs Jacques Grosperrin (L.R.) estime que “les Bisontins doivent savoir que les policiers municipaux ne peuvent plus les protéger.” Son message fait suite aux événements du samedi 6 octobre : des policiers municipaux ont été confrontés à des coups de feu à Planoise. “J’apprends la réaction du Maire que la consigne pour eux est de ne pas s’engager inutilement en cas de situation à risque en présence d’un individu dangereux armé” , et qu’ils doivent “se retirer de la zone de danger… S’il voulait faire croître le sentiment d’insécurité dans notre ville, il ne s’y prendrait pas autrement” dit Jacques Grosperrin. Le débat sur l’armement continue. Forêt Les collectifs S.O.S. forêt de Franche-Comté et de Bourgogne tirent la sonnette d’alarme face au réchauffement climatique et la sécheresse qui sévit. Ils demandent aux forestiers de revoir à la baisse les récoltes de bois supplémentaires programmées dans le Contrat Régional Forêt Bois 2018-2028.

U ne poussière suffit à enrayer la mécanique de la voie des Mer- cureaux. Ouverte en 2011, cet- te route nationale composée de deux tunnels reliant le Plateau de Saô- ne à Micropolis montre chaque jour un peu plus ses limites. Si les bouchons matinaux sont réguliers dans le sens descendant, ce qui n’est pas nouveau, la fermeture temporaire de la voie dans son ensemble est, elle, exceptionnelle. Mais l’exceptionnel s’est transformé en régulier à 5 reprises entre le lun- di 24 et le samedi 29 septembre der- nier où les services de la D.I.R.-Est ont été contraints d’interdire l’accès aux véhicules arrivant depuis Pontarlier. “Mardi 25 au matin, un poids lourd en panne a causé un bouchon qui est remon- té au niveau des tunnels. Depuis la tra- gédie du tunnel duMont-Blanc en 1999, tout arrêt de la circulation est interdit. Nous avons donc fermé de manière tem- poraire la voie” indique la D.I.R.-Est. Les voitures et poids lourds devant les d’incidents. Grogne et expli- cations sur un phénomène appelé à se reproduire. À cinq reprises en moins d’une semaine, la voie des Mercureaux a été fermée temporairement entre 30 minutes et 1 heure en raison de bouchons ou

Les barrières peuvent se fermer à tout moment dès qu’un bouchon se forme dans des deux tunnels.

barrières fermées ont été déviés par Larnod pour rejoindre la R.N. 83, déjà saturée. D’autres ont choisi la côte de

ne régulait plus rien. Le mercredi 26, c’est le dépannage d’un poids lourd qui a nécessité une nouvelle coupure tem- poraire. Puis, une alerte d’un capteur de pollution dans l’un des tunnels s’est déclenchée sans raison apparente. Le temps que les vérifications soient éta- blies, les barrières ont été une nou- velles fois fermées. “Ces coupures durent entre 30 minutes et 1 heure, le temps que le trafic se fluidifie. On comprend l’agacement des automobilistes mais nous ne pouvons pas prendre de risques avec la sécurité” poursuit un respon- sable. Le salut de cette voie viendra avec la

mise à 2 X 2 voies du tronçon Beure et Micropolis. Il s’agit là de 3 kilomètres pour en terminer avec l’entonnoir de Micropolis. Lancement des travaux en 2021 pour un coût estimé entre 80 et 120 millions d’euros selon les variantes à affiner. Le salut des Mercureaux est prévu pour 2025… ce qui augure enco- re quelques heures à patienter dans les bouchons. Mardi 23 octobre, les barrières dans le sens montant et descendant étaient encore fermées… pour cette fois per- mettre aux engins de chantier de mener des travaux en toute sécurité. n E.Ch.

Morre. Résultat : un trafic bisontin conges- tionné. Le lendemain, bis repetita . Cette fois, c’est le feu - tagué - de Beure qui est à l’ori- gine du problème. Les automobilistes venant de Pontarlier devant la priorité à ces der- niers, un long serpen- tin de véhicules s’est formé puisque le feu

“On comprend l’agacement mais on ne prend pas de risque.”

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