La Presse Bisontine 190 - Septembre 2017

La Presse Bisontine n° 190 - Septembre 2017

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l Industrie Le site Métalis à Chaudefontaine embauche “Entre 5 et 6 mois pour trouver la bonne compétence” La société industrielle basée à Chaudefontaine est en forte croissance. Elle recherche des métrologues, chefs de projets, monteurs, techniciens. Face à la difficulté de trouver le bon profil, elle a créé sa propre filière d’apprentissage.

M oins de deux ans après avoir créé une unité de recherche et développe- ment et investi 2 millions d’euros dans l’agrandissement de ses locaux,Métalis à Chaudefontaine pour- suit son développement. “Nous sommes en forte croissance mais nous restons

boutissage, la firme travaille pour le compte de l’automobile et le bâtiment. Elle conçoit par exemple des produits que l’on retrouve dans les disjoncteurs ou les protections électriques. Fin 2015, le groupe a choisi le site de Chaudefontaine pour créer son centre de recherche et développement, un bâtiment de 2 400 m 2 où est logé le personnel de recherche et développe- ment. 20 postes ont été créés sur les 50 déjà présents. Au total, Métalis emploie 210 personnes contre 180 deux ans plus tôt. La progression n’est pas terminée : “Nous recherchons des mon- teurs-régleurs, métrologues, chef de pro- jets, monteurs et techniciens… C’est compliqué puisque nous mettons entre 5 et 6 mois pour trouver la bonne com- pétence. Les C.V. que nous recevons ne correspondent pas toujours à nos besoins. Si on peut former un monteur-régleur, il ne sera pas polyvalent tout de suite” poursuit le chef d’entreprise. Métalis a donc choisi de créer sa propre filière d’apprentissage. 10 apprentis, de niveau Bac professionnel à ingé- nieur, ont été recrutés. Ils seront auto- nomes dans quelques années, à condi-

prudents car nous n’avons pas d’in- formations à long terme de nos clients, notamment dans le secteur automo- bile. Néanmoins, nous recrutons” avan- ce Pierre Petitjean, président de Méta- lis, propriété du groupe hollandais Aalberts. Spécialisée dans le découpage et l’em-

tion qu’ils restent : “On leur propose un programme premium avec une rémunération meilleure que ce que pro-

le responsable, l’école n’est pas tou- jours en adéquation avec les besoins du monde du travail : “Il faut batailler car nous risquons de perdre nos savoir- faire. Dans les lycées, on a l’impres- sion que tout est fait pour le numé- rique aux dépens des formations sur les technologies de base. Un technicien doit par exemple savoir ajuster” pré- cise Pierre Petitjean qui espère d’ici la fin d’année intégrer de nouvelles recrues. n E.Ch.

Ici, un expert en outillage de la société Métalis au travail. Ce métier est en tension (Photo Métalis- L. Cheviet).

pose le marché. Aussi, nous pouvons leur offrir des opportuni- tés dans notre groupe” indique le responsable industriel qui prend l’exemple du parcours d’un salarié devenu directeur d’un des 8 sites du groupe. Pour

10 apprentis, de Bac pro à ingénieur.

l Secteur industriel Une crise des vocations Industrie recherche main-d’œuvre

postes se développe”

Le secteur, qui redore son image, rappelle que les salaires sont en moyenne 13 % plus haut que dans d’autres branches. De nouvelles filières se mettent en place pour former jeunes et moins jeunes. La filière embauche.

Préparation Opérationnelle à l’emploi (P.O.E.). “On recrute des gens qui ne sont pas du métier. On choisit d’abord leur motivation plutôt que leur savoir- faire technique” explique l’U.I.M.M. De son côté, la société Stanley à Besançon va embaucher 5 per- sonnes qui étaient en certificat de qualification paritaire de la Métallurgie (C.Q.P.M.). Et voilà comment une personne qui ven- dait jadis des maisons a trouvé sa voie dans l’industrie. Effica- ce. L’industrie en Franche-Com- té prend un nouveau souffle. n

mer, l’U.I.M.M. lance à Besan- çon une formation unique inti- tulée “L’école de production” pour compenser lemanque d’usi- neurs. L’objectif est d’intégrer des enfants sortis très rapide- ment du système scolaire en les accompagnant. 12 élèves seront concernés par cette formation “qualifiante”. Pour les plus âgés, une seconde industrielle se met en place pour ceux qui n’ont pas pu intégrer le C.F.A.I. et un B.T.S. “découpage, emboutissage et conception” au lycée Jules-Haag de Besançon. Enfin, les plus âgés peuvent toujours tenter la

L’ industrie ne connaît plus la crise. D’après Gilles Kohler et Mar- tial Devaux, respec- tivement président de l’Union des Industries des métiers de la Métallurgie Franche-Comté et du Doubs (U.I.M.M.), deux chefs d’entreprise, l’activité reprend. Les carnets de com- mandes sont remplis au moins jusqu’à la fin d’année. Une repri- se vue d’un très bon œil, opti- misme rapidement nuancé par le problème rencontré par de nombreuses sociétés indus- trielles du Doubs et du Haut- Doubs : le manque de person- nel qualifié. 250 postes ouverts en C.F.A.I. dans l’académie de Besançon n’ont pas trouvé d’étu- diants ! 500 offres d’emploi ont été proposées lors d’une jour- née au printemps à Besançon : 850 personnes se sont présen- tées et des postes sont restés vacants. “On a des formations à proposer, du travail au bout, et pas de candidats. 80 % des jeunes formés en alternance sont embauchésmoins de 6mois après leur formation” évoque la filiè- re industrielle qui espère chan- ger son image auprès des jeunes

et des parents en lançant une nouvelle campagne de publici- té pour faire connaître ses métiers, 150 au total. “Les entre- prises sont en train de relocali- ser, ce qui explique ce besoin de main-d’œuvre” témoigne Mar- tial Devaux, de la société Stan- ley à Besançon. Les métiers en tension : décou- peurs, conception et réalisation carrosserie, conducteurs de ligne. 250 000 personnes par an en France sont recrutées. “Nous sommes convaincus que l’in- dustrie est une des solutions pour résoudre la question du chômage de masse. Nous vou-

lons le dire aux Français…L’in- dustrie fabrique l’avenir, rému- nère 13 % de plus en moyen- ne ses salariés que d’autres sec- teurs, offre des perspectives d’évolution” poursuit Gilles Kohler. Non pas que l’éducation ne sache pas for-

Découpeurs et usineurs recherchés.

L’intérim repart.

nomique, la professionnelle nuan- ce son propos en expliquant que “le turn-over se développe.” De nombreux profils ne restent pas très longtemps à leur poste. “Il

faut développer le savoir être des candidats comme arriver à l’heu- re, comprendre qu’il peut exister un décalage entre la réalité et ce que l’employeur peut demander.” n

Gilles Kohler (à droite) et Martial Devaux de l’U.I.M.M.

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