La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

LE GRAND BESANÇON 28

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

NOVILLARS 8 millions d’euros Le porteur d’eau des temps modernes Quand un usager tire sa chasse d’eau à Roulans, les effluents arrivent 3 heures plus tard à la station de Port-Douvot à Besançon. Le Sytteau vient d’inaugurer un réseau de transport des eaux usées révolutionnaire. La qualité de l’eau est en jeu.

Le président du Sytteau Michel Stègre explique le principe de fonctionne- ment de transport des eaux usées.

36 centimes d’euro, c’est le prix que coû- te par jour à un couple consommant 100 m 3 d’eau par an le nouveau réseau de transport et de trai- tement des eaux usées de la val- lée du Doubs inauguré le 8 avril par le Sytteau (syndicat des eaux). Un prix peu élevé en com- paraison des lourds investisse- ments réalisés depuis dix-sept mois par ce syndicat qui a créé avec l’appui d’entreprises com- pétentes un réseau long de 27 km pouvant transporter 1 500 000 m 3 d’effluents par an ! Son président Michel Stegre a donc réalisé un pari fou : condui- re depuis Roulans toutes les eaux usées des villages de la

vallée (Laissey, Deluz, Vaire- Arcier,Vaire-le-Petit, Novillars, Roche, Chalèze, Thise, Chale- zeule) jusqu’à la station de trai- tement de Besançon Port-Dou- vot. Un défi technique car le réseau devait emprunter un che- min avec très peu de dénivelé (11 mètres sur 24 km). Autre difficulté : convaincre près de 80 propriétaires pour autoriser la servitude de passage (il a fal- lu 6 mois) et surtout tenir un budget. “Nous avons déboursé 8 millions d’euros alors que 10 millions d’euros étaient pré- vus. Il y a 5 ans, j’ai annoncé la

couleur en disant que nous maî- triserions les coûts. L’objectif est atteint” lâche Michel Stegre qui bénéficie de l’aide du Conseil général et de l’Agence de l’eau qui ont apporté 2,6 millions d’euros de subventions. Le res- te (6,2 millions) est financé par le syndicat qui a contracté un emprunt stabilisé sur une pério- de de 25 ans. Depuis février 2011, ce sont les rejets d’environ 11 000 habi- tants qui sont collectés, traités “et bientôt disséqués.” Comme les ordures ménagères, les pro- duits sont triés avant d’être ren- voyés dans le réseau, le tout sui- vi par informatique. En cas de panne électrique, des processus de secours sont prévus, évitant un débordement des effluents. Un des objectifs du Sytteau : diagnostiquer les rejets de chaque village, chaque usine. “Les stations d’épuration ont chacune leur spécificité, dit Michel Stegre. Celle de Roulans a plutôt des rejets médicamen-

teux car il y a une entreprise d’insémination artificielle.ÀThi- se, nous retrouvons davantage des produits industriels.A l’odeur et à la couleur, je peux vous dire ce rejet provient d’un village ou d’une petite ville” annonce amu- sé le président, qui sans le dire, aimerait un jour faire valoir le principe du pollueur-payeur. “Mais pour cela, il faut aider les industriels à se mettre aux normes” concède ce dernier qui ne veut pas céder au catastro- phisme en matière de qualité de l’eau mais appelle à une pri- se de conscience générale. Avec ce réseau long de 27 km, voilà le Doubs protégé d’éventuels rejets nocifs. Des campagnes d’analyses vont être menées à la sortie de chaque station d’épuration. Près de 140 paramètres seront recherchés. D’autres projets sont à l’étude, à l’image d’un probable raccor- dement des villages de Mont- faucon et de Saône. E.Ch.

Le réseau va de Roulans à la station de Port-Douvot.

BOUCLANS

Blocage sur le prix d’achat

“J’irai jusqu’au bout” Hervé Humbert, l’agriculteur sous le coup de l’expropriation foncière engagée par la communauté de communes dans le cadre du projet de zone d’activité économique, ne se laissera pas faire.

La crainte de riverains “Il n’y aura pas d’odeurs” À Chalezeule, des riverains de la station d’épuration ont senti quelques mauvaises éma- nations. Tout est rentré dans l’ordre. C omme les odeurs, les craintes vont se dissiper. Cʼest en tout cas ce que vient dʼannoncer le Sytteau. Début avril, quelques riverains de la station dʼépuration de Chalezeule se sont inquié- tés de sentir des mauvaises odeurs émanant de la station dʼépuration où des travaux de réfection étaient engagés. Propriétaire dʼune maison secondaire lovée au bord du Doubs, Danièle Girard en faisait partie. “Le printemps, je quitte Besan- çon pour profiter de la verdure ici, dans ma petite maison de campagne. Plusieurs fois, nous avons senti de mauvaises odeurs. jʼespère que ce nʼest pas la conséquence du nouveau réseau” confiait-elle. Depuis cette date, tout semble être rentré dans lʼordre : “Lʼodeur était tout à fait normale car nous procédions à des travaux dans cette usine avec lʼenlèvement de la matière” explique le président du Sytteau. Les travaux sont aujourdʼhui terminés, les craintes dʼune puanteur avec.

U n projet de zone d’activité à Bouclans ali- mente les conversations et les débats depuis 10 ans, sans avancée significative. Cet aménagement devait ini- tialement permettre demain- tenir le tissu économique existant. L’objectif reste inchangé même si l’on peut penser que certains entre- preneurs ou artisans n’ont pas eu la patience d’attendre aussi longtemps pour se déve- lopper. Le problème serait réglé depuis longtemps si le ter- rain retenu au moment du P.O.S. était situé sur le domai- ne communal et non privé. C’est le grain de sable qui grippe tout le mécanisme. Toute la zone appartient en

deVaîte-Aigremont qui a déci- dé d’engager une procédure d’expropriation. “On nous fait une proposition à 1 euro le m 2 seulement alors que ces parcelles seront revendues pratiquement 19 euros le m 2 après viabilisation. Je ne suis pas d’accord” , explique Her- vé Humbert. Cet agriculteur est égale- ment très sceptique sur la réussite de l’opération. Selon lui, la commune a déjà connu plusieurs échecs en tenant d’aménager des zones simi- laires. Il y voit d’ailleurs une tout autre finalité. “En lan- çant un projet de zone d’activité, ça leur permet de préempter des terrains et ensuite de transformer le pro- jet en lotissement. C’est aus- si pour ça que je n’accepte pas les conditions proposées.” Bruno Leclert, maire de Bou- clans et vice-président de la C.C.V.A. ne veut pas entrer dans la polémique. Il appor- te quandmême quelques pré- cisions. “Rappelons bien qu’il s’agit d’un projet intercom- munal. Au niveau du P.O.S., c’est impossible de transfor- mer une zone d’activité en lotissement. Concernant le prix de revente, on est plutôt autour de 15 euros le m 2 dans

Hervé Humbert refuse de vendre à 1 euro le m 2 du terrain qui sera revendu selon lui près de 20 fois plus cher.

n’ont pas accepté la tran- saction. “Au risque de faire un fâcheux précédent” , jus- tifie Bruno Leclert. Hervé Humbert reste cam- pé sur ses positions. Il est prêt à aller jusqu’au bout du combat judiciaire. Il construit déjà sa défense en arguant que la commune dispose d’autres terrains adjacents à la Z.A.E. et qui pourraient, toujours selon lui, tout à fai- re convenir. F.C.

effet à diffé- rents proprié- taires, dont Hervé Hum- bert, agricul- teur qui en possède la plus grande partie. C’est le seul qui refu- se aujourd’hui la solution amiable de la Communauté de Communes

l’objectif de réaliser une opé- ration blanche.” Hervé Humbert qui affirme n’avoir jamais signé la moindre promesse de vente avait fait une proposition à la commune par le biais de son notaire en juillet 2007. “La parcelle concernée par la Z.A.E. fait 2,7 ha. Sachant que je loue un terrain com- munal de 1,64 ha, j’ai pro- posé un échange assorti d’une soulte évaluée à 16 750 euros.” La commune et la C.C.V.A.

Transformer le projet en lotissement.

Propriétaire d’une maison secondaire non loin de la station d’épuration de Chalezeule, aDanièle Girard peut être rassurée.

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