La Presse Bisontine 121 - Mai 2011
BESANÇON
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La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011
INTERNET Plaintes déposées Des entreprises piégées par la méthode Cortix Dans le Doubs comme un peu partout en France, plusieurs entrepreneurs se sont laissé prendre au jeu du prestataire bordelais qui leur a vendu un site Internet. Le résultat coûteux, n’est souvent pas à la hauteur des attentes.
“F ranchement, je n’ai rien vu venir.” Ce jeune professionnel du bâtiment esti- me s’être fait “berner” par Cor- tix, le prestataire qui lui a ven- du un site Internet à plusieurs milliers d’euros. Il se retrouve aujourd’hui à payer un loyer mensuel d’environ 150 euros pour un outil de piètre qualité, réalisé sur la base du seul ren- dez-vous qu’il a eu avec le com- mercial de la société bordelai- se détaché sur le Doubs. “En plus, c’est moi qui ai dû envoyer tous les éléments, y compris les photos pour qu’ils puissent fai- re mon site. Je n’ai pas vu un seul technicien” ajoute-t-il. Le résultat ne correspond pas exactement à l’idée qu’il se fai- sait d’une vitrine sur le web cen- sée lui ramener des clients com- me lui avait promis la personne qui l’a démarché. Déçu, amer, affirmant se heurter à un mur
petite structure, souvent récen- te, et propose au responsable de lui créer un site Internet. Son argumentaire est imparable” explique l’avocate. Le procédé utilisé serait souvent le même. Par téléphone, un représentant de Cortix indique à son inter- locuteur qu’il souhaite rencon- trer des professionnels de son secteur d’activité sur la région (peintre en bâtiment par exemple) afin d’en sélectionner un pour développer un site pilo- te dont la création serait gra- tuite. Seul devrait rester à sa charge l’hébergement du site. L’offre est séduisante et son inté- rêt se confirme lors du rendez- vous avec le commercial au ter- me duquel l’entrepreneur embobiné se retrouve à signer plusieurs documents contrac- tuels sans savoir vraiment à quoi ils correspondent. Il y a notamment le bon de comman- de, un contrat d’exploitation du
à chaque fois qu’il a tenté d’avoir des explications de la part du prestataire ou d’obtenir des modifications, il s’est décidé de porter plainte. “Aujourd’hui, je ne veux plus payer pour ce site” lâche-t-il. Avocate à Besançon, Maître Sophie Duhoux-Cardot a été sai- sie à trois reprises par des clients mécontents qui cherchent à se dégager de l’engrenage coûteux dans lequel ils ont mis le doigt. Après être entrée dans le détail
Des clients se retrouvent à payer des loyers de 131 euros sur quatre ans pour un site archaïque, et qui parfois ne correspond même pas au domaine d’activité du client.
où l’on assume pleinement la méthode du one shot. “C’est pour cette raison que depuis environ un an nous avons intégré à nos contrats une procédure de rétrac- tation de dix jours qui permet à un client de se dégager dans ce laps de temps sans avoir de compte à nous rendre.” Cortix affirme qu’elle applique là une pratique réservée à des parti- culiers. Elle n’y est pas tenue dans le cadre d’un contrat com- mercial convenu entre deux sociétés. T.C.
rendre des comptes s’il a l’intention de ne plus payer. Cet- te organisation bien rôdée rend complexe l’action judiciaire. Contactée par nos soins, l’entreprise Cortix ne se défaus- se pas. Cotée en bourse, elle rap- pelle que sur un volume de 20 000 clients elle enregistre environ 150 plaignants. Elle affirme aussi être attentive à ces réactions dont elle aurait tiré les leçons. “Les problèmes rencontrés proviennent de com- merciaux qui ont voulu faire du zèle” explique-t-on chez Cortix
site Internet, et plus surprenant encore “le procès-verbal de livrai- son du site” s’étonne Maître Duhoux-Cardot. Dans le jargon commercial, on appelle cela la méthode du “one shot”, un ren- dez-vous, une affaire. Le paie- ment du site se fait sous la for- me de loyers mensuels versés pour une durée déterminée à la société de financement Parfip, partenaire de Cortix, dont le client découvre le plus souvent l’existence aumoment d’honorer ses premiers remboursements. C’est à cet organisme qu’il devra
de chacun de ces dossiers, elle a d’abord observé que la méthode commerciale mise en œuvre par Cortix pour vendre des sites Internet était redoutable. “En général, un com- mercial se pré- sente dans une
“Des commerciaux qui font du zèle.”
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