La Presse Bisontine 179 - Septembre 2016
LE DOSSIER
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La Presse Bisontine n° 179 - Septembre 2016
UNE RENTRÉE SOUS HAUTE SURVEILLANCE À BESANÇON
La lourde actualité de l’été a renforcé le devoir de vigilance partout sur le territoire. Dans notre région, pas épargnée par l’existence de fichés S, la rentrée s’an- nonce sous haute surveillance. La sécurité a été renforcée autour des manifestations culturelles de la rentrée à Besançon, notamment le nouveau salon du livre, tandis que le débat sur l’armement de la police municipale est relancé.
22 fichés S dans le Doubs l Sécurité Terrorisme Besançon est-elle une base arrière d’un réseau terroriste ? Les passages de deux terroristes présumés par la capitale comtoise puis la révélation d’un Bisontin parti pour la Syrie le laissent penser.
Qu’est-ce qu’une fiche S ? L a fiche S, pour “atteinte à la sûreté de l’État”, n’est en réalité qu’une des nombreuses catégories d’un fichier vieux de plus de quarante ans : le fichier des personnes recherchées (F.P.R.). Créé en 1969, il comporterait plus de 400 000 noms, qu’il s’agisse de mineurs en fugue, d’évadés de pri- son, de membres du grand banditisme, de personnes interdites par la justice de quitter le territoire, mais aussi de militants politiques ou écologistes (anti- nucléaires, anarchistes, etc.). La fiche S est un outil de contrôle des renseignements à disposition des ser- vices de police et de gendarmerie, qui sert surtout à contrôler les déplace- ments. Lors d’un contrôle routier, si l’agent de police constate que l’individu est fiché S, il devra le signaler aux services de renseignement et essayer de recueillir le maximum d’informations, sur les personnes qui l’accompagnent. En aucun cas ce fichier ne sert à interpeller des personnes. Certaines per- sonnes fichées S peuvent être mises sous surveillance physique ou sur écou- te. Mais cette surveillance n’est pas systématique, ni constante. n
enfants dans le quartier de Planoise appelle les forces de l’ordre pour signa- ler un comportement suspect. Yassin Salhi organiserait des “réunions de barbus hebdomadaires” dans son appar- tement, où il serait parfois question de “djihad”. Il disparaîtrait en outre régulièrement pour des périodes de plusieurs mois, sans qu’on sache où. Le jeune homme se serait par ailleurs rasé la barbe du jour au lendemain. Un changement soudain, en apparence anodin, qui rappelle la Taqiya, une technique de dissimulation encoura- gée par les islamistes. Salhi aurait également rencontré plus tôt, en 2006, “le grandAli”, de son nom Frédéric-Jean Salvi, surnommé “Ali”, un converti radicalisé lors d’un séjour à la prison de Besançon, connu des ser- vices pour ses prêches virulents et son prosélytisme agressif.Aujourd’hui âgé de 37 ans, Frédéric-Jean Salvi qui ne réside plus à Pontarlier est soupçon- né par les autorités indonésiennes d’avoir préparé avec des militants d’Al- Qaida des attentats à Djakarta. En 2010, la police indonésienne avait inter- pellé cinq personnes sur l’île de Java et mis la main sur une voiture remplie d’explosifs lui appartenant. Le Fran-
L’ effroyable attentat deNice puis celui contre le prêtre égorgé à proximité de Rouen fin juillet le rap- pellent : la menace terro- riste peut frapper partout. Et plus seu- lement à Paris, la capitale. Dans la zone de défense du Grand Est regroupant les deux grandes régions Alsace-Lor- raine-Champagne-Ardenne et Bour- gogne-Franche-Comté, la Franche-Com- té regroupe 1 fiché S sur 3. D’après l’unité de coordination de la lutte anti-terroriste (U.C.L.A.T.) du ministère de l’Intérieur, 22 personnes sont fichées S dans le Doubs (lire par ailleurs), 14 dans le Territoire de Bel- fort, 36 en Haute-Saône, 39 dans le Jura, 28 en Côte-d’Or. Être fiché S (pour sûreté de l’État) ne veut pas dire être terroriste. Pour autant, le passa- ge à l’acte de Yassin Salhi (36 ans) qui décapita son employeur le 30 juin 2015
dans l’Isère en exposant sa tête dans une mise en scène guerrière rappelle que Besançon n’est pas à l’abri. Yas- sin Salhi a vécu à Besançon où il a laissé des traces. En 2013, les services de renseignements territoriaux du
Doubs le signalent com- me fréquentant assidû- ment un groupe de sala- fistes aux abords de la mosquée de Planoise. Le jeune homme porte alors la djellaba et la barbe. Cet- te information fait l’objet d’une simple note. Son profil paraît d’autant moins inquiétant queYas- sin Salhi est inconnu des services de police. L’an- née suivante (2014), un voisin d’immeuble du jeu- ne homme, qui a emmé- nagé avec femme et
“Des réunions de barbus à Planoise.”
çais passé par l’U.F.R.-S.T.A.P.S. de Besançon était parvenu à échapper au coup de filet. Il résidait en juillet 2015 à Leicester (Angleterre) avec sa fem- me et ses 5 enfants. Il a réfuté tout lien avec Yassin Salhi dans un entretien accordé au quotidien régional. L’histoire avec Besançon ne s’arrête pas là. Dans son entreprise macabre, Yassin Salhi a envoyé par S.M.S. la photo de la décapitation de son patron à Yunes-Sébastien V., homme jusque- là inconnu des services de police. Né
à Lure (Haute-Saône) en 1985, ce tech- nicien en logistique diplômé de l’I.U.T. de Besançon s’est converti à l’islam au milieu des années 2000. Il a reçu ladi- te photo alors qu’il était en Syrie. Son départ en novembre 2014 pour Raq- qa - avec sa fille de deux ans et son épouse - était passé inaperçu… Son père a évoqué au journal Libération sa “lente et inéluctable radicalisation.” Preuve que le danger peut sommeiller partout. n E.Ch.
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