La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

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ÉCONOMIE La grogne contre la France Impôts sur les successions : “La Suisse n’est pas la vache à lait de la France” La nouvelle convention de l’impôt sur les successions signée entre France et Suisse pourrait conduire les Suisses à quitter notre région. Bisontin et double national, Jean-Philippe Allenbach ne décolère

EN BREF

Armes Depuis le 6 septembre, les possesseurs d’armes à feu peuvent déclarer leur fusil, carabine, pistolet, au guichet unique de la préfecture de Besançon ou en sous-préfecture. Ces dispositions concernent 1,4 million de titulaires d’un permis de chasser, 160 000 licenciés de la fédération française de tir, ainsi que les armuriers et les collectionneurs. La nouvelle nomenclature répartit les armes dans 4 catégories : A (armes et matériels interdits), B (armes soumises à autorisation), C (armes soumises à déclaration), et D (armes soumises à enregistrement et armes à détention libre). Quingey À découvrir aux Automnales de Quingey les œuvres de G.E. Fourquet. À l’espace culturel de Quingey du 25 au 27 octobre. Université ouverte La séance de rentrée de l’Université Ouverte fait sa rentrée solennelle mercredi 9 octobre à 14 h 30 au Grand Kursaal avec présentation générale de la saison. La présentation du programme sera suivie à 16 heures d’un spectacle “cabaret”.

pas. Exemple : si le chalet de votre père (Suisse) est vendu 700 000 euros, 156 000 seront perçus par le fisc français.

L es Suisses, pas réputés pour revendiquer et manifester, tapent cette fois du poing sur la table face à un acte français jugé “éminemment agressif.” Jean-Philippe Allenbach, Bisontin et Franco-suisse, fait partie de ceux-là. Il s’inquiète des conséquences induites par la nouvelle convention des droits de succession “imposée” par la France à la Suis- se. Cette modification de la convention (inchangée depuis 1953) pourrait impacter des milliers de Suisses qui habitent en France à l’horizon 2015. Encore faut- il que le parlement suisse la valide. Explications : avec cette nouvelle convention, ce n’est désormais plus le seul lieu de domicile du défunt qui détermine le pays dans lequel est perçu l’impôt sur les successions, mais également le lieu de domicile de l’héritier. Quiconque qui a résidé en France pendant au moins 8 ans, durant les 10 années ayant précédé le décès de son père, habitant la Suisse au jour de son décès devra donc payer l’impôt de succession. Concrètement, le fisc français pourra imposer, jusqu’à 45 %, les successions constituées en Suisse par des Suisses du simple fait qu’un héritier soit domicilié en

frère qui possède unemaison en France pourrait s’exiler échappant ainsi à cette taxe : “Pour les Suisses rési- dant en France, ils vont s’empresser de revenir en Suis- se pour ne pas devoir payer 40 % d’impôts en cas de décès de leurs par parents restés en Suisse. Mon frère veut vendre sa résidence dans le pays de Gex.” A l’écouter, les Suisses ont des difficultés avec leur voisin : “Cela va sécréter des réactions hostiles vis-à-vis des Fran- çais. Aujourd’hui, les banques suisses n’embauchent plus de Français car les fuites sortent toujours des Fran- çais. Les Suisses voient, à tort ou à raison, que leur pays est devenu une vache à lait” déclare le président duMouvement Franche-Comté.À l’ambassade de Suis- se en France, on relativise ce propos tout en rappelant que le peuple “aura le dernier mot.” Jean-Philippe Allenbach a écrit à la présidente de Région afin qu’elle prenne position sur cette conven- tion… décidée par sa famille politique. Une chose est certaine : ce coup de la France n’a pas réchauffé les relations avec nos “chers” voisins, qui à défaut de se plaindre, balanceront peut-être une nouvelle affaire Woerth ou Cahuzac. C’est ce qu’on appelle rendre la monnaie de la pièce. E.Ch. Franco-suisse, le Bisontin Jean-Philippe Allenbach est remonté contre la France comme la majorité de ses compatriotes helvètes.

France. Les Suisses ragent car eux ne payent aucun droit de succession. Ils estiment, à raison, que l’on ne taxe pas une seconde fois l’argent fruit d’années de labeur. Jean-PhilippeAllenbach donne un exemple : “Un Neu- châtelois qui a toujours vécu en Suisse décède en 2014. Son seul héritier est son fils qui a toujours travaillé en Suisse, à l’exception d’une période 8 ans, de 2011 à 2013, où il a été salarié dans la filiale française de sa maison-mère suisse. Dans un tel cas, le fisc français taxerait (à 40 % au lieu de 0 %) tout le patrimoine de son père suisse, au simple prétexte que son fils “aurait fait l’erreur” d’avoir vécu 8 ans en France juste avant le décès.” Mathématiquement, sur un chalet d’une valeur de 700 000 euros qui revient en héritage, la France percevra 156 000 euros. “Or ce patrimoine ne doit rien à la France” s’emporte Jean-Philippe Allen- bach qui a bien reçu une réponse de Pierre Moscovi- ci… réponse assez floue. “Les Français sont gênés, dit- il. Mais au nom de quoi le fisc français pourrait-il se servir sur ce patrimoine à la réalisation duquel il n’a aucunement contribué ?” s’interroge Allenbach. Son

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Location de films

Arènes Vidéo, le dernier des Mohicans Internet et la vidéo à la demande ont porté le coup de grâce aux vidéo-clubs. À Besançon, ils ont tous fermé leurs portes sauf un, Arènes Vidéo, qui tient le coup.

E n 2002, il y avait encore à Besançon une dizaine de magasins spécialisés dans la location de films. Aujour- d’hui, il n’en reste qu’un, Arènes Vidéo, situé rue Xavier-Marmier. À 37 ans, son propriétaire Mickaël Jeannin tient bon sur ce marché spécifique laminé en dix ans par le téléchargement (souvent illégal) sur Internet, et plus récemment par la V.O.D. (vidéo à la demande). Ce professionnel a vu disparaître ses concurrents les uns après les autres. “À Belfort, à Strasbourg, à Mul- house, même à Dijon, il n’y a plus de vidéo- clubs. Cela fait quatre ans que ça dégrin- gole” observe-t-il. Lui résiste grâce à une clientèle d’habitués qui vient chercher des conseils sur les films à voir. Arènes Vidéo est un peu l’épicerie fine du cinéma. Sur 350 mètres carrés, les amateurs trouvent en blue-ray et D.V.D. non seulement les nouveautés y compris les séries télé, mais les classiques du gen- re. Cette diversité dans l’offre est un point fort selon Mickaël Jeannin. “J’ai en maga- sin beaucoup de vieux films. Des Chabrol, des Truffaut, des Chaplin. Voir un Pasoli- ni en V.O.D., c’est impensable, et bien moi j’ai toute la série. Je propose également de plus en plus de films qui ne sortent pas au

cinéma. Par exemple depuis le succès de la série Millénium, j’ai plusieurs longs- métrages suédois. Il y a parmi eux quelques pépites” dit-il. La location d’un film varie de 4 euros à 2,70 euros grâce à la carte d’abonnement. Mickaël Jeannin connaît les goûts de ses clients, ce lui permet de leur proposer des films qui leur convien- nent. Eux font confiance au chef ! “Je consta- te cependant que ma clientèle vieillit. Les jeunes, je ne les vois pas au magasin. Ils téléchargent, se passent les films sur des

clés U.S.B. C’est une autre géné- ration.” Alors que les trente- naires ont encore un certain plaisir à tenir en main un D.V.D. dans sa boîte, à lire les critiques. S’ils ont faussé com- pagnie un temps au vidéo-club pour expérimenter le télé- chargement sur le web , ils y reviennent pour beaucoup. “Certains ont investi dans un bel écran et dans un système audio. Pour cela, ils veulent un film en blue-ray afin d’avoir la qualité d’image et de son qu’ils n’ont pas avec un film téléchargé sur Internet.”

La série des Pasolini.

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