La Presse Bisontine 195 - Février 2018

LE GRAND BESANÇON 28

La Presse Bisontine n° 195 - Février 2018

Le coup de gueule du patron contre Pôle emploi V oilà un an et demi que Dominique Campagne recherchait activement du personnel “en raison du développement de mon activité” dit-il. La suite, il a souhaité la raconter au président de la République en personne, pour dénon- cer la situation dans laquelle il s’est retrouvé. “En juin 2016, je prends rendez- vous avec Pôle emploi. Un conseiller me reçoit écoute ma demande prend des notes et me dit “nous allons étudier votre demande et vous envoyer rapidement une liste de candidats qui vous contacteront directement en vue d’un entretien.” Effectivement, la semaine suivante je reçois par mail une liste de 6 candidats, se passe une dizaine de jours et aucun appel de ceux-ci. Nouvel échange avec mon conseiller Pôle emploi et nouvel envoi d’une autre liste et là, un candidat appel- le, il vient se présenter et me dit que le poste ne l’intéresse pas. Les autres n’ont jamais appelé. Depuis un an, j’étais sans nouvelle de Pôle emploi qui n’a pas pris la peine de me demander où j’en étais dans mon recrutement !” Au président Macron, il demande donc : “Bravo de vouloir suivre les demandeurs soi-disant en recherche d’emploi, cela est bien sûr nécessaire, mais vous devez également réformer et modifier le fonctionnement de Pôle emploi qui est devenu une insti- tution inutile, inadaptée dans le monde du travail d’aujourd’hui la preuve en est le marché a été récupéré par les sociétés intérim qui se partagent ce marché très porteur. La reprise est bien là mais cela risque rapidement de s’inverser si vous ne changez rien car mes collègues et moi-même recrutons régulièrement sans résultat par manque de volontaires au travail, sans oublier Pôle emploi qui ne fait pas son travail correctement jusqu’au bout.” Sollicités par l’artisan, les députés Éric Alauzet et Fannette Charvier se sont engagés à relayer le coup de gueule au plus haut sommet de l’État. Son appel, relayé également sur les réseaux sociaux, n’est pas resté vain. Des candidats se sont manifestés et Pôle emploi l’a recontacté ! n

Une nouvelle vie pour les palettes SERRE-LES-SAPINS Dans l’esprit récup’ Parce qu’il ne pouvait plus voir jeter continuellement de “la matière neuve” à la poubelle, Dominique Campagne du “P’tit dépanneur comtois” a lancé sa propre marque de mobilier en bois de palettes.

P our ce “Mac Gyver” de la répa- ration, aucune panne ne semble insurmontable. “À l’inverse de cette société de consommation qui pousse à changer de matériel sans se poser de question, nous, nous répa- rons. Bien sûr, cela a une limite, mais quand on ne peut pas réparer, on réem-

ploie pour un autre usage” , explique Dominique Campagne, gérant du “P’tit dépanneur comtois”. Cette philosophie du recyclage est au cœur de son métier depuis 30 ans (N.D.L.R. : son entreprise de dépan- nage, créé en 1988 à Serre les Sapins, réalise entre 500 et 700 interventions

par mois : serrures, vitrages, menui- serie…). Ce qui a bien sûr participé à la création de “Label palette” : cette marque sous laquelle sont commer- cialisés aujourd’hui des lampadaires, chaises, tables, tabourets… et autres objets déco à base de récup’ de palettes. C’est en voyant s’entasser cette matiè- re première “qui sert juste à transpor- ter des marchandises” que lui est venue cette idée. “Seule une partie des 68 mil- lions de palettes utilisées chaque année en France est recyclée. Le reste étant parfois transformé en bois de chauffa- ge.” Il fabrique alors une première chai- se longue, puis un bureau et des éta- gères pour ses propres locaux d’activité. Plusieurs personnes commencent à lui passer commande. D’un passe-temps, naît peu à peu une activité. “Pour l’ins- tant, nous n’en vivons pas mais on sent un vrai engouement. La preuve est que certains artisans et particuliers s’en sont eux-mêmes emparés.” Présent sur l’espace des “Répar’acteurs” au salon Talents et Saveurs à Micropolis, à l’au- tomne dernier, Dominique Campagne a pu constater “une mode grandissan- te pour le fait soi-même, aidés par les tutoriels sur Internet.” Avec son fils, Sylvain, il cherche aujour- d’hui à apporter une valeur ajoutée en intégrant design et couleur. “Pour bais- ser les coûts, on va aussi faire de la mini-série.À partir de 90 euros le tabou-

Le mobilier Label palette, développé par Dominique Campagne, veut se différencier par le design et parfois quelques notes de couleur.

notamment avec une fleuriste autour de modèles uniques de jardinière ou de table basse florale. “On pense éga- lement aux mange-debout et à l’amé- nagement de stand 100 % palettes.” Quant à savoir si la mode durera et ne s’essoufflera pas comme le mobilier en carton, la palette ne souffre pas la com- paraison selon le gérant “beaucoup moins limitée dans l’utilisation.” n S.G.

ret, 120 la lampe et 180 la chaise longue.” La question de l’approvisionnement ne devrait pas poser problème avec leur propre stock et les entreprises alen- tour. Bien que les fabricants de palettes, qui ont senti le vent tourner, com- mencent à les consigner, “mais leur coût de transport sera plus élevé que leur fabrication en elle-même” , se ras- sure Dominique Campagne. Des collaborations ont aussi été nouées,

EN BREF

SAÔNE

29 métiers proposés en apprentissage “Pour les chefs d’entreprise, être Compagnon est une valeur ajoutée”

Mutuelle Harmonie Mutuelle poursuit son implantation en Bourgogne-Franche- Comté avec l’ouverture le 15 décembre dernier de son agence de Besançon. Avec plus de 700 000 personnes protégées et 9 000 entreprises adhérentes dans le nord-est de la France, Harmonie Mutuelle, 1 ère mutuelle santé de France avec 4,3 millions de personnes protégées poursuit son expansion en développant sa présence en Bourgogne- Franche-Comté. Harmonie Mutuelle a programmé à Besançon “Les Jours en Harmonie”, des événements gratuits et ouverts à tous visant à sensibiliser le grand public sur des enjeux majeurs de santé publique. Prochains rendez-vous le 1 er février sur le repérage des troubles de l’audition avec un audioprothésiste (tests individuels) et le 1 er mars sur le repérage des troubles de la vision avec Le Festival de la culture et de la création numérique du Département du Doubs est à découvrir jusqu’au 17 février 26 événements accueillis par 16 communes du Doubs invite le public “à voir, à faire et à penser”. Partenaires et programmation sur saisonscap25.doubs.fr un opticien (tests individuels). Rens. 09 80 98 08 80. Culture

160 jeunes par an sont formés par les Compagnons du devoir en Franche-Comté. Des portes ouvertes étaient organisées ces 19, 20 et 21 janvier au C.F.A. de Besançon, rue Jean-Wyrsch.

L’ histoire des Compagnons du devoir est ancienne, héritière des mouvements du compa- gnonnage nés à l’époque de la construction des cathédrales. On y trou- ve aujourd’hui encore cette idée d’ex- cellence dans le savoir-faire. Ici, des jeunes à partir de 15 ans apprennent leur métier en immersion dans les entre- prises, à travers la vie en communau- té et le voyage appelé tour de France. Les Compagnons forment à 29 métiers dans six filières : bâtiment (charpen- tier, couvreur, plombier), industrie (élec- trotechnicien, mécanicien de précision), goût (boulanger, pâtissier), etc. “Tout se fait en alternance” , explique le responsable local (prévôt), Cyrus Les- ne, depuis la maison de Saône qui est le siège des Compagnons en Franche- Comté. “La phase d’apprentissage, qui se fait généralement entre 15 et 17 ans, comprend 4 à 6 semaines en entreprise et deux semaines dans nos maisons. Puis l’apprenti choisit ou non de se perfec- tionner, en devenant aspirant et en effec- tuant son tour de France (voire à l’étran- ger où l’on a aujourd’hui 52 destinations) avec l’obligation de changer tous les ans de maison et de région. On peut ensui-

te être reçu Compagnon à l’issue d’un travail de réception.” Les jeunes vivent en communauté et sont encadrés par leurs pairs. Une par- ticularité qui fait le succès de leur for- mation, qui va du C.A.P. à la licence professionnelle, même si les vocations s’étaient dernièrement un peu ralen- ties. “Les métiers manuels n’ont plus la cote. L’image des Compagnons est moins présente dans la tête des nouvelles géné- rations.” Les portes ouvertes sont justement là pour se faire une idée “avec des ateliers de démonstrations, mais aussi la pré- sentation des Olympiades des métiers et du voyage à l’étranger” , note Cyrus Lesne, qui intervient en parallèle tout au long de l’année dans une quaran- taine d’établissements scolaires locaux. La Franche-Comté dispose de trois mai- sons de Compagnons du devoir à Saô- ne, Montbéliard et Maisons-du-Bois- Lièvremont et du C.F.A. bisontin, avec entre 15 et 20 métiers représentés. En préparation d’un Bac professionnel en mécanique de précision à Saône, Lucas Biegel, 22 ans, dit davantage se retrouver dans cette culture des Com- pagnons que dans son cursus univer-

Cyrus Lesne et Lucas Biegel parlent d’une “grande famille” avec ses exigences, en évoquant les Compagnons. Ici à Saône, au milieu des maquettes pédagogiques.

sitaire de départ. “J’ai fait des études en fac de droit à Strasbourg et une oppor- tunité m’a fait pousser la porte des Com- pagnons. C’est une école de la vie qui repose sur des vraies notions de parta- ge et d’accompagnement. On est Com- pagnon à vie. Les anciens restent impli- qués et nous sollicitons leur aide, pas sûr qu’un doyen de fac en ferait autant.” Les responsabilités données rapide-

ment, le changement de villes et l’ex- périence professionnelle acquise au fil des stages sont d’autres atouts selon lui. Avec la garantie d’emploi (le taux d’insertion est de 90 % chez les Com- pagnons) : “J’ai déjà eu plusieurs pro- positions” , avoue Lucas. “On voit bien que pour les chefs d’entreprise, être Com- pagnon est une valeur ajoutée.” n S.G.

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