La Presse Bisontine 179 - Septembre 2016

DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 179 - Septembre 2016

l Politique Jean-Louis Fousseret “Il faut une vigilance maximale en tout lieu et en tout instant” Le maire de Besançon affirme que tous les moyens sont mis en œuvre pour assurer la sécurité des manifestations à venir. Mais il ne perd pas de vue que le risque zéro n’existe pas.

Le signalement du nombre de fiches S par département (source : U.C.L.A.T.).

L a Presse Bisontine : En l’état actuel du risque d’attentat en France, redoutez-vous un acte terroriste à Besançon sachant que le mois de septembre sera ponc- tué de manifestations populaires ? Jean-Louis Fousseret : Besançon est une ville paisible, mais je pense que dans le contexte actuel, personne n’est à l’abri de rien. Il faut une vigilance maximale en tout lieu et en tout instant. Cependant, ne cédons pas non plus à la crainte car c’est préci- sément ce que recherchent les terroristes. L.P.B. : Dans quel état d’esprit abor- dez-vous ces questions de sécurité ? J.-L.F. : Il faut traiter avec séré- nité et sans démagogie la ques- tion de la sécurité. Le risque zéro n’existe pas ! Je ne le nie pas. En revanche, je n’ai pas d’in- formation pourmesurer le niveau de dangerosité. L.P.B. : La sécurité est-elle en fil rou- ge de la politique municipale ? J.-L.F. : C’est une des quatre prio- rités de monmandat. Je n’ai pas attendu la rentrée pour travailler sur la sécurité. Dès le mois de juillet, à la suite de l’attentat de Nice, j’ai demandé des réunions avec le préfet pour prendre en compte les lieux recevant du public comme les écoles et ana- lyser les dossiers des manifes- tations afin de prendre les mesures de sécurité nécessaires avec les organisateurs.Nous tra- vaillons au cas par cas, en coor- dination avec tous les services concernés. Il s’agit d’évaluer le risque et d’adapter le dispositif de sécurité en fonction. L.P.B. : Sur quels critères évaluez-vous la vulnérabilité d’une manifestation ? J.-L.F. : On dispose d’un système d’analyse qui repose sur six cri- tères. Les manifestations sont

Jean-Louis Fousseret : “Il faut traiter avec sérénité et sans démagogie la question de la sécurité.”

classées en trois niveaux de sen- sibilité. Je ne donnerai pas davantage de détails. L.P.B. : Des manifestations peuvent- elles être annulées au regard des risques ? J.-L.F. : Nous avons la volonté de maintenir les manifestations. Il s’agit une fois encore d’évaluer le risque au cas par cas. L’an- nulation d’un événement est tou- jours possible, nous n’excluons rien,mais nous n’en sommes pas là à Besançon et dans le Grand Besançon.

vidéo-protection. Nous mettons tout enœuvre pour que lesmani- festations dans l’Agglo aient lieu en toute sécurité. L.P.B. : Dans un contexte de tensions, les policiers municipaux bisontins réitèrent leur demande auprès de la mairie pour être équipés d’armes à feu afin d’assurer leur sécurité et cel- le de la population. Vous avez réagi négativement à leur demande cet été. Votre position ne changera pas sur le sujet ? J.-L.F. : Je ferai une conférence de presse à la rentrée pour évo- quer cette question.Ma position sur le sujet n’est pas dogma- tique, et je veux l’expliquer. Je dirai pourquoi, dans le contex- te actuel, il ne me paraît pas nécessaire d’équiper les policiers municipaux d’une arme létale. Je préférerais que l’on redonne à la police nationale les moyens qu’elle a perdus. Il ne s’agit pas d’une posture politique de gauche ou de droite. C’est une question d’efficacité et de définitions des missions de la police. Je rappelle que la sécurité publique relève

“En contact permanent avec la préfecture.”

L.P.B. : Quels outils sont envisagés pour assurer la sécurité des personnes dans l’espace public lors de manifestations ? J.-L.F. : Il y a des dispositifs anti- intrusion,du bar- riérage, du contrôle aux entrées, des patrouilles de police, de la

une obligation de réserve et que le débat a déjà eu lieu en conseil municipal. L.P.B. : Que dites-vous aux policiers municipaux qui se sentent en insécu- rité lorsqu’ils patrouillent sur le ter- rain en journée ? J.-L.F. : La police municipale est armée de tasers, les formations sont en cours. Elle dispose de bâtons de défense et de gilets pare-balles. Je n’envoie pas les

policiers municipaux sur des hold-ups ou la nuit patrouiller dans les quartiers. Il y a 22 000 policiers municipaux en Fran- ce, 50 % ne sont pas armés. J’ai deux soucis : la sécurité des per- sonnes et celle des policiersmuni- cipaux. Ils n’ont pas à interve- nir sur des événements qui ne relèvent pas de leur compéten- ce. J’ai du respect pour leur tra- vail quotidien. n Propos recueillis par T.C.

de l’État et la sûreté de la com- mune. L.P.B. : Les policiers municipaux vou- draient débattre publiquement avec vous de ce sujet afin que la popula- tion puisse confronter les arguments de chacun. Êtes-vous prêts à accep- ter un échange public avec eux ? J.-L.F. : Je n’ai pas à faire un débat public. Il y a des syndicats de police que je recevrai. Je rap- pelle que la police municipale a

l Préfecture

Du cas par cas

De la vigilance, mais pas d’annulation La préfecture du Doubs n’envisage pas d’exiger l’annulation d’une des manifestations à venir. En revanche, elle appelle les organisateurs d’événements à respecter des règles de sécurité strictes.

L a préfecture du Doubs rappelle aux organi- sateurs de manifes- tations que “dans un contexte de menace ter- roriste élevée, une vigilance accrue doit être portée sur la sécurisation des événements publics quelle que soit leur ampleur.” Jusqu’à présent, cet- te attention accrue a permis

aux grandes manifestations qui ont ponctué l’été dans le dépar-

fourni pendant l’été, “la Ville de Besançon est en contact per- manent avec la préfecture et la direction départementale de la sécurité publique afin d’assu- rer la sécurité de ses événements” soulignent les services de l’État. Ils indiquent enfin que les dis- positifs de sécurité habituelle- ment mis en place sont renfor- cés. n

d’un événement, possibilité qui lui est ouverte par la loi du 21 juillet 2016 prolongeant l’état d’urgence dans l’hypothèse où un événement ou un site pré- sente des vulnérabilités qui ne pourraient être réduites.” La décision repose donc sur une analyse au cas par cas des mani- festations à venir. En raison d’un programme d’animations

tement de se dérouler “en tou- te sécurité.” Le préfet du Doubs, Raphaël Bartolt, n’envi- sage pas de pro- céder, a priori , “à l’annulation

“En contact permanent avec la préfecture.”

Les services de sécurité mettent tout en œuvre pour que les manifestations bisontines se déroulent sans accroc.

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