La Presse Bisontine 142 - Avril 2013
La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013
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Les chiffres-clés Effectifs. 4 931 militaires en poste à Besançon dont 680 civils employés par lʼarmée et 1 204 réservistes, soit 7 243 personnes (fin 2012). 2 états-majors, 3 régiments, une vingtaine dʼorganismes et de services spécialisés. Cʼest lʼune des plus fortes présences militaires opé- rationnelles en France. Social. 1 800 foyers, 2 000 enfants sco- larisés. On dénombre 500 logements domaniaux ou conventionnés. 900 familles se logent dans le secteur civil. Économie. 330 millions dʼeuros en poids économique comprenant la masse sala- riale, les achats, les investissements. Lʼarmée est le premier acheteur et pre- mier investisseur public de France. La Défense représente plus des 2/3 des marchés publics de lʼÉtat et plus dʼ1/4 de lʼensemble des marchés publics des collectivités. Recrutement. 375 postes disponibles chaque année. Plus de 300 militaires reconvertis en Franche-Comté par an. Informations : cirfa.besancon@terre- net.defense.gouv.fr Budget de fonctionnement , groupe- ment de soutien de la base de défense de Besançon. Il comprend les dépenses liées à la vie courante. 2,3millions dʼeuros pour le 19 ème régiment du génie de Besan- çon, 2 millions dʼeuros pour le 13 ème régi- ment du génie de Valdahon. Opération. Chaque année, 3 000 mili- taires des unités franc-comtoises sont engagés en opérations extérieures. Gendarmerie. Viennent se greffer les effectifs de la gendarmerie (aujourdʼhui sous tutelle du ministère de lʼIntérieur, mais qui restent des militaires), soit 1 900 personnes pour toute la Franche- Comté, dont 520 dans le Doubs. Envi- ron 10 % de la population de lʼagglomération bisontine.
ÉCONOMIE Les entreprises locales 200 fenêtres à changer et une chaudière… L’armée est un chantier mobilisant des entreprises privées régionales. La société Cofely-Axima de Châtillon-le-Duc réalise 15 % de son chiffre d’affaires avec les militaires. C’est 5 % pour l’entreprise Tapon- not, spécialisée dans le B.T.P. Une autre, de menuise- rie, décroche un chantier de trois mois. Visite.
David, technicien en chauffage pour une entreprise extérieure, est affecté spécia- lement à la maintenance du chauffage des casernes.
15 heures, réunion de chan- tier. Au rez-de-chaussée d’un des trois bâtiments de la caserne Ruty à Besançon, deux salariés de l’entreprise Cofely-Axima s’affairent au chevet d’une des chaudières. La machine, plutôt bruyante, produit et distribue l’eau chaude réchauffant les bâtiments abri- tant les officiers de l’armée. Une des chaudières - en fin de vie - va être rem- placée par une autre, à condensation. “Elle consommeramoins. L’armée veut, elle aussi, faire une économie d’énergie” témoigne David, technicien de la socié- té Cofely. Le spécialiste du chauffage intervient tous les jours dans les casernes de Besançon. “Nous avons en charge l’entretien et l’exploitation des instal- lations de chauffage,de production d’eau chaude, des ventilations et climatisa- tion de la base de défense. Cela repré- sente 15 % de notre chiffre d’affaires” témoigne Vincent Coquiard, chargé d’affaires pour la société bisontine. Surveillance, réglage, entretien cou- rant, dépannage et maintien en état
de propreté des installations des casernes Joffre, Ruty, Brun, Hugo, Lyautey et Thoraise… rapportent 100 000 euros par an à la société. Elle est engagée jusqu’en 2015. “C’est un chantier important” synthétise le char- gé d’affaires. C’est d’autant plus vrai en période de crise économique. “Chaque entreprise répond à des appels d’offres” précise le Général Marc Foucaud qui aperçoit, depuis sa fenêtre, les travaux menés par une entreprise de menui- serie dont la mission est de remplacer 200 fenêtres de la caserne Ruty. C’est une firme jurassienne (Lons-le-Sau- nier) qui a remporté l’appel d’offres. Trois de ses salariés travaillent ici pour une durée estimée à trois mois. “Tra- vailler pour l’armée, ce n’est pas une première” témoigne Johan Montrollin, gérant. Les contraintes sont identiques à des chantiers civils, à une différen- ce : les salariés doivent montrer pat- te blanche avant de rentrer dans l’enceinte militaire. “C’est d’autant plus vrai en période Vigipirate” précise un militaire. Autre domaine imparti aux entreprises civiles : le terrassement. L’entreprise de travaux publics Taponnot basée à Ecole-Valentin réalise environ 5 % de son chiffre d’affaires avec les militaires. “Ce n’est pas un immense chantier mais c’est un complément, d’autant que ce sont de bons payeurs. On travaille en confiance” admet le chef d’entreprise dont les salariés interviennent sur la voirie, trottoirs, fuites d’eau et assai- nissement mais aussi transport de matériel. La base de défense bisonti- ne met d’attaque l’économie locale. E.Ch.
200 fenêtres seront remplacées à Ruty dans le cadre de l’amélioration énergétique.
POINT DE VUE Les militaires représentent 1 800 foyers “En treillis à Besançon, on ne vous dévisage pas”
Les militaires sont consommateurs et
L es militaires ont des principes. Lorsqu’ils quittent leur caserne pour la vie civile, ils enlèvent treillis et rangers pour redevenir des civils comme les autres. Parfois, par manque de temps, il arrive de déroger à la règle et ils déambulent du coup dans les rues bisontines en uniforme. “Mais à Besan- çon, contrairement àMarseille où j’étais affectée avant, on ne vous dévisage pas si vous êtes en treillis. On vous fait enco- re moins de remarques surtout si vous le parc civil. Arrivée en 2011 à l’état-major de Besançon, le capitaine Isabelle Casabianca évoque sa vie de militaire. Rencontre. acteurs de la vie locale. 900 familles logent dans
COMMENTAIRE Le maire “L’armée est la plus grosse entreprise de cette ville” Jean-Louis Fousseret assure qu’il sera “vigilant” à la sortie imminente du Livre blanc sur l’armée, pour préserver les contingents actuels à Besançon. La Presse Bisontine : Quel est votre rapport avec l’armée ? Jean-Louis Fousseret : Besançon et l’armée, c’est une histoire très ancien- ne. Je pense qu’ici les soldats sont comme des poissons dans l’eau. Ils ne sont pas seulement acceptés à Besançon, mais souhaités. Voir un militaire se balader en treillis dans les rues de Besançon n’a jamais choqué personne. Avec un peu plus de 5 000 militaires, et plus de 10 % des foyers par rapport à la population globale, l’armée fait partie inté- grante de notre ville. C’est aussi 2 000 enfants scolarisés et 500 loge- ments, c’est une vraie activité économique et sociale pour la ville. Il y aussi de vrais liens affectifs entre la ville et les militaires. Par exemple, nous avons envoyé de nombreux colis aux soldats présents en Afgha- nistan. Personnellement, je suis très attaché à ces rapports. Je comp- te bien que tout cela continue. L.P.B. : Justement, le Livre blanc de l’armée qui est en cours de préparation, vous donne-t-il des motifs d’inquiétude ? J.-L.F. : Je réaffirme mon soutien total aux militaires. Et je compte bien avancer ces arguments du poids économique qu’ils représentent pour défendre la position de Besançon dans ce Livre blanc. Ce document n’est pas encore finalisé et je serai très vigilant. J’ai envoyé un courrier à Jean-Yves Le Drian le ministre de la Défense pour avancer nos argu- ments, et je lui ai même rendu visite il y a quelques semaines à mon ministère. Si on devait enlever les militaires à Besançon, ce serait pour la ville comme une sorte d’amputation. Je suis confiant et attentif. Recueilli par J.-F.H.
Le capitaine Isabelle Casabianca arrivée il y a deux ans à l’État-major dit se “plaire” à Besançon.
te fois. Confort, elle est parvenue à trou- ver une place pour son bambin non loin de sa caserne. Spécialisée dans le domai- ne juridique, elle fait office de legal advisor (conseiller juridique) à l’État- major force 1. Comme la plupart de ses camarades, elle ne loge pas en caser- ne même si son mari est militaire de carrière. Aujourd’hui, avant d’être des acheteurs de biens immobiliers du Grand Besançon, les hommes de la défense sont aussi des locataires. Les 5 000 qui sont en poste à Besan- çon - soit 1 800 foyers et plus de 2 000
enfants scolarisés - logent dans 500 appartements domaniaux ou conven- tionnés. Les 900 autres familles se logent dans le secteur civil. Ce monde fait vivre le commerce local. Si officiers et sous-officiers déjeunent au mess (cantine militaire), il leur arrive de commander des plats cuisinés ou des pizzas dans les nombreux restaurants de la rue Bersot pour ceux en poste à la caserne Ruty.Anecdotique mais révé- lateur des liens qui se sont créés entre les deux mondes. Le temps de la “gran- de muette” semble révolu.
êtes une femme. L’armée est bien insérée. C’est agréable. Quand vous allez acheter votre pain avec l’uniforme, ça ne choque pas” confie le capitaine Isabelle Casa- bianca, qui conduit matin et soir son garçon âgé de dix mois dans l’une des crèches de Besançon… sans la tunique de militaire cet-
“Besançon, une ville agréable.”
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