La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013 L’ÉVÉNEMENT EN ATTENDANT LE LIVRE BLANC L’ARMÉE SERA-T-ELLE AU RÉGIME ? Les militaires et leurs familles représen- Retrouvez ce sujet en vidéo sur

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tent 10 % de la population bisontine soit un poids économique de 330 millions d’euros à l’échelon régional. Si la capitale régionale accueille l’une des plus fortes présences militaires opérationnelles en France avec 4 931 soldats, renforcée en 2008, la publication prochaine du Livre blanc pose question et nourrit des inquié- tudes. À l’heure où la Ville reconvertit l’ancienne caserne Vauban désaffectée en éco-quartier, peut-elle éviter une érosion des effectifs voire des fermetures fonctionnement courant ? Quelles sont les sociétés qui profitent des chantiers à réaliser dans les différentes casernes ? Les militaires sont-ils de bons payeurs ? Quelles sont leurs habitudes de garnisons dans un contexte d’économie de 7 % du budget de

de consommation ? Éléments de réponse.

INTERVIEW Général de division Marc Foucaud

“Je serais étonné de voir le nombre de régiments augmenter” L’armée se prépare à de nouveaux changements en attendant la publication du Livre blanc appelé à réorganiser le système de défense français. Besançon, ville de garnisons, a-t-elle les forces pour éviter d’éventuelles restrictions ou ferme- tures ? Éléments de réponse avec le Général de division Marc Foucaud.

L a Presse Bisontine : Le Livre Blanc de l’armée doit divulguer les pistes en matière de défense jusqu’en 2019. Attendu début mars, sa publication est repoussée à avril. Quels sont les enjeux pour Besançon, première ville militai- re de la région ? Doit-elle craindre des rema- niements voire des fermetures de régiment ? Marc Foucaud (Général de division - État- major Force 1) : L’évolution majeure aujourd’hui, c’est la crise budgétaire et financière. L’enjeu est de définir comment malgré cette contrainte financière très lourde nous pouvons garder un outil de défense cohérent, une voix de notre pays qui porte ? En clair, comment rester en première division en déterminant les moyens humains et financiers pour cette phase 2014-2019. C’est en ce moment que se taille la maquette de défense du pays. Les enjeux globaux de ce Livre Blanc doivent définir l’ambition puis les moyens. L.P.B. : En tant que général, êtes-vous direc- tement impliqué dans les négociations ? M.C. : Non car je commande l’état-major de force numéro 1, un état-major tour- né vers l’opération. Je ne suis donc pas directement concerné par les réflexions. Ici, on subit les conséquences. L.P.B. : Subir les conséquences, cela veut-il dire que personne ne défend les intérêts de

nisons actuelles…

Besançon ? M.C. : La décision se prend depuis Paris avec des arbitrages parisiens. L.P.B. : Seul le lobby politique peut donc fai- re la promotion de Besançon ? M.C. : Oui, les politiques locaux ont leur rôle à jouer dans cette future carte. À mon niveau, je ne peux dire : “Telle for- mation va être créée, telle formation va être dissoute.” C’est aux politiques de jouer. L.P.B. : Franchement, vous n’avez aucune idée d’éventuelles restructurations ? M.C. : Je n’ai pas voix au chapitre. La

L.P.B. : En chef de commandement, redoutez- vous cette nouvelle réorganisation plus dure encore que celle instaurée en 2008 ? M.C. : Je ne connais pas le résultat du Livre Blanc mais je serais étonné de voir le nombre de régiments augmen- ter. Nous avons déjà perdu 54 000 hommes depuis 2008 (jusqu’en 2014). Nous nous sommes restructurés, avons mené une réforme très grande ampleur et rempli le contrat. L.P.B. L’ancienne réforme a-t-elle pesé sur le moral de vos hommes ? M.C. : Les militaires ont adhéré globa- lement. C’est dur. On ne peut pas élu- der le fait qu’il y ait eu 82 dissolutions d’unités et 47 transferts. Ce n’est pas rien car il y a des familles derrière cela d’autant que durant cette restructu- ration, les opérations se poursuivaient avec la Côte-d’Ivoire, la Libye, l’Afghanistan puis le Mali. L.P.B. : Quels sont les points pesant dans la balance en faveur de Besançon ? M.C. : Ici, il y a une forte implication avec deux grands états-majors, l’E.M.F. 1 et celui de la 7 ème Brigade blindée. Les régiments sont reconnus comme celui de Valdahon qui appartient à la 2 ème division blindée, héritière du géné- ral Leclerc et le 19 ème régiment du génie.

décision appartient au Président de la Répu- blique. À Besançon, il existe une cohérence du dispositif, une rationa- lisation et optimisation des moyens. Mais si demain on remet en cause la maquette actuelle de l’armée de terre, je pense que l’on dissoudra des unités. L.P.B. : Cela veut dire des disparitions ? M.C. : On ira chercher les unités là ou elles sont. C’est donc fatale- ment là où il y a des gar-

“Beaucoup de fiches de soldes.”

Le Général Marc Foucaud commande l’état-major de Besançon. Il rappelle les enjeux du Livre blanc pour Besançon.

Le point intéressant à Besançon est de posséder une concentration d’unités militaires avec une base de défense assurant le soutien. L.P.B. :L’autre force,c’est le camp duValdahon. M.C. : Effectivement.C’est important car le camp permet de manœuvrer et tirer. Il y a un centre de formation initial de militaires qui viennent de s’engager. Par ailleurs, la garnison de Besançon se sent bien ici dans la ville.

L.P.B. : Parce qu’ils sont en ville ? M.C. : Oui, parce qu’ils sont dans une ville de taille humaine. Tout se passe bien avec les élus, la population. C’est positif. L’armée professionnelle, c’est beaucoup de familles, des fiches de soldes, des enfants et une vie sociale à laquelle nous participons. De nom- breuses entreprises régionales tra- vaillent pour l’armée dans le cadre d’appels d’offres bien sûr. Nous avons un rôle dans la société. Propos recueillis par E.Ch.

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