La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

Transports La S.N.C.F. rationalise ses espaces de vente

Le 30 juin, le rideau de la boutique S.N.C.F. ferme ! Malgré la pression des syndicats via une pétition pour la sauvegarder, une montée au créneau du maire, la S.N.C.F. ferme sa boutique de vente située au centre-ville de Besançon pour des raisons financières. Le motif ne convainc pas.

M ardi 16 juin, l’intersyndicale (C.G.T.- C.F.D.T.-S.U.D.) appel- le à un rassemblement devant la boutique S.N.C.F. située Grande rue à Besan- çon. Un baroud d’honneur et une mani-

festation visant à mettre la pression sur la direction de la S.N.C.F. qui a tout de même décidé de fermer la bou- tique de vente de billets à Besançon. “Avec la fermeture de cet espace, c’est le service public qui est touché ! , se désole Michaël Vandernoot, secrétai-

re de la C.G.T. cheminots. La boutique S.N.C.F. du centre-ville remplit par- faitement les objectifs initiaux de son ouverture. Elle permet une vente confor- table et agréable ainsi qu’un rappro- chement géographique avec les usa- gers. Malgré cela, la direction S.N.C.F. a décidé de sa fermeture en juin. Pour la C.G.T., c’est encore une dégradation supplémentaire du service public que vont subir les usagers” poursuit-il. Comme les autres syndicalistes, il ne se faisait plus trop d’illusions sur l’avenir de cette boutique : “En juillet 2014, elle a été fermée le same- di sans que la mairie ne soit mise au courant… Il y a eu une part de désin- formation de la S.N.C.F. C’était déjà un moyen pour elle de prouver la bais- se de billets en fermant une journée par semaine” explique la C.G.T. De source syndicale, 300 personnes par jour fréquentent ce lieu pour acheter des billets ou préparer leur voyage. “Quand une personne ne sait pas uti- liser Internet ou qu’elle est malvoyante, comment va-t-elle faire ? Ce n’est pas du service au public…” enchaîne M. Vandernoot. Il pensait que la levée de boucliers

allait provoquer un élec- trochoc d’autant que le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret a reçu les syndicalistes (le 16 avril) et appuyé leur demande en écri- vant à Guillaume Pépy pour lui dire son oppo- sition à cette fermetu- re. Les dés sont jetés. Le 30 juin au soir, la boutique fermera. Son chiffre d’affaires par an avoisinait les 2,7 mil- lions d’euros, montant insuffisant selon la

fois plus concurrentiels. Un comble. La boutique S.N.C.F. fermée, ce sont trois emplois qui vont disparaître. La disparition de ce lien avec l’usager irrite les forces syndicales qui rap- pellent que les heures d’ouverture des guichets de la gare Viotte ont dimi- nué (7 heures - 19 h 30 au lieu de 6 heures - 21 h 30). “Cela incitera à la fraude et augmentera le sentiment d’insécurité car on retrouve de moins en moins d’agents en gare. Un Régio- lis va par exemple circuler avec un seul agent à bord. Il arrive que les “escales” (chef de gare) ferment la gare seules, ce qui était impensable il y a encore quelque temps. Ils étaient toujours deux” témoigne M. Vandernoot. Les représentants des salariés estiment “que l’on tire sur l’élastique” , image utilisée pour symboliser le mal-être de certains agents. “Heureusement, les cheminots ont une conscience profes- sionnelle… Mais jusqu’à quand ? Le jour où l’élastique cassera, nous aurons des problèmes de sécurité” ajoute le syndicaliste cégétiste. Pour ne pas en arriver là, tous tirent la sonnette d’alarme… E.Ch.

“Moins d’horaires de présence en gare.”

direction (lire par ailleurs). “C’est un coup dur pour l’activité commerciale” se désole Thierry Morton, adjoint au commerce à Besançon. Cette fermeture engendrera “des files d’attente plus longues à Viotte et une dégradation des conditions d’accueil” promet Guy Lazar, retraité cheminot et syndicaliste.Au-delà de cette annon- ce, c’est le service public est touché au motif que la vente de billets a évolué. La vente au guichet sera supplantée par l’Internet qui offre des tarifs par-

Les syndicats cheminots (dont la C.G.T.) avec Michaël Vander- noot et Guy Lazar dénoncent la fermeture de la boutique de Besançon, prélude à la baisse de qualité du service public.

“Économiquement, la situation n’était pas tenable” Fermeture La S.N.C.F. s’explique La direction de la S.N.C.F. motive la fermeture de la boutique de Besançon centre-ville par l’évolution de la demande des clients et le besoin d’économies d’échelle. Elle annonce un investissement à Besançon-Viotte. Pour

“compenser” la fermeture de la boutique, le directeur des agences annonce un investissement au guichet de Besançon- Viotte. Les syndicats sont perplexes (photo archive L.P.B.).

B ataille de chiffres entre la direction de la S.N.C.F. et les syn- dicalistes. Selon les premiers, ce sont environ 100 personnes qui fran- chissent chaque jour la porte de la boutique du centre-ville bisontin. Pour les seconds, c’est plutôt 300. Ce qui est certain, c’est le chiffre d’affaires géné- ré par cet espace : 2,6 millions d’euros par an. “Économique- ment, par rapport au coût de la boutique, la situation n’était pas tenable” commente Thomas De Brugière, directeur commercial régional Bourgogne-Franche- Comté. Il gère les boutiques franc-comtoises. Il argumente le choix de fermer le 30 juin l’espace : “Si nous fermons, c’est pour nous adapter à deux choses : l’évolution de la deman- de des clients et notre politique de réaliser des économies” dit- il. Toujours selon l’opérateur fer- roviaire, l’évolution de l’activité au point de vue national a bais-

sé de 33 %. “C’est dans les bou- tiques que la baisse est la plus forte alors qu’en gare, elle dimi- nue moins. Nous voulons donc nous recentrer sur les gares et notamment sur Besançon-Viot- te pour améliorer et moderniser l’espace de vente” annonce le directeur. Dans les faits, Besan- çon-Viotte aurait droit à un lif- ting identique à celui qui a été opéré en gare de Dijon-Ville.

dation du service public en aug- mentant de fait les files d’attente, car plus de monde… Le fait de créer un nouvel espace ne modi- fiera que l’agencement et l’image, mais ne donnera aucun moyen supplémentaire” annonce Michaël Vandernoot. La S.N.C.F. veut-elle cacher sa baisse en matière de service public par cette annonce ? “Non, répond le directeur. Nous sommes dans une logique de service public et je rappelle qu’il reste trois agences de voyages au centre de Besançon, agréées pour vendre des billets S.N.C.F.” Besançon n’est pas la seule tou- chée par ces restructurations d’importance. Les boutiques de Dijon et de Chambéry ont été elles aussi fermées. “C’est une politique nationale avec des ana- lyses spécifiques faites pour chaque site” détaille Thierry De Brugière. Mais au final, la logique reste identique : la fer- meture pour davantage de “cen- tralisation”. E.Ch.

“On sépare mieux le flux des clients pres- sés et ceux qui pré- parent leur voyage avec un espace plus confortable.” Un argument qui ne tient pas disent les syndicalistes : “Cet argument ne tient pas étant donné qu’ils ne renforcent rien, car aucun poste de la boutique ne sera transféré sur laViot- te. Le report des usa- gers sur la Viotte accentuera la dégra-

“Une nouvelle boutique à Viotte.”

L a S.N.C.F. négocie en ce moment les trains qui cir- culeront, ceux qui seront ajoutés, ceux supprimés. Le changement interviendra au mois de décembre. Mauvaise nouvelle pour Besançon : “Le T.G.V. de 10 h 30 à Besançon Franche-Comté T.G.V. pour Paris est supprimé” annonce Autre inquiétude : lʼouverture du guichet de la gare T.E.R. de la Mouillère à Besançon. “Elle fer- mera lʼannée prochaine. Nous avons des propositions comme regrouper dans une boutique de mobilités tous les guichets pour mutualiser (S.N.C.F., Ginko…)” annonce Patrick Noblet, de lʼA.U.T.A.B. À suivre. Le T.G.V. vers Paris supprimé, le guichet de la Mouillère menacé lʼassociation des usagers des transports de lʼagglomération bisontine, membre de la F.N.A.U.T. (fédération nationa- le des usagers des transports). Elle recherche des solutions pour une correspondance via le T.E.R. qui permettrait de reprendre un Lyria. Problème, ce train est plus cher.

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