La Presse Bisontine 173 - Février 2016
BESANÇON
15 La Presse Bisontine n° 173 - Février 2016
UNIVERSITÉ Examen “Le concours de médecine n’est pas une boucherie” 1 167 candidats de l’Université de Franche-Comté réunis à Micropolis pour le concours du premier semestre. Beaucoup de candidats, peu d’élus : 176 places en médecine, 71 en pharmacie, 23 en dentaire, 50 pour les kinés… Le tournant d’une vie.
I ls savent de quoi ils par- lent. En 1977, alors sur les bancs de faculté Cochin à Paris, Emmanuel Samain passait le concours de pre- mière année de médecine. 39 ans plus tard, le doyen de l’U.F.R. Sciences médico-sociales et phar- maceutiques à Besançon et son collègue, le professeur Bernard Paratte, regardent d’unœil bien- veillant les 1 167 élèves de pre- mière année plancher sur leur feuille d’examen. “Forcément que l’on se souvient de son pre- mier concours et du stress. On s’attache donc à organiser un examen qui soit équitable pour tous les élèves” poursuit Ber- nard Paratte, directeur des études de médecine. À son époque, le concours était tout aussi dur : 750 candidats pour 110 places. S’il est organisé à Micropolis, c’est parce qu’il est impossible à la faculté de dis- poser d’une salle aussi vaste. Elle loue l’espace. Dans d’autres facs, les concours se déroulent
dans différents amphis. Mercredi 16 décembre, premier jour des épreuves, les mines des élèves étaient fermées. Arrivé une heure avant le début de l’épreuve, Victor - 18 ans - grille une dernière cigarette sur le parking de Micropolis. “Je n’ai pas le droit de me planter…Cela fait plus d’un mois que je ne lâche pas mes cours, que je me
polis” rapporte le professeur Paratte, à l’organisation de l’événement. Comment faisait- elle auparavant ? Elle organi- sait dans des amphithéâtres dis- tincts. “Pour un concours, nous souhaitons l’équité, que chacun dispose de la même information au même moment. Voilà pour- quoi nous sommes ici.” Environ 70 personnes, dont 36 retraités de l’Éducation natio- nale assurent la distribution et le relèvement des copies mais aussi la surveillance. Pour leur première année, les candidats planchent sur des Q.C.M. “C’est équitable pour les départager” témoigne un professeur. Pour beaucoup, la première année est celle où l’on recrache tous ses cours. “Faux, c’est un socle pour les années à venir” corrige le professeur Samain. Le concours est toujours aussi sélectif, cassant. Le professeur se refuse à cette analyse : “Ce n’est pas la boucherie comme certains voudraient le laisser
Quelques minutes avant le début du concours de première année commune aux études de santé (P.A.C.E.S.) pour les étudiants de Besançon à Micropolis.
te dans ce domaine de reclas- sement. Parmi ceux mis sur la touche, 46 % iront en licence, 20 % en soins infirmiers, 16 % en D.U.T. et 10 % dans d’autres professions paramédicales. Réussir du premier coup concer- ne une vingtaine d’élèves pour la médecine. Souvent de très bons éléments qui ont eu une mention “Très bien” au bac ou qui possèdent un an d’avance. “Il faut devenir une machine et répondre de façon automatique. C’est comme si on travaillait à la chaîne” se décourage un élè- ve qui a passé le concours blanc organisé quelques jours plus tôt
par les “tuteurs”. Cette première année, pour certains un enfer, pourrait évoluer…Quand ? Peu de professeurs assument à visa- ge découvert le niveau d’angoisse engendré par ce concours. C’est une forme de rite de passage. Un rite de souffrance. Par bonheur, les premières années de Besançon ne doivent pas se battre pour rentrer dans un amphi bloqué par les étu- diants de 2 ème année. Le second semestre débute. Une nouvelle pression à supporter jusqu’à la fin de l’année…
lève à 6 heures du matin” dit-il. Com- me ses camarades, c’est le grand ren- dez-vous. Et l’impressionnante salle d’examen ne fait pas retomber la pression. Six allées et des tables à per- te de vue permettent d’accueillir le millier d’élèves. Une petite dizaine - seulement - manque à l’appel. “C’est la huitième fois que nous organisons les épreuves àMicro-
entendre. Il y a 22 % de réussi- te (sur 1 200). Sur 55 %de redou- blants l’année suivante, 43 % ont réussi. Les autres ont été réorientés. Et cela fonctionne plutôt bien” assure-t-il. 176 iront en deuxième année de médeci- ne, 71 en pharmacie, 23 en den- taire, 26 en maïeutique, 50 en kinésithérapie, 6 en ergothéra- pie, 5 en psycho. Des passerelles sont également possibles pour rejoindre ensui- te une licence pour les recalés et inversement pour ceux qui ont réalisé une école d’ingénieurs. L’Université de Franche-Comté serait à la poin-
Les recalés rebon- dissent.
E.Ch.
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