La Presse Bisontine 117 - Janvier 2011

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La Presse Bisontine n° 117 - Janvier 2011

CINÉMA

L’acteur du Doubs Damien Jouillerot sans fard Le jeune acteur originaire du Haut-Doubs dont la carrière a été lancée par Gérard Jugnot poursuit sa vie de comédien. Il est au théâtre en ce moment, bientôt à la télévision. Même si le cinéma le sollicite moins en ce moment, le comédien garde une étonnante lucidité sur sa jeune carrière.

Damien Jouillerot, 25 ans et déjà presque dix ans de carriè- re. Il était nommé en 2005 aux César dans la catégorie “meilleur espoir masculin”.

L a voix est douce, le ton bien- veillant. Quelques pleurs der- rière lui, c’est le petit Gabin, deux ans et demi, dont papa s’occupe beaucoup depuis sa naissan- ce. Le papa, il a tout juste 25 ans. Il s’appelle Damien Jouillerot. Profes- sion : comédien. Installé à Paris,Damien Jouillerot a passé les dix dernières années de sa vie sous la lumière des projecteurs. En ce moment, leur clar- té est moins forte, la crise n’a sans dou- te pas épargné le cinéma. C’est donc au théâtre que Damien Jouillerot assouvit sa passion de la comédie. La pièce, mise en scène par Arthur Jugnot, fait un carton. Ça tom- be bien, c’est son titre. Damien Jouille- rot tient un des principaux dans “Le carton”, une pièce qu’il joue tous les soirs au théâtre Tristan-Bernard à Paris. Et même si le cinéma lui fait moins les yeux doux en ce moment, le comédien originaire de Frambouhans garde une belle lucidité sur sonmétier. “Il y a des moments plus calmes que d’autres. À part quelques grandes stars en France, il ne faut pas se leurrer, c’est difficile pour tout le monde. La crise concerne tous les métiers, y compris le cinéma et les chaînes sont elles aussi un peu plus frileuses qu’avant” recon- naît l’acteur. Pour lui, l’essentiel, c’est d’assouvir sa passion. “Que ce soit à la

télé, au cinéma ou au théâtre, l’important est de jouer” dit-il. L’an prochain, cela fera dix ans déjà que Gérard Jugnot l’engageait dans Monsieur Batignole où le débutant cre- vait l’écran par son naturel et sa “gueu- le”. “Je n’ai surtout pas à me plaindre, ajoute l’acteur. J’ai bossé comme un malade depuis dix ans, sans arrêt.” C’est au culot qu’il avait démarré sa carrière aux côtés de son “père” dans le métier. Gérard Jugnot cherchait un adolescent aux cheveux bruns et aux yeux bleus. Le jeune Damien, 16 ans à l’époque, est brun aux yeux marron. “Pas grave répond-il à Jugnot qui fai- sait des repérages dans le Haut-Doubs : je me couperai les cheveux et je mettrai des lentilles.” Sa ténacité a payé, Jugnot l’engage et on connaît la suite. Il enchaîne les films, parfois à raison de deux par an, les téléfilms, le théâtre

vi les cours, c’est un peu plus compli- qué” reconnaît Damien. Son physique loin de l’image que l’on peut se faire du jeune premier, l’a servi. Il peut aus- si le desservir. “C’est le problème du cinéma français. Une fois que vous avez été dans un rôle, on a tendance à vous y cantonner. On savait que je pou- vais très bien faire un mec nerveux, à un moment donné, on ne me proposait plus que ça” dit-il. Au théâtre, ce ne sont pas les mêmes barrières. “J’ai eu trois rôles, à chaque fois complètement différents.” Aujourd’hui, Damien Jouillerot est trop vieux pour jouer les adolescents, un rôle dans lequel on l’a peut-être trop souvent cantonné, et trop jeune pour jouer les hommes mûrs. Son rêve d’acteur : “Jouer un grand truand ou un flic” avoue-t-il. Le cinéma lui a récem- ment fait quelques propositions. Peut- être par superstition, il n’ose pas enco- re en parler… Rien n’entame la détermination du comédien qui arrive cependant à un tournant de sa jeune carrière. Il évoque par exemple le cas de Benoît Magimel, découvert très jeune dans “La vie est un long fleuve tranquille”, qui a ensui- te quasiment disparu de la circulation et qui revient en haut de l’affiche depuis quelques années. “Ce petit passage un peu plus tranquille, c’est sans doute un

mal pour un bien. Aumoins je n’ai plus l’étiquette du mec qui n’a jamais rien fait pour y arriver” plaide le jeune hom- me de Frambouhans, lui qui est pour- tant un gros travailleur. “La chance n’arrive pas seule, j’ai fait mes preuves. Quand je vais à un casting, je suis com- me un boxeur qui entre sur le ring.” D’un support à l’autre, Damien Jouille- rot saute avec une agilité déconcer- tante. En attendant que le cinéma pen- se à nouveau à lui, le 11 décembre, on devrait le voir dans un téléfilm diffu- sé sur France 3, “Tempêtes”, où il joue le rôle d’un sauveteur enmer aux côtés de Philippe Torreton. “En revanche, je sais que je n’ai pas le physique pour une chaîne commeTF1. Pour leurs films, ils cherchent des gens au visage lisse, ce n’est pas mon cas” sourit-il. Aucune aigreur chez Damien Jouille- rot. À 25 ans, son C.V. de comédien aurait de quoi faire pâlir plus d’un jeu- ne premier. “Je ne m’inquiète pas pour la suite et je n’oserai jamais croire que le début de carrière que j’ai eu ces der-

nières années va s’arrêter. Je suis dans une transition” analyse celui qui a aus- si consacré les deux dernières années de sa vie à son petit Gabin qui lui a pris “80 % de mon temps.” Une chose est sûre à l’entendre : l’envie est intac- te. Parallèlement à sonmétier d’acteur, Damien Jouillerot assouvit en ce moment une autre passion : le dessin. “Je prépare une B.D. en lien avec le ciné- ma” annonce le jeune homme. Installé à Paris, Damien Jouillerot n’en oublie pas pour autant sonHaut-Doubs natal. “Je n’y reviens pas très souvent. Mais j’aime remonter là-haut quand il y a de la neige, surtout avec mon petit” dit-il. “C’est plutôt nous qui montons le voir maintenant” ajoute samaman… Pourtant il sait que sa région d’origine lui a aussi apporté les bases solides d’une vie saine. La persévérance et la sincérité sont certainement des valeurs qu’il a apprises dès son plus jeune âge, sans doute aussi au cours des longs hivers passés à Frambouhans. J.-F.H.

aux côtés de Maria Pacôme et de JeanPiat notamment. Il connaî- tra aussi des échecs avec le plus récent des films qu’il a tourné avec Gérard Jugnot, “Rose et noir”. “Main- tenant, à 25 ans,quand je fais des essais, je me retrouve avec des gens demon âge qui ont sui-

“Je ne m’inquiète

pas pour la suite.”

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