La Presse Bisontine 143 - Mai 2013

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 143 - Mai 2013

NAISSANCE Visite de la nouvelle maternité Les premiers bébés de Minjoz Le personnel de la maternité craignait le déménagement à Minjoz. Six mois plus tard, les professionnels trouvent leurs marques et les parents leur compte. La maternité, colorée et high-tech médicalement, fait l’unanimité. Le nombre de naissances a progressé au premier trimestre.

N ous les avions quittés inquiets. Pour ne pas dire nostalgiques. En octobre dernier, La Presse Bisontine s’était rendue à la maternité Saint-Jacques de Besançon pour évoquer le grand déménagement à Minjoz. C’était la fin d’une époque : celle des naissances au centre-ville. Peur de l’inconnue, d’un établissement plus grand sans aucun renfort de per- sonnel, la déception de quitter la Boucle bisontine ou celle de galérer pour sta- tionner son véhicule, telles étaient les

préoccupations d’une partie des pro- fessionnels de santé. Ils semblent aujourd’hui rassurés à les écouter depuis leurs locaux flam- bant neufs situés au troisième étage du nouvel hôpital. Le déménagement s’est “très bien déroulé. Nous l’avions anticipé” commente après coup le pro- fesseur Didier Riethmuller, chef du pôle mère-femme à l’hôpital. “Nous disposons actuellement d’un plateau technique digne d’un hôpital régional, en contact avec la recherche” précise-

t-il. Aujourd’hui, les chambres vétustes, pour ne pas dire pourries du C.H.U. Saint-Jacques, ont laissé place à des espaces lumineux et équipés de maté- riel afin que la maman se sente bien avec son enfant. Les couloirs sont agré- mentés de dessins peints sur les murs. “Et les 41 chambres sont individuelles” rapporte Catherine Linher, cadre de santé. “Nous avons également un maté- riel renouvelé avec de nouvelles tables d’accouchement, ainsi qu’une nouvel- le unité : la chambre Kangourou qui permet aux enfants ayant besoin de soins de ne pas être “coupés” de leur maman” précise-t-elle. Autre point positif pour le personnel affecté au nettoyage : la fin des recoins inaccessibles à nettoyer ou des joints de salle de bains jaunis par le temps à ten- ter de rendre blancs. Bref, le pôle mère- femme respecte son statut de niveau 3 (réanimation, néonatalogie…). Oubliés également les transports en couveuses en traversant le parvis de l’hôpital dans le froid comme c’était le cas à Saint- Jacques. Les couveuses sont désormais au même étage ! Pour Sandra, maman de Lohan né le 6 avril, la naissance dans ce nouveau cadre la conforte un peu plus dans son bonheur d’être devenue mère : “Je ne connaissais pas l’ancienne maternité, mais par rapport au service ici, je suis heureuse d’avoir accouché ici.” Heureux, les personnels de santé ne le sont pourtant pas tous. Il faut encore gérer les déplacements dans les longs couloirs. La gestion de leur emploi du temps a également changé avec des jour-

nées de 3 fois 12 heures. Facile à digé- rer pour les jeunes auxiliaires puéri- cultrices ou les aides-soignantes, ça l’est beaucoup moins lorsqu’on approche de

ne chôme pas. Déjà 604 bébés sont nés entre début janvier et le 31 mars. “Ce sont des bases hautes, comparables à celles de 2008. Mais il faudra attendre la fin d’année pour savoir s’il y aura beaucoup de naissances” témoigne Catherine Linher. Le pôle a profité de son déménagement pour revoir les horaires des visites, possibles de 15 heures à 20 heures “On profite pour faire des réunions d’information, préparer le retour à la maison” dit l’hôpital. La page est tournée. Aux nouveaux parents d’écrire leur bonheur dans le nouveau livre blanc de Minjoz… E.Ch.

l’âge de la retraite. “Mon premier jour de repos, je suis fatiguée, je mets du temps à récupérer” témoigne un des 180 pro- fessionnels du pôle. Pour les responsables, ces horaires permettent aux équipes de travailler en binôme. Une fatigue qu’il faut mettre dans sa blouse… d’autant que le service

L’heure des visites a changé.

Lohan, joli bébé né le 6 avril à 1 h 03, fait le bonheur de Sandra sa maman et de Stéphane son papa.

PERSONNEL

Faire toujours plus avec moins

“Le moral

Pour finir correctement son travail, une partie du personnel pointe sa sortie… mais revient dans le service. Des heures supplémentaires

des troupes est au plus bas” L’hôpital dispose d’un bel outil mais les salariés seraient fatigués, déconsidérés, voire sous-payés au regard des tâches effectuées dit le syndicat C.F.D.T.

souvent perdues.

U ne partie du personnel ne va pas bien. Beaucoup se taisent et courbent le dos. Ce constat, c’est le syndicat C.F.D.T.,majo- ritaire à l’hôpital, qui le dit. “Le dia- logue social n’existe plus avec la direc- tion. Si les gens n’y arrivent pas, elle (la direction) les culpabilise. La trans- parence n’est pas là. Nous demandons à ce que l’étude sur les risques psycho- sociaux, faite en 2012 et qui a coûté 40 000 euros, soit divulguée. On ne l’a jamais reçue” dit Vincent Maubert, représentant du personnel et délégué syndical C.F.D.T. qui avait suspendu les négociations lors du déménagement de Saint-Jacques “pour ne pas prendre la direction en otage” poursuit-il.Aujour- d’hui, la bataille reprend. Agrandissement de l’hôpital, travaux,

nouveaux plannings, nouveaux horaires, nouvelles missions, ont grignoté le moral des troupes, occasionnant de l’absentéisme. “Beaucoup attendaient un changement en mai dernier, après les élections présidentielles” souffle le syndicaliste. Exemple simple des “tra- cas” polluant le moral : le cas des ves- tiaires. Décentralisés le temps des tra- vaux, leur emplacement contraint une partie des salariés à se rendre à l’étage moins deux, sous le pôle cœur-poumon, pour ensuite rejoindre leur lieu de tra- vail situé parfois à l’opposé. Un che- minement qui peut coûter jusqu’à dix minutes supplémentaires dans le plan- ning des infirmières ou aides-soignantes. Pire, certains n’arrivent même plus à faire leur travail dans le temps impar- ti. Du coup, conscience professionnel-

le oblige, le personnel soignant va poin- ter pour valider la sortie de service… mais revient pour finir le soin qui n’a pu être terminé. Ces heures pourraient être comptées en heures supplémen- taires mais encore faut-il les argu- menter et les faire accepter par la hié- rarchie. Pire, une infirmière a dû faire des pieds et des mains pour argumenter un jour de repos pris pour soigner son enfant, qui s’était fracturé la mâchoire. “Cer- tains chefs de service décident eux- mêmes le nombre de jours pour enfants malades qu’un salarié peut prendre. Chacun fait son règlement ! C’est n’importe quoi. Il existe des situations inéquitables selon les services” pour- suit la C.F.D.T.

Ajoutez à cela le problè- me des parkings, à moi- tié résolu avec la mise en place de barrières, et vous comprendrez le malaise latent. Ce désa- grément des retards de la vie courante passerait mieux si les salariés “se sentaient considérés” dit le syndicat qui a œuvré - et obtenu - la revalori- sation de statut des tech- niciens de maintenance.

revalorisé comme nous le demandions car ils font gagner de l’argent” dit Vin- cent Maubert. Mais d’autres sont en souffrance. C’est le cas des ingénieurs en recherche, embauchés à 1 500 euros. “Ils se tai- sent car ils espèrent être titularisés.” Idem pour ceux qui répondent au télé- phone et orientent les patients. “La direction va à l’encontre de la loi en argumentant qu’elle n’a pas assez d’argent pour revaloriser.” Entre les “petites” mains de l’hôpital et la direction, un fossé s’est-il creusé ? Sur le plan physique, il est bien réel. La direction est en effet restée au centre- ville pendant que les autres déména- geaient à Minjoz… E.Ch.

Des ingénieurs en recherche embauchés à 1 500 euros.

Ce personnel a d’ailleurs réalisé un filmdans lequel il montre toute la palet- te de l’activité. Ils sont une des pièces maîtresses de la structure. “L’hôpital a besoin d’eux alors leur statut a été

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online