La Presse Bisontine 147 - Octobre 2013

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 147 - Octobre 2013

CULTURE Des charges financières importantes Le théâtre Bacchus tire le rideau C’est dans une étonnante discrétion que le théâtre Bacchus a fermé définitivement ses portes à la fin du mois de juin pour des raisons financières.

Fondée par Jean Pétrement, la Compagnie Bacchus n’a plus de théâtre à Besançon. D’autres villes

seraient prêtes à l’accueillir.

L e 30 juin, la Compagnie Bacchus a débarrassé le plancher du théâtre de la rue de la Vieille-Monnaie à Besançon qu’elle occupait historique- ment depuis vingt-cinq ans. Le lieu cul- turel est fermé pour de bon. “On a tout retiré, toute la technique. Le théâtre Bac- chus n’existe plus. Sept personnes ont été licenciées” annonce Jean Pétrement, fondateur de la compagnie théâtrale. Les portes de l’établissement sont closes.Ain- si s’achève le dernier acte d’une longue histoire faite d’ennuis financiers qui n’ont pas été résolus. “Plutôt que de creuser le déficit, on a préféré partir avant la mort” poursuit l’acteur. La dette avoisi- nerait les 30 000 euros. Le loyer et des charges globales trop importantes, dif- ficiles à honorer, sont la source du pro- blème. “Le loyer, c’est 4 000 euros par mois. En réalité, il nous fallait 100 000 euros par an pour faire fonc- tionner le lieu et assurer une perma- nence” précise encore Jean Pétrement. En 2010, il a interpellé les collectivités locales, sollicitant leur contribution, afin qu’elles aident, à hauteur de cette som- me, la Compagnie Bacchus. Le message est passé mais les retombées n’ont pas été celles qu’il escomptait. “La subven- tion du Conseil général a évolué de 65 000 euros en 2008, à 30 000 en 2010

et à 10 000 en 2013.” De son côté, la Vil- le de Besançon a versé à deux reprises 10 000 euros et une fois 15 000 pour sou- tenir les activités théâtrales ces der- nières années. Le compte n’y est pas. “C’est du bricolage. On tire un trait sur 25 ans d’un projet qui amontré que c’était possible de faire de la création, de la for- mation, de la diffusion.Tout s’arrête pour des raisons de politique culturelle. Pour- tant, la Compagnie Bacchus est recon- nue partout en France avec ses spec- tacles. Mais cette reconnaissance n’a pas payé devant les collectivités” regrette Jean Pétrement. Il y a un an, on pensait qu’une solution avait été trouvée aux problèmes de Bac- chus par la voie associative et la créa-

té de joindre de représentants du “Off.” A ce jour, nous n’avons pas obtenu de réponse. La fin du théâtre Bacchus, c’est aussi la fin d’une scène intermédiaire qui contri- buait à la diversité culturelle de Besan- çon. “Cette disparition est désolante” remarque Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture, qui n’a pas été informé offi- ciellement par les membres de l’association de la situation. Cependant, la fermeture du théâtre ne signifie pas que la Compagnie Bacchus est morte. Certes elle n’a plus de locaux à Besançon mais elle est bien vivante. Elle a rencontré le succès à Avignon, et prépare d’autres spectacles. En revanche, les cours de théâtre qu’elle donnait rue de la Vieille-Monnaie sont suspendus (près de 300 participants petits et grands). Mais elle cherche une solution pour les faire reprendre. De son côté, Habitat 25, le propriétaire des murs réfléchit à l’avenir du com- plexe culturel.“Soit nous retrouvons un occupant, soit nous transformons le site pour changer sa destination indique le bailleur. Plusieurs pistes sont possibles pour redonner vie à ces locaux.”Rideau.

CULTURE Saison 2013-2014 La Scène Nationale fait sa rentrée La nouvelle saison culturelle proposée par la Scène Nationale de Besançon est prometteuse tant par la diversité des spectacles proposés que par leur qualité. L’ intensité et la diversité sont les fils rouges de la saison 2013- 2014 de la Scène Nationale de Besançon. Elle fêtera la ren- trée le 5 octobre à l’Espace, lors d’un après-midi culturel qui se prolongera en soirée (tous publics, entrée libre). Spectacles courts, performances, ciné-concerts, les petits plats sont mis dans les grands de manière à donner un avant-goût de ce que sera cette saison culturelle résolument éclectique. C’est un concentré de disciplines artis- tiques “avec du cinéma et du spectacle vivant. Il y a une diversité de propositions, y compris pour la jeunesse” résume Anne Tanguy, direc- trice de la Scène Nationale de Besançon. Parmi les incontournables, il y a l’Orchestre Victor Hugo Franche-Com- té dirigé par Jean-François Verdier que l’on retrouvera notamment dans une création originale à laquelle participeront l’Ensemble Sym- phonique de Neuchâtel et le trompettiste Érik Truffaz. De cette ren- contre naît un spectacle de jazz “électro symphonic” intitulé “Avant l’aube” qui est très prometteur sur le papier. Toujours dans le registre du jazz, la scène du théâtre accueillera une figure du genre, la pianis- te américaine Carla Bley accompagnée d’un bassiste et d’un saxopho- niste. Au menu encore, plusieurs opéras dont Castor et Pollux (Jean- Philippe Rameau) interprété par l’ensemble Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon. “Cet opéra ne sera donné que dans trois lieux en France” précise Anne Tanguy. Parmi les instants rares, figure aussi l’opéra Owen Wingrave, une œuvre composée en 1971 par Benjamin Britten. Côté danse cette fois, la programmation proposée par la Scè- ne Nationale est audacieuse. La Compagnie Pernette est attendue dans “La Cérémonie”. On mesurera par ailleurs l’étendue du talent de la chorégraphe italienne Ambra Sénatore, en résidence à Besançon, dans deux pièces, “John” et “A Posto”. De son côté, dans “Jim”, Paulo Ribei- ro et sa compagnie vont entraîner le public dans l’univers très poétique et tourmenté du chanteur charismatique des Doors, de Jim Morrison. À noter encore une interprétation particulière du Lac des cygnes “Swan lake” par la compagnie sud africaine The Dance Factory. Mais c’est la chorégraphe Maguy Marin qui va créer l’événement cet- te saison avec “Salves”, son spectacle coup-de-poing sur la vie et la société. Personnalité plutôt discrète, elle a accepté d’aller à la rencontre du public. Opéra, musique, théâtre, cinéma, cirques, cette saison 2013- 2014 compte plus d’une centaine de dates et autant de respirations culturelles à Besançon.

tion du “Off.” Cette “aca- démie des arts vivants”, structure indépendante, avait repris la gestion du théâtre dans l’objectif de mutualiser ce lieu. La Compagnie Bacchus ne devenait dans le dispo- sitif qu’un locataire par- mi d’autres. Ce projet de mutualisation qui devait permettre de répartir les frais a visiblement échoué. Nous avons ten-

“Cette disparition est désolante.”

SOCIÉTÉ Pas une S.D.F. Christine, la chanteuse de rue, invitée en Allemagne La chanteuse que les Bisontins entendent

L es oreilles de nombreux Bison- tins ont déjà capté la voix de Chris- tine et le son de sa guitare. Ce bout de femme, auteur-compositeur, est célèbre pour chanter dans les rues, à l’angle de la rue des Granges ou au centre de la Grande rue. Mais atten- tion, Christine Tissot n’a rien d’une S.D.F. C’est une artiste. Dans notre numéro de février 2012, nous l’avions suivie à l’hôpital Saint- Jacques de Besançon où elle chantait pour les personnes malades. Si l’opération n’a pu se poursuivre, la chanteuse vient de vivre un coup du souvent au centre-ville commence à se faire une petite notoriété.

sort original. Un jour d’été, comme elle le fait souvent, elle chante au marché Beaux-Arts à Besançon. Et comme toujours devant elle, Christine pose sur le bitu- me ses cartes de visite et un panier où les gens peu- vent déposer quelques pièces. Un touriste alle- mand se saisit d’une carte. Quelques semaines plus tard, il la rappelle et l’invite à chanter dans une ville proche de Stuttgart lors d’une grande fête “des jar-

11 000 visiteurs.

Anne Tanguy, directrice

Christine Tissot a rencontré par hasard un touriste allemand à Besançon lorsqu’elle jouait. Quelques jours plus tard, elle était invitée à se produire à une grande manifestation près de Stuttgart.

de la Scène Nationale de Besançon.

dins”. Elle partira tous frais payés jouer devant 11 000 visiteurs. “C’était mon cadeau de fin d’été” s’amuse celle qui maîtrise la plupart du répertoire de la chanson française. “Tant que je pour- rai, je chanterai toujours dans la rue”

poursuit-elle. Après avoir évolué dans le jardin du musée Courbet, invitée à se produire lors d’une remise de la Légion d’honneur, Christine écrit avec ce voyage en Allemagne une nouvelle note à son riche répertoire.

Renseignements :www.scenanationaledebesancon.fr Tél. : 03 81 87 85 85

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