La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

LES POINTURES DE LA RECHERCHE

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

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ASTRONOMIE Céline Reylé sous la lunette L’astronome bisontine et la planète S.D.F. Céline Reylé a mis au jour une “planète errante” en collaboration avec une équipe de chercheurs européens et canadiens. Elle participera en octobre à une mission spatiale pour définir en trois dimensions la voie lactée.

À défaut d’être son outil de travail, l’Observatoire de Besançon situé au cam- pus de la Bouloie est son bureau. Trop vétuste, la lunette astronomique bisontine n’est plus utilisée par les chercheurs de l’Observatoire des sciences de l’Univers (1). Le lieu - classé monu- ment historique - fait aujourd’hui office de curiosité bisontine. Faire du tourisme, l’équipe de recherche n’en fait pas vraiment l’occasion lorsqu’elle se rend au Chi- li ou à Hawaï pour bénéficier des équipements astronomiques der- nier cri. En l’occurrence des lunettes pouvant explorer l’univers jusqu’à 13milliards d’années lumière ! C’est

à Hawaï que Céline Reylé, astro- nome à l’Institut Utinam et direc- trice de l’Observatoire des Sciences de l’Univers T.H.E.T.A. Franche- Comté Bourgogne, a fait une par- tie de “sa” découverte : une “pla- nète errante”, c’est-à-dire sans étoile autour d’elle.“CFBDSIR2149”, nom de celle-ci, se trouve à une centai- ne d’années-lumière de nous, dans la constellation de la Daurade. “C’est assez proche” disent les spécialistes. Pour mettre la main, ou plutôt l’œil sur cette sphère entre 4 à 7 fois de la taille de Jupiter, les chercheurs français et canadiens ont scruté 3 000 objets dans le ciel avant d’isoler celle-ci. À l’origine, Céline Reylé et les autres scientifiques

tentaient de découvrir des “naines brunes” ou “étoiles ratées”, des astres qui n’ont pas assez de masse pour déclencher des réac- tions faisant briller les étoiles. “L’intérêt de cette découverte n’est pas seulement sym- pathique, synthétise le chercheur. Cet astre ressemble aux exopla- nètes (planète en orbi- te autour d’une étoile autre que le soleil) mais que l’on peut étu- dier plus facilement du fait qu’elle n’est pas noyée par la lumière d’une autre étoile. C’est un avantage.” Ces objets sont importants car ils peuvent nous aider à mieux com- prendre comment des planètes peuvent être éjectées de leur sys- tème planétaire, ou comment des objets très légers peuvent résulter du processus de formation stellaire.

rents observatoires comme celui du Chili, construit en 1962 par 5 pays dont la France. Ainsi, Céline Reylé participe à une mission spatiale européenne (mis- sion Gaia) qui consiste à définir le positionnement et mouvement des astres dans la galaxie. Ce satellite (qui sera lancé fin octobre par une fusée depuis la base aérienne de Kourou en Guyane) permettra à l’équipe de disposer d’informations nouvelles. “À partir de là, nous pour- rons avoir une vision en trois dimen- sions de la voie lactée” poursuit le chercheur. Près de 300 personnes participent à ce programme dont Annie Robin et Jean-Marc Petit, de l’observatoire bisontin. Le programme de mesure astro- métrique espère “clarifier la com- position, la formation et l’évolution de notre galaxie. Il apportera des contributions significatives concer- nant les planètes extrasolaires, le système solaire, les galaxies exté- rieures et la physique fondamenta- le.” Toutes ces données devront être traitées. L’institut espère accueillir un poste de thésard - qui serait financé par le C.N.E.S. et la Région Franche-Comté - dont la mission sera de valider toutes les informa- tions provenant de cette prochaine mission. Il espère de nouvelles publi- cations et découvertes. E.Ch. (1) : L’Observatoire des sciences de l’Univers T.H.E.T.A. Franche-Com- té-Bourgogne fait partie du réseau des vingt-cinq Observatoires fran- çais chargés d’assurer la cohéren- ce des activités scientifiques et tech- niques concernant l’Univers et la Terre. Il regroupe des laboratoires et équipes bisontins et dijonnais. Composante de l’université de Franche-Comté à part entière, il est aussi placé sous la tutelle scienti- fique du C.N.R.S. par le biais de l’Institut national des sciences de l’Univers

Céline Reylé, dans son bureau de l’Observatoire de Besançon, pose devant la modélisation de la planète errante.

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“Une vision en trois dimensions de la voie lactée.”

L’âge de cet astre a pu être calcu- lé : entre 50 et 120millions d’années, un âge nettement plus jeune que la Terre avec ses 4,6 milliards d’années. Température (environ 400 degrés) et composition chimique ont été définies grâce à un suivi infrarouge réalisé au Chili. Pour- quoi l’infrarouge ? “Car les naines brunes sont tellement froides (- 3 000 °C) qu’elles émettent un peu de lumière rouge et principalement de la lumière infrarouge.” La découverte, assez proche en dis- tance de la terre, est importante pour comprendre les exoplanètes. C’est aussi une géniale carte de visite pour l’astronome bisontine et le laboratoire qui répond à des appels d’offres afin de bénéficier d’heures d’études dans les diffé-

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