La Presse Bisontine 142 - Avril 2013

22 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 142 - Avril 2013

EDGAR FAURE EN DATES Une longue, très longue carrière politique

Edgar Faure en compagnie de deux élus d’envergure du Doubs dans les années quatre-vingt : Robert Schwint et Huguette Bouchardeau (photos C.R.).

1946 : il entame sa carrière poli- tique en étant élu député radical- socialiste du Jura. 1949, 1950, 1951 : il est nom- mé secrétaire dʼÉtat aux finances puis ministre du Budget. 1951 : Edgar Faure est nom- mé ministre de la Justice dans le cabinet Pleven. 1952 : Il est pour la première fois président du Conseil (notre actuel premier ministre). Mais son gou- vernement ne durera que 40 jours, entre le 20 janvier et le 28 février. 1952-1953 : il est président de la commission des Affaires étran- gères de lʼAssemblée nationale. 1953 : ministre des Finances et des Affaires sociales dans le cabinet Laniel. 1954 : ministre des Finances et des Affaires sociales et du Plan dans le cabinet Mendès-France. 1955 : ministre des Affaires étrangères. 1955-1956 : il dirige pour la seconde fois le gouvernement. MAIRE 1947-1970 : maire de Port-Lesney (Jura). 1971-1977 : maire de Pontarlier. 1983-1988 : maire de Port-Lesney. CONSEILLER RÉGIONAL 1974-1981 : président de lʼétablissement public régional. 1981-1988 : président du Conseil régional de Franche-Comté.

1958 : ministre des Finances dans le cabinet Pflimlin. 1963 : après son retour au pou- voir, le Général De Gaulle charge Edgar Faure de préparer la recon- naissance de la Chine de Mao Tsé-Toung, il est envoyé en mis- sion en Chine. 1966-1968 : ministre de lʼAgriculture dans le cabinet Pom- pidou. 1968 : après les événements de Mai-68, il est ministre de lʼÉducation nationale, en charge de réformer lʼUniversité. 1972-1973 : ministre desAffaires sociales dans le gouvernement Messmer. 1973-1976 : président de lʼAssemblée nationale. 1978 : il est élu à lʼAcadémie française. 1979 : élection à lʼassemblée des communautés européennes. 1985 : Edgar Faure fonde le conseil des régions dʼEurope. CONSEILLER GÉNÉRAL 1949-1967 : président du Conseil général du Jura. 1967-1979 : conseiller général du canton de Pontarlier. DÉPUTÉ 1946-1958 : député du Jura. 1967-1980 : député du Doubs. SÉNATEUR 1959-1966 : sénateur du Jura. 1980-1988 : sénateur du Doubs.

RÉGION

Fidèle jusqu’à sa mort

Edgar Faure et la Franche-Comté De 1946 où il est élu député du Jura à sa mort en 1988 en président en exercice de la Région Franche-Comté, Edgar Faure aura marqué durant plus de quarante ans notre région.

S’il a cumulé autant de mandats en Franche-Comté, que retenir de son action locale, à part une forte impression qu’il a laissé à tous ceux qui l’ont côtoyé ? Selon les élus francs-comtois qui lui avaient rendu hommage pour les vingt ans de sa mort, Edgar Faure aura mar- qué plusieurs dossiers régionaux : l’ouverture de l’A 36 au milieu des années soixante-dix, le développement de la télé- phonie directe, c’est-à-dire sans standard, le sauvetage du Doubs ou encore l’électrification des lignes S.N.C.F. À Pon- tarlier, le mandat qu’il a exercé en tant que maire ne se passera pas aussi bien que les autres. Il se fait d’abord élire en 1967 député du Doubs. Et quatre ans plus tard, en 1971, il devient dès le pre- mier tour des municipales, maire de Pon- tarlier. Il ne fera qu’un mandat. “Très pris par ses fonctions de ministre aux Affaires sociales, Edgar Faure sera trop peu présent au goût des Pontissaliens” commente un proche de l’époque. Et même s’il a œuvré pour la création des premiers espaces verts dans la capitale du Haut- Doubs, d’infrastructures scolaires et spor- tives ou encore pour l’aménagement de la R.N. 57 (tiens, tiens…) entre Pontar- lier et Besançon, il ne sera pas réélu aux municipales de 1977, balayé par l’équipe du M.R.G. Denis Blondeau. Pas rancuniers, les habitants du Haut- Doubs l’ont réélu l’année suivante dépu- té et les Francs-Comtois l’ont hissé à la tête de leur région au scrutin au suffra- ge universel en 1986. J.-F.H.

D ans une de ses fameuses bou- tades, il déclarait volontiers lors de sa première élection en tant que député du Jura en 1946 : “Je suis Franc-Comtois de nais- sance, depuis tout à l’heure.” Un calem- bour très subtil sur la notion de para- chutage mais qui cachait une volonté réelle de se consacrer à sa terre d’élection. Il y resta d’ailleurs fidèle jusqu’à sa mort, malgré ses occupations sur les plans natio-

nal et international. Selon les historiens du Conseil régional de Franche-Comté, “Edgar Faure choisit de se présenter aux élections de 1946 dans le Jura pour deux bonnes raisons : son parti lui conseille vivement de le faire et il aime la Franche- Comté, dont il a déjà goûté les plaisirs en 1935, lors d’une plaidoirie à Lons-le-Sau- nier. En 1946, il est élu député radical- socialiste du département du Jura. Le début d’une grande histoire d’amour.”

SES MANDATS EN FRANCHE-COMTÉ

Il a présidé le Conseil régional de Franche-Comté jusqu’à sa mort en 1988. À gauche, on reconnaît Jean-François Robert, l’actuel président du C.E.S.E.R.

ENSEIGNEMENT L’Université Entre amertume et admiration C’est quand il était président de l’Université de Franche-Comté que Jean-François Robert a eu l’occasion de fréquenter Edgar Faure. Avec un souvenir mitigé quant au dossier défendu alors par l’illustre élu.

E n 1987, au cœur de la première cohabitation, les élus faisaient feu de tout bois pour s’affronter. Chaque dossier était alors vécu com- me l’occasion d’engager un bras de fer. Jean-François Robert a été en quelque sorte pris en otage de ces batailles poli- tique entre ténors de l’époque, et notam- ment Jean-Pierre Chevènement qui devait un peu gâcher la fête prévue avec la venue du ministre de l’Enseignement supérieur, premier du nom, Jacques Valade, à Besançon pour signer la charte de développement de l’Université. Une charte, bien grandmot pour regrou- per des financements de l’État qui avaient apparemment déjà été confir-

més auparavant pour la plupart d’entre eux. La venue du ministre n’a pas eu l’effet escompté, au grand damde Jean- François Robert élu l’année précédente à la présidence de l’Université. Le pré-

Faure qui tentait avec sa diplomatie légendaire de rapprocher des positions antagonistes. “L’Université était pas- sée en trois ans de 14 000 à 17 000 étu- diants. Nous avions vraiment besoin de moyens. Solliciter le ministre par- tait d’une bonne intention. Mais pour des raisons de querelles politiques, cet- te visite ministérielle a tourné à la catastrophe. Je me suis retrouvé le din- don de la farce dans l’histoire” se sou- vient Jean-François Robert, devenu plus tard président du Conseil écono- mique, social et environnemental de Franche-Comté (C.E.S.E.R.), fonction qu’il occupe toujours. Et dire que le ministre de l’Enseignement supérieur venait en Franche-Comté avec le sen-

sident Robert a été lit- téralement pris en ota- ge entre un ministre qui venait assurer son ser- vice après-vente en Franche-Comté, les élus locaux de gauche qui contestaient le contenu de cette charte, les mani- festants qui pestaient contre le manque de moyens des facultés franc-comtoises et Edgar

“Je me suis retrouvé le dindon de la farce.”

Jean-François Robert se souvient aussi d’une rencontre en privé dans la propriété d’Edgar Faure à Port-Lesney.

timent d’arriver “dans une région cal- me” disait-il… Jean-François Robert gardera un sou- venir plus serein du voyage qu’il avait effectué en Chine en compagnie d’Edgar

Faure et d’une délégation du Doubs, pour signer un partenariat universi- taire avec la province du Anhui. Un partenariat qui hélas n’aura pas eu de suite concrète… J.-F.H.

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