La Presse Bisontine 195 - Février 2018

A g e n d a

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La Presse Bisontine n° 195 - Février 2018

THÉÂTRE

LOLA SÉMONIN ARRÊTE

Sémonin consacrera le plus clair de son temps. Elle qui a déjà sorti plu- sieurs romans à succès (Prix Louis Pergaud, Prix André Besson), va pou- voir s’adonner à sa passion de l’écri- ture. “J’ai commencé 8 romans diffé- rents, sans avoir encore le temps d’en terminer un. C’est désormais ma prio- rité. L’écriture, c’est la liberté” dit la future retraitée de la scène. Pour le reste ? Ce sera contemplation de la nature, marches, promenades en raquettes dans son petit coin de paradis du Haut-Doubs. Là où la Madeleine est née. n J.-F.H. Tournée d’adieux de la Madeleine Proust Les dates locales : l Pierrefontaine-les-Varans le vendredi 19 janvier et le samedi 20 janvier à 20 h 30 06 07 56 06 40 l Villers-le-Lac le samedi 17 mars à 20 heures (salle des fêtes) - 03 81 54 20 47 l Besançon le samedi 31 mars à 15h et 20h, et le dimanche 1 er avril à 15h30 (Théâtre Ledoux) 03 81 54 20 47 ou 03 81 81 86 06 l Pontarlier le mardi 29 mai à 20 heures (Espace Pourny) 03 81 54 20 47 ou 03 81 46 48 33 Et l’Olympia à Paris le dimanche 3 juin à 16 h 30 0892 68 33 68

La Madeleine Proust rend son tablier Tournée d’adieux pour la plus célèbre des paysannes du Haut-Doubs qui monte pour la dernière fois sur scène après 35 ans de vie. Après ces dernières dates, Lola Sémonin se consacrera à l’écriture.

Lola Sémonin

s’apprête à dire adieu à la scène et à ce public qui l’a

“L a Madeleine Proust, c’est une partie de moi, héritée de la femme archaïque, la femme ancienne, la mère, la femme mise au second rang par la société des hommes, mais aussi la fem- me forte, faiseuse de l’histoire, trem- plin de l’homme, femme courageuse, travailleuse, donnant la vie entre la traite et la soupe. En jouant la Made- leine Proust, j’ai redonné aux gens ce qu’ils m’avaient offert de leur mémoi- re, de leur vie” commente Lola Sémo- nin avec un brin d’émotion. Après 35 ans d’existence, le person- nage de la Madeleine Proust né de l’imagination de Lola Sémonin, fait ses adieux. Sa dernière tournée emmè- nera la paysanne du Haut-Doubs jus- qu’à L’Olympia à Paris où elle jouera pour la dernière fois le 3 juin, après une tournée en Bougogne-Franche- Comté qui démarre le 19 janvier à Pierrefontaine-les-Varans, au cœur de ce Haut-Doubs où le truculent per- sonnage a puisé ses racines. “J’ai 80 ans dans 14 ans, c’est aussi une bon- ne raison pour arrêter !” glisse Lola Sémonin. Mener de front les trois

métiers de productrice, comédienne et écrivain, c’est “beaucoup de tension dit-elle. J’arrive à un moment où il est nécessaire de lâcher la pression.” LaMadeleine a donc coché trente der- nières dates sur son agenda, avec, en guise d’apothéose à la longue carriè- re de la comédienne, une dernière à L’Olympia. “Peut-être referai-je quelques soirées privées si je suis demandée, mais la scène, c’est fini” insiste-t-elle à quelques jours de la première des représentations de sa tournée d’adieux où elle reprend le spectacle des 30 ans de scène. “Ce sera un nouveau spec- tacle pour ceux qui ne l’avaient pas vu” rit-elle pour cacher une légitime pointe de nostalgie à l’approche de ces dernières représentations. “Il est évi- dent qu’au moment du salut, l’émo- tion sera à son comble. Je garderai toujours les rires du public dans mes oreilles, mais surtout dans mon cœur.” Que de souvenirs vont remonter à la surface au moment de se retourner une dernière fois sur ce parcours aty- pique qui a vu l’ancienne institutri- ce délaisser son métier pour embras- ser celui de comédienne au début des

comblé de joie.

années quatre-vingt. “La nécessité de travailler ce personnage bouillonnait en moi. J’allais voir les paysans, ces conteurs et je leur demandais sans cesse de raconter leur histoire. “Nous ? On n’intéresse personne” me répon- daient-ils. “Mais moi, vous m’inté- ressez !” je leur disais. Dix jours avant la première représentation au théâtre de poche àMorteau en 1982, on n’avait plus un sou mon compagnon et moi. Même pas de charbon ni de bois pour se chauffer. On a échangé notre Citroën Ami 8 contre deux stères de bois !” se souvient Lola Sémonin, en pensant à tous ces anges gardiens qui ont jalonné ce parcours et ont permis au personnage d’éclore au grand jour : Gérard Bôle-du-Chaumont, son com- pagnon de l’époque qui a suivi l’aven- ture dès le départ, Hubert Vieille, le journaliste de la Voix du Haut-Doubs qui a été le premier à faire connaître la Madeleine, ou encore Maître Lopez, l’atypique coiffeur mortuacien qui

avait soufflé à Pierre Bonte d’inviter la Madeleine à la radio. “Il y a eu ensuite Michel Drucker qui m’a invi- té à Champs-Élysées, puis William Leymergie au journal de la 2.” Le len- demain de son passage au journal télévisé, déguisée en Madeleine, le spectacle qui se jouait au théâtre Deja- zet à Paris a affiché complet. De pro- longations en prolongations jusqu’au théâtre du Gymnase, ce spectacle sera en tête des meilleures ventes à Paris pendant trois ans. La vie parisienne et ses côtés étouf- fants ont eu ensuite raison de la moti- vation de Lola Sémonin qui a préfé- ré faire plusieurs breaks, dont un en Inde, avant de reprendre son per- sonnage pour un nouveau spectacle, puis de nouvelles tournées en Fran- ce. La concurrence ensuite des nou- veaux comiques a quelque peu éclip- sé laMadeleine Proust dans les années 2000. Aujourd’hui, c’est à l’écriture que Lola

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