La Presse Bisontine 198 - Mai 2018

LE GRAND BESANÇON 30

La Presse Bisontine n° 198 - Mai 2018

La maison Cottin fait peau neuve ÉMAGNY La quatrième génération Rouverte après trois semaines de travaux, la boutique de la maison Cottin s’est modernisée et ne désemplit pas. L’histoire de cette saga familiale continue.

U ne verrière noire en faça- de, des vitrines aérées et une niche à viande accueillent désormais les clients, qui se succèdent sans discontinuer par une fin de semaine d’avril dans le centre d’Émagny. Les nouveautés ne sont pas pour déplaire à en croi- re les réactions : “C’est très joli” , “on se croirait dans un grand hôtel !” Loin de l’image vieillot- te de l’enseigne boucherie-trai-

teur, les maîtres des lieux ont décidé de rompre avec les codes traditionnels et ont eu envie de changement. Inspirés par la récente rénovation de la bou- langerie voisine, restée vacan- te pendant plus d’un an. “Le pro- jet a peu à peu mûri dans nos têtes” , remarque Laurence Joliot, gérante associée avec son frère Jean-Charles Cottin, et son époux Pascal (ancien maître d’hôtel chez Paul Bocuse pen-

dant 15 ans). Deux coups de jeune qui parti- cipent aujourd’hui à redynami- ser le centre de ce village limi-

Émagny n’en est pas moins ancienne. “Nous avons ouvert ici à Émagny le 1 er juillet 1999” , se souvient Laurence Joliot, “après la retraite de nos parents qui tenaient leur magasin dans le village voisin à Pin.” À l’époque déjà, il avait fallu penser la confi- guration de A à Z et aménager une boutique et un laboratoire dans ce qui était une maison familiale. L’anecdote veut d’ailleurs qu’ils aient retrouvé les mêmes agenceur et maître d’œuvre pour orchestrer, 18 ans plus tard, cette rénovation. “Nous avions dû faire quelques aménagements au fil des ans : agrandir les chambres froides, créer un laboratoire pâtisserie, intégrer un pâtissier.” Car leur service traiteur a pris de l’am- pleur. Mis en place dans les années quatre-vingt par leurs parents pour faire face à la concurrence des grandes sur- faces, il occupe aujourd’hui 50 % de leur activité. L’équipe atteint désormais les 9 salariés, avec des extras en plus pour les récep- tions extérieures. “Nous tra- vaillons tous les un ou deux jours sur Besançon” , note Jean-Charles Cottin.Avec bien d’autres dépla- cements sur l’ensemble de la Franche-Comté. Très investi, ce maître artisan, formé à l’école nationale de la charcuterie (C.E.P.R.O.C.), tient

trophe du Grand Besançon, avec l’arrivée d’autres commerces (res- taurant, chambres d’hôtes…). L’his- toire de la mai- son Cottin à

50 % d’activité traiteur.

Jean- Charles Cottin (à gauche),

Le nouvel agencement intègre une niche à viande. “On est fiers de nos produits et on veut le montrer.”

Laurence et Pascal Joliot sont la qua- trième génération d’artisans

à la fabrication artisanale et attache beaucoup d’importance à la filière courte. “Notre gam- me de viandes est sélectionnée parmi les meilleurs éleveurs de la région.” Il consacre également de son temps à la formation, en tant que jury au C.F.A. de Besan- çon. L’entreprise familiale emploie en outre un apprenti.

“Ils sont la relève de demain.” Une relève qui pourra donc s’ap- puyer sur un outil moderne, qui séduit y compris ses plus anciens collaborateurs, comme Philip- pe, 40 ans de boutique, entré lui-même en tant qu’apprenti dans la Maison Cottin et plus jamais parti. n S.G.

bouchers traiteurs.

Oswald Andréa : une oreille de haut vol ÉCOLE-VALENTIN Derrière des musiques de film Il continue de mettre sa vie en musique. Après un premier opus autobiographique sorti en 2002, le compositeur et chef d’orchestre de talent publie un nouvel ouvrage “L’oreille et rien d’autre”. Un récit qui sonne bien !

Son livre est écrit comme une partition, d’accords en refrains, avec une histoire fictive dans l’histoire. “Je me suis amusé à y placer un tricotage policier au milieu”, dit Oswald Andréa.

I l aurait dû être pharmacien, il écri- ra finalement des partitions. Un parcours somme toute tracé, quand on sait qu’il a d’abord appris à jouer du piano avant de savoir lire. Et le contraire eut été dommageable, tant sonœuvre - bien que souvent confi- dentielle - marquera ensuite de grandes réalisations artistiques. L’homme a collaboré, entre autres, avec Georges Brassens, Joe Dassin, Pia Colombo, Moustaki et Boby Lapointe avec lequel il a enregistré la chanson “Ta Katie t’a quitté”. Il a également marqué la scè- ne théâtrale aux côtés de Jérôme Sava- ry ainsi que le septième art avec Ber- trand Tavernier. Sa première musique composée pour le grand écran, pour “La vie et rien d’autre”, lui vaudra d’ailleurs un César. Oswald Andréa fait partie de ses pas- sionnés inspirés et inspirants, pour qui la musique passe avant tout. Ce jour de la présentation de son nouveau livre, “L’oreille et rien d’autre”, à la librairie L’Intranquille, il égrène le récit de sa vie. Non sans humour. “Né à Tunis de père italien et de mère fran- çaise, cela charge déjà le parcours !”

De ses origines à son parcours, il se livre en toute modestie. “Mon père était tailleur. C’était un autodidacte de la musique avec beaucoup de talent. Il rentrait de l’opéra et rejouait l’air sur une feuille. Ma mère, elle, chantait la berceuse de Jocelyn” , se souvient-il. Oswald Andréa est né en 1934, il sera prix d’excellence de piano au conser- vatoire de Tunis à 20 ans. Une clef de sol sur le revers de sa ves-

te, comme chevillée au cœur, nous rappelle sa pas- sion. Passion dont il sera amené à faire une activi- té aumoment de ses études à Paris, pour subvenir à ses besoins. “J’étais un pia- niste classique à l’époque, je ne savais pas que la variété existait. Je me suis retrouvé invité dans divers cabarets comme Chez Agnès Capri où j’ai ren- contré Catherine Sauva- ge.” Un premier voyage à Istanbul, puis une autre tournée avec Guy Béart le conduiront à abandonner

Une clef de sol chevillée au cœur.

tance depuis ici.” Sa maison d’École- Valentin dispose également de ces bal- cons qui lui sont chers, et dont il fait une condition à chacun de ses dépla- cements. Réminiscences de son enfan- ce à Tunis, d’où il avait pris l’habitu- de de jouer. D’autres morceaux pourraient bien y naître,OswaldAndréa ne se disant pas prêt à raccrocher. n S.G.

la pharmacie pour la musique. Il accompagnera au piano pendant des années Catherine Sauvage, avec cet- te orchestration mémorable en 1971 de la chanson de Léo Ferré, “Avec le temps”. “Ferré m’avait appelé pour me la dicter. J’ai fait l’orchestration et j’ai dit que Catherine chanterait avec l’or- chestre. J’ai senti qu’il fallait l’enre- gistrer. À l’issue, les musiciens l’ont

applaudie. Il y a eu une seule prise ce soir-là.” Cette vie trépidante parisienne, il la quittera finalement dans les années quatre-vingt-dix pour venir s’instal- ler à Besançon. Sans souffrir du trop grand décalage d’après ce qu’il dit. “La Boucle est un coin charmant, j’y ai trou- vé une véritable famille et j’ai continué pendant un temps à travailler à dis-

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