La Presse Bisontine 141 - Mars 2013

DOSSIER 24

La Presse Bisontine n° 141 - Mars 2013

RÉACTION

L’adjoint au commerce

En dix ans, Jacques Mariot a vu le commerce évoluer de manière inquiétante. E-commerce et crise conjugués donnent des raisons d’être très prudents sur l’évolution du commerce de centre et de périphérie à Besançon. “À terme, le commerce traditionnel est mort”

Cannes. Il y a 5 ans, je serais revenu avec 100 000 m 2 d’im- plantations dans mes bagages. Aujourd’hui, et ce n’est pas que pour Besançon, les offres se font beaucoup plus rares. Que Ségé- cé-Klépierre abandonne, c’est révélateur d’une vraie évolu- tion. L.P.B. : Et que dire du commerce de centre-ville ! J.M. : On parle beaucoup du tram mais ça prouve aussi que ce n’est pas, et de loin, que le problème du tram. En 8 ans, on a perdu 8 librairies à Besançon. Le vrai souci, c’est l’offre facilitée par Internet. Dans ce contexte, la Ville relance une étude sur le commerce de centre-ville afin d’élaborer une stratégie de redy- namisation avec un plan d’ac- tion précis. On ne peut pas bais- ser les bras. On est en train de recenser tout ce qu’il manque au centre-ville et quels sont les leviers possibles pour que telle activité puisse revenir. L.P.B. : Rien de bien réjouissant pour un dossier de centre-ville comme les Passages Pasteur où la F.N.A.C. ne viendra sans doute jamais ? J.M. : La stratégie de la F.N.A.C. est de créer des modèles plus réduits mais pas au centre-vil- le. Si la F.N.A.C. envisage de venir à Châteaufarine, c’est inac- ceptable parce qu’elle avait fait une lettre d’intention pour les Passages Pasteur. C’est inac- ceptable, mais la loi fait qu’on n’y peut plus rien. L.P.B. : C’est aussi la faute à la loi ? J.M. : La loi de modernisation de l’économie votée par le gou- vernement précédent fait qu’au- jourd’hui le commerce s’instal- le là où on n’en veut pas et pas là où il y en aurait besoin. L’exemple des Clairs-Soleils est parlant. On fait tout pour main- tenir le Spar et on est incapable de convaincre une banque d’ins- taller un D.A.B. ou de faire venir un coiffeur ou un opticien. On met 49 millions d’euros dans un plan de rénovation urbaine mais il faudrait un volet com- merce dans ces opérations. Il faut absolument lier l’habitat à l’humain. Le problème, c’est que les villes n’ont plus leur mot à dire avec la loi actuelle. Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Bisontine : Les Mar- nières à votre avis,c’est“mort”? Jacques Mariot : Le contrat de concession entre Ségécé-Klé- pierre, Carrefour et la C.A.G.B. date d’août 2008. Et ce contrat est le résultat d’une réflexion engagée trois ans auparavant. Le principal problème est jus- tement lié à l’évolution du com- merce entre 2005 et aujourd’hui. L’échec de ce contrat de conces- sion est juste lié au fait que Ségécé-Klépierre ne trouve plus de grandes enseignes nationales ou internationales susceptibles de remplir les 36 500 m 2 pré- vus. La crise et le développe- ment du e-commerce ont fait le reste.Avec Ségécé-Klépierre, on a essayé à plusieurs reprises par des avenants de modifier le contrat. On a fini par dire :“Stop,

on n’y arrive pas.”

L.P.B. : C’est le pro- blème des Marnières ou le problème du commerce en géné- ral ? J.M. : Il y a le fait qu’on fait beau- coup plus diffici- lement un espa- ce commercial sur une zone en pente. Et le prin- cipal souci aujourd’hui, c’est

“On ne peut pas baisser les bras.”

Jacques Mariot : “C’est inacceptable que la F.N.A.C. veuille venir à Châteaufari- ne… Mais on n’y peut rien.”

que le spectre de l’offre com- merciale s’est complètement élargi en terme de surfaces, géo- graphiquement et temporelle- ment. Aujourd’hui, on peut fai- re ses courses quand on a une insomnie à 3 heures du matin devant son ordinateur. C’est souvent plus rapide et moins cher. Ce qui me fait hélas pen- ser de plus en plus qu’à terme le commerce traditionnel est mort. L.P.B. : Donc vous laissez tomber ? J.M. : Non, quand il y a une caren- ce du privé, il faut que le public reprenne les choses en main. La C.A.G.B. relance une étude à hauteur de 87 000 euros pour voir comment sur ces terrains on peut trouver une locomoti- ve de 800 m 2 , avec deux élé- ments favorables : le futur ter- minus du tram et les 8 600 m 2 de la galerie commerciale de Carrefour qu’on a passé en C.D.A.C. il y a un an et demi. 50 boutiques sont prévues. Le problème, c’est qu’aucun coup de pioche n’est possible tant qu’un des co-propriétaires ne veut pas vendre. Donc on est obligé de revoir les ambitions à la baisse. Ce dossier va donc se faire au coup par coup. L.P.B. : L’avenir du commerce semble bien sombre… J.M. : C’est une tendance lour- de. Tous les ans je participe au marché international de l’im- plantation commerciale à

DÉVELOPPEMENT Numéro 1 régional 6,5 millions de passages par an à Châteaufarine Depuis le temps que les autorités annoncent que la zone de Châteaufarine est complète. Elle continue à croître, et ce n’est pas encore fini.

S elon l’adjoint au maire Jacques Mariot, “Château- farine est à saturation. Il ne reste que quelques ares de terrain du côté de Chez Masnada, là où il y avait un marchand de piscines. Ce terrain appartient à Casino. Nous n’avons plus de maîtrise foncière à Châteaufarine.” Pourtant, la crois- sance de la zone numéro 1 en Franche- Comté n’est sans doute pas terminée. La F.N.A.C. s’intéresserait à cette loco- motive régionale et dans ce cas, c’est en vertical que pourrait se faire le développement de la zone, c’est-à-dire au-dessus de la galerie commerciale existante en créant un niveau supé- rieur. Tout est ouvert pour le groupe Casino, propriétaire des lieux, qui se refuse pourtant à confirmer officiel- lement cette hypothèse. Le périmètre de Géant avec sa gale- rie commerciale totalisant 70 enseignes

Il n’y a quasiment plus de terrain disponible sur Châteaufarine… Pour l’instant.

sance inexorable, la zone de Châ- teaufarine doit donc aujourd’hui se tourner vers deux solutions possibles : la construction d’un niveau supérieur à la galerie commerciale, et l’exten- sion foncière de la zone vers l’Ouest. En ce qui concerne la première option, la société Mercyalis qui gère la gale- rie, explique qu’elle “avait été étudiée, mais cette piste est finalement aban- donnée. Nous avons prévu dans un premier temps de restructurer le centre commercial de manière à pouvoir accueillir 14 boutiques supplémen- taires” confie Nathalie Raillard de la société Mercyalis. Concernant la seconde option, elle pas- se par l’Ouest. Après Leroy-Merlin, on sort de Besançon pour entrer sur le territoire d’une autre commune : Avanne-Aveney. Il est question de rendre le plan local d’urbanisme de cette commune périphérique compa- tible avec la mise à disposition de ter-

rain pour une éventuelle extension de la zone commerciale. “Dans notre P.L.U. actuel, il y a une zone d’activité en réserve, prête à se débloquer sur l’ar- rière de Leroy-Merlin et de Ducky Kart. Il faut qu’on lance la révision du P.L.U., ça devrait se faire à court terme” confir- me le maire Jean-PierreTaillard. Dans les starting-blocks notamment, il y a Leroy-Merlin qui aurait le projet de doubler sa surface actuelle. Le péri- mètre de la future zone de Château- farine sur le territoire d’Avanne pour- rait ainsi s’étendre jusqu’au giratoire de Montferrand-le-Château, “ce qui permettra d’ouvrir un troisième accès à la zone commerciale.” Avec ce scénario, Châteaufarine n’au- rait alors pas fini d’être le grand lea- der du commerce local, loin devant les zones “concurrentes” de la périphérie bisontine et notamment de Chalezeule qui piétine. J.-F.H.

ne cesse d’accroître son attractivité. “Nous enre- gistrons aux trois entrées de la galerie 6,5 millions de passages par an” confie Jean-Marc Balanche, le responsable marketing de la galerie de Châ- teaufarine. La zone atti- re des chalands habitant jusqu’à 1 h 30 de route. La galerie de Géant, pour l’instant, affiche complet. “Une seule cellule est vide, elle va être occupée très prochainement.” Pour poursuivre sa crois-

14 nouvelles cellules en prépa- ration.

La galerie commerciale de Géant totalise 70 boutiques, bientôt 84 ? (photo J.-C. Sexe - Ville de Besançon).

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