La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

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CRISE ET CULTURE

La réaction d’un réalisateur

La Région arrête son cinéma Coup de tonnerre dans le monde du cinéma : La région Franche-Comté a décidé de supprimer ses aides à la production. Une décision politique lourde de consé- quences avec de multiples dégâts collatéraux qui pourraient bien nous priver de futures stars du 7 ème art. Explications.

L a crise économique impose des choix budgétaires aux collectivités, c’est un fait. La Région Franche-Comté a donc décidé de continuer à aider sur son territoire les festivals de cinéma et d’aider les salles à pas- ser au numérique. Mais plus d’aide à la production comme ce fut le cas pour Monsieur Batignole, les Lip, Indigènes, le Peuple Migra- teur ou plus récemment Comme un lion de Samuel Collardey. “Pour ce film, j’ai obtenu 140 000 euros de financement de la Région alors que je n’avais absolument rien eu pour l’Apprenti” explique-t-il avant de détailler le principe de cette aide : “En fait, la somme annon- cée est toujours versée seulement par moitié par la Région, l’autre moitié étant apportée par le centre

national du cinéma (C.N.C.).” Le tout selon un cahier des charges précis, contraignant et généra- teur de retombées économiques. Samuel Collardey dit clairement regretter la décision du Conseil régional en s’appuyant bien enten-

Damien Jouillerot retenu aux côtés de Gérard Jugnot dans Monsieur Batignole. Pour autant, le réali- sateur franc-comtois l’affirme : “Rien ne m’empêchera de faire des films dans ma région même si ce sera forcément plus difficile.” À moins que d’ici là la Franche-Com- té ne s’aperçoive qu’elle manque au cinéma français. Follement, éperdument, douloureusement… ou tout au moins financièrement. Le cinéma va-t-il se mettre au dia- pason de la musique ? En faisant appel aux deniers populaires, des chanteurs comme Grégoire ont pu éclore. C’est sur ce modèle que la comédienne Michèle Laroque

entend financer son prochain film “Jeux dangereux”. Un long-métra- ge dont le budget sera bouclé si elle trouve les 10 % manquants, soit 400 000 euros. Elle a récem- ment expliqué sa démarche et fait appel au public lors d’un passa- ge à Belfort demandant aux spec- tateurs de devenir producteur en investissant 10 euros seulement. Une première en France. Alors à quand la souscription populaire pour financer le cinéma en Franche-Comté ? On fait bien appel à ce procédé pour faire reve- nir un célèbre chêne du Japon, alors… D.A.

cher en contrepartie des techni- ciens locaux, à faire appel à des gens du cru pour la figuration et aussi à engager des dépenses dans la région notamment pour l’hôtellerie” détaille-t-il. Au final, il aura dépensé 220 000 euros en Franche-Comté pour les salaires et autres frais liés à son long- métrage. Trois fois l’investissement réel de la collectivité. Mais sa déception va bien au-delà de ce simple aspect comptable : “Les films tournés ici permettaient à des jeunes de la région de com- mencer dans le métier, comme sta- giaire par exemple ce qui a été mon cas.” On pense également à

Samuel Collardey regrette la décision de la Région qui ne l’empêchera toutefois pas de revenir tourner en Franche- Comté.

du sur les consé- quences écono- miques liées au contrat signé en contrepartie de l’aide : “En tou- chant 140 000 euros pour mon film Comme un lion (10 % du budget total), donc réellement 70 000 euros de la Région, je me suis engagé à embau-

Un nouveau mode de financement ?

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