La Presse Bisontine 195 - Février 2018

La Presse Bisontine n° 195 - Février 2018

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l Réaction

Le maire de Besançon

“Je dénonce ces méthodes de cow-boy” Jean-Louis Fousseret n’apprécie pas, mais pas du tout le comportement des dirigeants de la Caisse d’Épargne qui s’étaient engagés moralement à maintenir l’emploi à Besançon. Coup de colère.

d’être traités de “gougnafiers” par un François Rebsamen maire de Dijon irrité de n’avoir obtenu le siège du tri- bunal de commerce spécialisé. Tout a commencé avec le départ du siège de Réseau Ferré de France (R.F.F.) de la City vers Dijon. En 2011, Jean- Louis Fousseret (déjà), Marie-Guite Dufay (pour la Région) et Claude Jean- nerot (Département) avaient deman- dé à être reçus. R.F.F. avait décliné… et transféré ses activités à Dijon. Les mauvaises nouvelles se sont enchaî- nées au gré d’une fusion entre la Franche-Comté et la Bourgogne. La Banque de France et la Chambre régio- nale des comptes sont parties à Dijon. L’I.N.S.E.E., qui devait rester à Besan- çon (zone Lafayette), a été dépouillée au profit de Dijon de l’une de ses prin- cipales missions. Celle du service des études, qui occupe un tiers de son effec- tif de 68 personnes. Le siège de la Région à Besançon, square Castan, “sonne creux” dit un syndicaliste. En 2017, La Poste a fermé son Centre de tri postal avenue Clemenceau pour le transférer à Dijon où le courrier des Francs-comtois est désormais traité. Les mouvements de grève n’ont pas suffi. Près de 140 postiers étaient concernés par la fermeture. La chambre régionale des comptes s’est également établie en Bourgogne, le tribunal de travers les sociétés d’économie mixte dans lesquelles la Ville ou la C.A.G.B. sont impliquées : Aktya, la S.E.D.D., Micropolis, etc. Cette façon de faire n’est pas acceptable. Le fait d’inciter à économiser nos noisettes ici pour ensuite les mettre dans un coffre-fort à Dijon, ce n’est pas correct. Nous sau- rons prendre les mesures nécessaires pour faire comprendre notre désap- probation. Si cette banque va faire ses affaires ailleurs, on ira faire les nôtres avec d’autres partenaires. L.P.B. : On dit le directeur général de la Cais- se d’Épargne de Bourgogne-Franche-Comté proche du maire de Dijon. Y voyez-vous un nouveau coup bas de François Rebsamen ? J.-L.F. : Je ne sais pas. Même si ce n’est pas impossible, je n’ai pas envie d’en- visager cela. Il faudra bien un jour sortir de ce débat Besançon-Dijon. On ne peut pas être en permanence en train de se bagarrer. La Bourgogne est trop petite pour vouloir faire cava- lier seul. Notre intérêt à tous est de donner les moyens à notre territoire de peser face aux autres grandes régions qui nous entourent. L.P.B. : Vous avez tout de même un motif de soulagement avec le siège du C.R.O.U.S. dont la localisation du siège à Besançon est confir- mée ? J.-L.F. : J’ai toujours fait confiance au gouvernement actuel et je me félicite qu’on ait été entendus sur ce point, après avoir été soutenus par tout le monde ici : le Conseil régional, les par- lementaires de tous bords, mes élus du conseil municipal… On ne peut pas vouloir en permanence remettre en cause l’équilibre voulu par le gou- vernement auquel d’ailleurs on a appar- tenu. C’est pourquoi je reste très vigi- lant et que je continue à me battre pour que nos deux villes soient fortes. C’est la seule manière d’avoir une

L a Presse Bisontine : Comment réagissez- vous à l’annonce de ce départ ? Jean-Louis Fousseret : Je suis très sur- pris par la façon de faire très cava- lière de la Caisse d’Épargne de Bour- gogne-Franche-Comté. Ce sont les syndicats qui m’ont alerté par une lettre qu’ils m’ont adressée. La direc- tion n’a même pas pris la peine de me prévenir. Je dénonce ces méthodes de cow-boy. Déjà il y a quelques années, j’avais appris presque par hasard que

le siège de cette banque partait à Dijon. La compensation était que des emplois étaient créés à Témis. C’était une manière implicite de maintenir l’em- ploi à Besançon. Quand il y a un pac- te, même moral, on le respecte. L.P.B. : Après la colère, quelle sera votre posi- tion vis-à-vis des dirigeants de cette banque ? J.-L.F. : La Caisse d’Épargne de Bour- gogne-Franche-Comté est un de nos partenaires bancaires importants à

grande région forte.

défends auprès des conseillers du Pre- mier ministre et des parlementaires appartenant à la commission des lois. L.P.B. : Tous ces tracas ne sont-ils pas fina- lement liés au manque d’attractivité de Besan- çon. On le voit aussi avec l’immobilier où Besançon n’est pas en zone B1 concernant l’immobilier locatif, contrairement à toutes les grandes villes des régions voisines ? J.-L.F. : C’est aussi un travail que je mène actuellement : que Besançon soit éligible au zonage B1. Je main- tiens fermement le cap pour défendre les intérêts de Besançon partout où je dois le faire. n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Il y a encore des motifs d’inquiétudes pour Besançon avec la carte judiciaire qui va revoir le ressort des cours d’appel… J.-L.F. : Ici en

Jean-Louis Fousseret : “Nous saurons prendre les mesures nécessaires pour faire comprendre notre désap- probation.”

“La Bourgogne est trop petite pour vouloir faire cavalier seul.”

Franche-Comté, les quatre départements dépendent de la cour d’appel de Besançon. Nous sommes aussi en lien avec la Suis- se sur le plan judi- ciaire. Le maintien de cette situation me paraît tout à fait logique. C’est en tout cas la position que je

l Perte d’influence Ils sont déjà partis Aux bons souvenirs de R.F.F., l’I.N.S.E.E., le centre de tri postal…

Les départs de sièges sociaux d’administrations ou de services publics de Besançon vers Dijon se sont accélérés. Au total, plusieurs centaines d’emplois sont déjà parties.

R essasser le passé n’est jamais bon. Mais les plaies liées au départ de directions - voire de sièges de grands groupes - ne sont pas refermées à Besançon. Le maintien du C.R.O.U.S. (pourtant annoncé à Besançon avant une volte- face puis une confirmation) ou enco- L a fusion des deux régions a conduit les services de l’État à repenser la localisation des sièges et les méthodes de travail. Les directions ont ainsi été partagées dès le 1 er janvier 2016. Dijon possède 7 sièges avec : Préfecture de région, rectorat, Agence régionale de santé (A.R.S.), soit 490 fonctionnaires, Direction régionale des finances publiques (D.R.F.I.P.), soit 20 fonctionnaires, Direction régionale des affaires culturelles (D.R.A.C.), soit 165 personnes, Direction régionale de l’ali- mentation, de l’agriculture et de la forêt

re celui du siège d’Atm’O Franche- Comté maintenu à Besançon (12 sala- riés) font office de doses homéopa- thiques après plusieurs saignées consécutives. Une hémorragie d’em- plois au profit de Dijon que Besançon aimerait stopper. Les Bisontins, un brin rancuniers, n’ont pas apprécié

7 sièges à Dijon, 3 à Besançon

(D.R.A.A.F.), soit 219 salariés, Direc- tion régionale de la jeunesse et des sports (D.R.D.J.S.C.S.), soit 156 per- sonnes, Institut national des enquêtes économiques (I.N.S.E.E.) avec 181 fonctionnaires. Besançon possède 3 sièges avec : Rec- torat de région, Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (D.I.R.E.C.C.T.E.) avec 523 employés, Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (D.R.E.A.L.) avec 517 fonctionnaires. n

Le centre de tri de La Poste faisait travailler 140 employés sur Besançon.

lement émises pour l’avenir du site bisontin de l’A.R.S. (Agence régiona- le de santé) à la City. Les zones rurales ne sont pas les seules à vivre la progressive disparition des services. n

commerce spécialisé également, la Chambre de commerce et d’industrie régionale idem. Sans lien direct, la S.N.C.F. a fermé son bureau de vente Grande rue et E.D.F. sa boutique en centre-ville. Des craintes sont actuel-

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