La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

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COMMERCE

Les banques refusent d’investir

Qui veut la peau d’Éco-Market aux 408 ? Les banques refusent d’investir dans le supermarché hallal malgré un développement constant depuis 2011. La raison : son implanta-

tion dans un quartier difficile. Comme une goutte d’eau, l’indemnisation tramway vient d’être refusée au gérant.

L e magasin “Ed” s’est cas- sé les dents. Trop d’insécurité, de vanda- lisme, il a baissé pavillon en 2011 laissant une surface commerciale vide au cœur du quartier des 408 rue Brûlard à Besançon. Au passage, 2 000 habitants se retrouvaient sans commerce. Un couac. Le 9 février 2011, Erdogan Eser arrive comme le sauveur en rou- vrant ce commerce de 800 m 2 . Comme “l’illuminé” aussi. Qui voudrait bien investir ici, dans un quartier que l’on dit incon- trôlable ? Ce Français d’origine turque n’a que faire des idées reçues et le prouve au fil des

mois. À l’image du supermar- ché qu’il a développé à Chenô- ve, quartier difficile de Dijon, il utilise les mêmes recettes et les applique à la sauce bisontine. Il vend des produits répondant aux attentes des habitants en vendant de la viande hallal et dialogue avec les fauteurs de troubles. Entre 2011 et 2012, Eco-Mar- ket voit son chiffre d’affaires croître. Si elle possède des camé- ras de vidéosurveillance, elle n’utilise pas d’agent de sécuri- té pour faire sa police. “J’avais tout prévu… mais sous-estimé que les banques refuseraient d’investir ici car je suis dans un

quartier difficile. Une banque me l’a écrit noir sur blanc !” explique le gérant, fataliste. Conséquence directe : il ne peut ainsi réunir la somme afin de racheter les murs mais trouve

Erdogan Eser (à droite) ici avec son frère a créé 10 emplois dans le quartier des 408 avec le magasin Éco-Market.

toutefois un accord avec Ed, propriétaire des murs (groupe Carrefour) pour être locataire le temps de trouver un banquier. Seu- le la Banque Populaire le suit à hauteur de 33 % de l’investissement.

Une implantation refusée au centre.

Pas suffisant. Aujourd’hui, la location qu’il paye est deux fois plus impor- tante que s’il devait rembour- ser un prêt pour acheter ses murs. Le gérant n’a pas sou- haité que nous communiquions la somme déboursée. Il a frap- pé à toutes les portes (Ville, pré- fecture), jusqu’à écrire au

ministre du Redressement pro- ductif pour chercher et trouver de l’aide. “J’ai créé 10 emplois, 2 postes d’apprentissage, 2 postes de stagiaire, dans un quartier ou personne ne veut aller sans aucune aide ni subvention. Je ne demande pas d’argent de la collectivité, juste un prêt pour financer des murs ! Oséo refuse de venir ici car cela ne fait pas trois ans que je suis installé. Si le public ne vient pas ici, le pri- vé ne viendra jamais. C’est illo- gique, dit-il. Je n’aurais jamais loué ce magasin avec un tel mon- tant de loyer si j’avais pu anti- ciper la lâcheté et l’hypocrisie des banquiers et autres institu- tionnels” reprend le gérant. Malgré cette épine dans le pied, son magasin affiche une pro- gression en chiffre d’affaires… sauf depuis juillet dernier, date des premiers travaux du tram- way. Depuis les coups de pelle- teuse, c’est un capharnaüm devant son magasin occasion- nant de nombreuses gênes. “Un jour, un fossé dans la chaussée ne nous permettait plus d’entrer sur le parking, photos à l’appui. Mon chiffre d’affaires est en bais- se mais la C.I.A.T. (commission indemnisation tramway) a refu- sé mon dossier le 13 décembre dernier. Logique, ils ont pris en compte mon chiffre d’affaires depuis un an et non depuis juillet dernier, moment où les travaux ont débuté” explique-t-il sans véhémence mais avec dépit. Un recours a été déposé… et sa

demande retoquée le 12 mars ! Comme une goutte d’eau de plus, son parking (privé) est réguliè- rement squatté par les locataires de Grand Besançon Habitat (G.B.H.). Le bailleur reste sourd aux réclamations du proprié- taire alors que des voitures-ven- touses y stationnent la nuit. G.B.H. que nous avons tenté de joindre n’a pas donné suite. Désabusé, le gérant se rend à l’évidence : “Si je n’ai pas le sou- tien d’une banque d’ici la fin de l’année, j’arrête tout” lâche le gérant qui aide les associations en matériel lorsqu’elles organi- sent des manifestations ou paie les maillots du club de foot local…qui a disparu cette année faute de repreneur. La fermeture de l’enseigne son- nerait le glas d’un commerce local déjà difficile à installer ici. Adjoint au commerce, Jacques Mariot dit “avoir fait son pos- sible en frappant jusqu’à la por- te de la préfecture pour aider Monsieur Eser.” L’élu au com- merce le “remercie d’être là” mais se montre impuissant. Les remerciements iront droit au cœur du chef d’entreprise. Pas sûr toutefois qu’ils l’aideront ! La Ville fait un vœu pieux… et omet de préciser qu’elle a refu- sé à M. Eser une implantation dans un autre quartier de la vil- le car le magasin ne vendait ni porc, ni alcool. Besançon aurait- elle un problème avec ce genre de commerce ? E.Ch.

SANTÉ

Clinique Saint-Vincent E.O.S. révolutionne la radiologie Le cabinet de radiologie de la clinique Saint-Vincent vient d’investir dans un nouvel appareil très performant tant au niveau de la qualité des images qu’il restitue, que de la très faible dose d’irradiation pour le patient. Cette technologie est issue des travaux de Georges Charpak, prix Nobel de physique.

L’ E.O.S. ne ressemble pas aux sys- tèmes d’imagerie traditionnels utilisés dans les cabinets de radio- logie. Derrière son apparence de cabi- ne de douche, cette machine est un petit bijou de technologie créé par une socié- té française E.O.S. Imaging. Cette entre- prise a développé un appareil qui est une application concrète des travaux de Georges Charpak, prix Nobel de phy- sique 1992. Un outil synonyme de révo- lution pour les praticiens qui l’utilisent. Sa particularité est qu’il “nous permet de réaliser une radiographie complète du corps dans sa position debout” remarque HervéVerdot, médecin radio- logue associé à l’équipe de radiologie de la clinique Saint-Vincent. Cela fait unmois et demi maintenant que l’E.S.O. a été installé dans ce cabinet bisontin. Ce nouvel appareil est une valeur ajou- tée par rapport à l’activité de la cli- nique dont une des spécialités est l’opération du rachis notamment chez l’enfant. Chaque année, 2 500 patients sont pris

EN BREF

Aborigènes Le Gymnase-espace culturel et la galerie Histoires Aborigènes vous invitent à découvrir l’exposition “Prendre la hauteur” du 30 avril au 26 mai. Cette exposition vous mènera à la rencontre de l’art aborigène du désert central australien. Installée au Gymnase-espace culturel de l’I.U.F.M. de Franche-Comté au Fort Griffon, cette exposition s’accompagne d’une programmation de visites, conférence et lecture. Capitalisme Le C.A.C. (Collectif pour des alternatives au capitalisme) organise le samedi 6 avril à 20 h 30 une projection, en présence de l’auteur, du film de Pierre Carles, Hollande, D.S.K, etc. Au cinéma Victor-Hugo. Débat après la projection. Tarif unique : 5 euros. Par ailleurs, le 3 mai, à l’Entrepôt (57, chemin de Halage de Casamène) à 19 h 30, projection du film Walter en résistance, en présence de Charles Piaget. Entrée gratuite, participation souhaitée. Livres Foire aux livres organisée par S.O.S. Amitié Besançon Franche-Comté vendredi 5 avril de 15 heures à 19 heures, samedi 6 avril de 10 heures à 19 heures et dimanche 7 avril de 10 heures à 17 heures au gymnase du 28, rue Fontaine-Écu à Besançon.

en charge dans ce cabi- net de radiologie pour des problèmes de colon- ne vertébrale. “On peut imager parfaitement les troubles de la statique chez l’adulte comme chez les enfants scoliotiques” poursuit Hervé Verdot. Pour obtenir ce résultat en quelques secondes seu- lement, “un mécanisme de balayage permet à deux capteurs d’images brevetés, l’un pour l’image de profil, l’autre pour l’image de face, de réali- ser la radiographie du

Le docteur Hervé Verdot, devant cette nouvelle machine qui permet de radiographier tout ou partie du corps de la personne qui se tient debout.

50 machines en service

radiologie traditionnelle “déjà très peu irradiants” remarque encore le Doc- teur Verdot. L’entreprise française a commerciali- sé une cinquantaine de ces machines à travers le monde dont une vingtaine en France. Il y a en a deux à Besan- çon, dont une dans ce cabinet privé de radiologie et l’autre au C.H.U. Ce nou- vel outil ne remplace pas les systèmes d’imagerie dont sont équipés les cabi- nets de radiologie mais il est complé- mentaire. T.C.

patient sur toute sa hauteur. Les clichés obtenus en 2D peuvent ensuite bénéfi- cier d’une modélisation 3D” précise la société. E.O.S. Imaging. En ayant une vue globale du squelet- te, les spécialistes peuvent affiner leur diagnostic et mieux détecter les sources d’une anomalie de la colonne verté- brale qui peut être liée aussi à un pro- blème de hanche ou de genou. La performance de cette technologie se situe également dans la dose d’irradiation du patient qui est envi- ron 10 fois inférieure aux systèmes de

dans le monde.

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