La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

25 La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

BESANÇON

Chiffres 2010 L’horlogerie-bijouterie française progresse, mais… Le secteur de l’horlogerie-bijouterie française fait un bond de 9 % par rapport à 2009. Un résultat encourageant, mais qui est à nuancer largement. E n 2010, le chiffre d’affaires du secteur de l’horlogerie-bijou- terie française est en augmentation. Avec 1,9 milliard d’eu- ros hors taxes, le résultat de la production réalisée dans l’Hexagone progresse de 8 % par rapport à 2009. L’augmenta- tion est de 0,4 % pour l’horlogerie (0,2 milliard d’euros) et de 9 % pour la bijouterie-joaillerie (1,7 milliard d’euros). Malgré cette évolution positive, les statistiques présentées par la Chambre Française de l’Horlogerie indiquent que la part des importations a augmenté dans des proportions beaucoup plus fortes. Elles pèsent 3,7 milliards d’euros en 2010, soit 21 % de plus que l’année précédente. Dans le détail, elles font un bond d’18 % pour l’horlogerie (1,5 milliard d’euros) et de 23 % pour la bijouterie-joaillerie (2,2 milliards d’euros). La courbe de la consommation sur le marché français suit la même tendance. Elle augmente de 16 % par rapport à 2009. Sans véritable surprise, 74 % des montres consommées dans notre pays proviennent de Chine, 1 % de France et 7 % de Suis- se. Celles qui sont importées du territoire helvétique occupent donc une faible part du marché, mais ce sont elles qui ont la plus forte valeur (73 %). Précisons encore que le nombre de montres françaises vendues à l’étranger est en recul de 21 %. Le secteur qui parvient à tirer son, épingle du jeu est celui des fabricants de bracelets de montres en cuir ou en métal. Selon la Chambre Française de l’Horlogerie, 94 % des produits sont exportés dont 75 % vers la Suisse.

Zone Lafayette S.M. 25 à la croisée des chemins L’entreprise bisontine est un des acteurs

discrets mais solides de l’horlogerie bisontine. Depuis près de trente ans, elle assure les réparations pour de grandes marques… suisses.

“I ls se font mousser, c’est bien…” lâche en toute franchise Michel Urbain au sujet de la “soi-disant renais- sance” de l’horlogerie bisontine. À lui, on ne la raconte pas. Cet horloger bisontin a bientôt qua- rante ans d’expérience. Il a tout connu, la grandeur et la déca- dence de l’horlogerie locale. Cet ancien de chez Yéma est aujour- d’hui le responsable technique de la société S.M. 25 (Service Montres du Doubs), installée depuis quelques mois dans de grands locaux fonctionnels sur la Z.A.C. Lafayette. Créée par

que le petit monde de l’horloge- rie est lui aussi impitoyable. Et que la vérité du jour n’est plus celle du lendemain. Actuelle- ment, cette société de 9 salariés amorce un nouveau virage. Elle qui ne travaillait quasiment que pour un client unique (un grand groupe suisse) avec plusieurs marques dont elle assurait il y a encore quelques années tout le service après-vente, voit peu à peu ce donneur d’ordres réin- tégrer son S.A.V. en interne.Alors avant qu’il ne soit trop tard, elle tente aujourd’hui d’élargir son portefeuille de clients pour ne plus dépendre d’un unique don- neur d’ordres. “On se diversifie aujourd’hui dans la pendulerie ou le “terminage”, c’est-à-dire l’assemblage de montres finies. Et pour ne plus être pieds et poings liés avec ce client princi- pal, on est allé chercher de nou- veaux clients à Bâle” résume la gérante. C’est ainsi que des contrats se sont conclus récem- ment avec d’autres marques suisses comme Cover,Vulcain et RaymondWeil qui ont choisi d’ac-

Marilyne Isidore-Kupfer, gérante de S.M. 25, se bat pour récupérer de nouveaux clients.

corder leur confiance à S.M. 25. “Ces clients représenteront moins de volumes mais comme ce sont des produits plus haut de gam- me, cela nous permettra de réa- liser des prestations à plus for- te valeur ajoutée” ajoute M me Isidore-Kupfer. Comme d’autres sociétés bison- tines orientées vers le S.A.V. ou le terminage - Heurequal 25 rue de Belfort, Réparalux à Saint- Ferjeux… -, S.M. 25 se bat pour renforcer sa présence qui ne dépend que du bon vouloir des marques ou des groupes suisses qui font 99 % dumarché de l’hor- logerie dans le monde. “Dans les

années qui viennent, les Suisses vont continuer à avoir besoin de nous, essentiellement pour le S.A.V. Alors il faut arrêter de se regarder le nombril et être bien conscients que nous dépendrons toujours de la Suisse” termine Michel Urbain sans se départir de son franc-parler. Et si Besançon devenait la capi- tale mondiale du S.A.V. horlo- ger ? Certains trouvent l’idée plus crédible que celle qui ten- drait à faire croire que Besan- çon oumême le Haut-Doubs vont à nouveau devenir l’eldorado de la fabrication horlogère. En attendant, à côté des exemples

Michel Vertel, la société a été repri- se il y a sept ans par une ancienne salariée, Marilyne Isidore-Kupfer,arri- vée à l’âge de 20 ans dans l’entreprise. Si Michel Urbain et en même temps Marilyne Isidore- Kupfer restent sur leurs gardes, c’est qu’ils savent bien

“Il faut arrêter de se regarder le nombril.”

les plus prestigieux, il existe encore un tissu de P.M.E. qui se battent tous les jours pour se

faire entendre dans le grand concert horloger mondial. J.-F.H.

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