La Presse Bisontine 116 - Décembre 2010

Non, Besançon n’est pas Marseille en terme d’insécurité. Pas de règlements de compte, encore moins d’attaques à main armée d’envergure. Pourtant, le sentiment de vulnérabilité n’a jamais été aussi élevé dans le département et la capitale comtoise, véhiculé en grande partie par des “petits” méfaits polluant la vie des Bisontins, jeunes ou âgés. Du traditionnel vol au braquage avec violence, La Presse Bisontine a enquêté, témoignages à l’appui. La mairie de Besançon qui croit à la prévention et la médiation avant la répression est attaquée par deux élus d’opposition. Ils veulent “proposer une vraie politique de sécurité.” L’insécurité augmente, les violences aussi Vols, braquages, agressions physiques et atteintes aux biens croissent inexorablement à Besançon et dans le Doubs. Le point. SÉCURITÉ EN BERNE À BESANÇON ? L’ÉVÉNEMENT 6 INSÉCURITÉ Besançon n’est pas préservée La Presse Bisontine n° 116 - Décembre 2010

POLITIQUE L’U.M.P. critique “La sécurité est un choix politique” Élus d’opposition U.M.P., Édouard Sassard et Michel Omouri délivrent des pistes pour diminuer la délinquance à Besançon. “B esançon n’est pas Chicago mais la vie des Bisontins est empoisonnée par des incivilités, de la petite délinquance.” C’est en partant de ce constat que les élus d’opposition Édouard Sassard et Michel Omou- ri (U.M.P.) lancent une série de propositions concrètes destinées “à améliorer

le quotidien des Bisontins.” Selon eux, la municipalité en pla- ce n’a pas une volonté politique de faire baisser l’insécurité. Le maire Jean-Louis Fousseret appréciera. L’incendie de l’école Champagne à Planoise, l’accident du petit Bilal renversé par un scooter, les événements de Grenoble, la mendicité agressive, les nuisances sonores en ville, tous ces événements les ont poussés à énumérer une série de proposi- tions (lire le zoom). “On a commencé à réfléchir au début de l’été en se disant : chiche, on fait quelque chose de concret pour faire baisser les incivismes” dit Édouard Sassard. Une de leur volonté :donner plus de pouvoir aux policiersmuni- cipaux tout en faisant grossir les rangs de ce service en le fai- sant passer à 21 membres et les associer avec la police natio- nale. Sur le papier, c’est bien. Dans la réalité, cela semble plus complexe car lesmoyens financiers de la ville ne sont pas exten- sibles. Comment les payer ? “En utilisant la dotation sociale

“Nos propositions ne coûtent pas d’argent.”

L es chiffres sont ce qu’ils sont. Implacables, toujours contes- tables. Si la délinquance dans le Doubs augmente de manière croissante depuis les neuf derniers mois, les statistiques tiennent à peu de cho- se. Prenez l’exemple de ce quidam d’en- viron 35 ans croupissant à la maison d’arrêt de Besançon pour avoir commis une cinquantaine de vols à Besançon et en périphérie jusqu’à la fin de l’été. À chaque fois, son mode opératoire était le même : “Il repérait une voiture avec une plaque d’immatriculation étrangè- re et volait ce qu’il y avait à l’intérieur, rapporte le commissaire de Police de Besançon. Il a été condamné une pre- mière fois mais a tout de suite récidivé en commettant d’autres vols.” Placé sous les barreaux, le chiffre des plaintes enre- gistrés au commissariat de Besançon “a mathématiquement baissé” explique ce dernier. Si ces “petits” méfaits font fluctuer les résultats, il n’en demeure pas moins que les vols avec violence ne cessent d’augmenter dans le Doubs (+ 35,7 % en septembre dernier), les cambriolages

urbaine (D.S.U.), une aide apportée par l’État” répond Édouard Sassard. Et Michel Omouri d’ajouter : “On peut également utiliser le contrat civique jeune de Martin Hirsch pour embaucher des jeunes de 16 à 25 ans. Embauchés, ces derniers pourraient accompagner des personnes âgées lorsqu’elles vont par exemple retirer de l’argent au distributeur à billets.” Pour le financement de la vidéo-protection, ce n’est pas un problème disent-ils : il y a les aides de l’État et un réseau de fibre optique à Besançon. Pour la mise en place du numéro vert que les Bisontins pourraient joindre en cas d’incivilité, les policiers municipaux répondront la journée et les corres- pondants de nuit à partir “sans que cela ne coûte plus cher.” Partants du constat que la délinquance chez les jeunes bisontins (24%) est supérieure à lamoyen- ne nationale (18 %), ils aimeraient qu’un établissement d’excellence puisse naître. Les deux élus concluent : “Nos propositions ne coûtent pas d’argent. C’est seulement une volonté politique !”‡ Cette avancéemédiatique est condam- née par la majorité en place : “Je ne laisserai pas dire que le maire de Besan- çonn’est pas sensible à ces questions de sécurité” déclare LazharHakkar,adjoint à la sécurité et tranquillité publique .“Les propositions de la droite sont à court terme.Un exemple : notre service d’action sociale prend en charge plus de 1 000 personnes. Notre dispositif vise la prévention, la médiation, la sanction. Dans les quartiers, on sent l’amélioriation mais il y a encore du travail” reconnaît l’adjoint. E.Ch. Les propositions de la droite - Utilisation de caméras de vidéosurveillance à Battant, Planoise et dans la Boucle avec un centre de supervision. - arrêté municipal interdisant la mendicité au centre-ville et près des centres commerciaux au moins en période estivale. - Création de “Proximʼsécurité” avec un numéro vert à la disposition de tous. - Proposer aux commerçants de sʼéquiper en téléprotection pouvant être reliée à la police municipale. - Permettre aux personnes âgées de retirer en sécurité de lʼargent au dis- tributeur à billets en étant accompagnés dʼune personne. - Création dʼune brigade mixte policiers municipaux et nationaux avec des chiens dissuasifs en cas de conflits avec alcool ou de tapage. - Création dʼun conseil pour les droits et devoirs des familles avec des sou- tiens aux parents ayant des difficultés à assumer leurs responsabilités édu- catives, en lien avec un plan de prévention départemental de la délinquan- ce sous lʼégide du Conseil général.

Dans le Doubs, 1 161 atteintes aux biens ont été enregistrées en septembre dernier (+ 6,42 % en un an). Les forces de l’ordre multiplient les contrôles.

votre maison, une voiture suspecte, com- posez le 17 !” dit le lieutenant-colonel Guillaume Grimaux, responsable des gendarmes du Doubs. Dans la réalité, on doute fortement qu’une patrouille se déplace à la suite d’une appréciation d’un civil. On espère avoir tort. Dans une étude inédite menée durant quatre ans auprès de 68 000 ménages dont une partie de Francs-Comtois, l’Ob- servatoire national de la délinquance livre ses résultats. À savoir que la Franche-Comté est avec le Limousin la région la plus “sûre” en terme de cam- briolage. Au hit-parade des mauvais élèves : l’Île de France, la Haute-Nor- mandie, Rhône-Alpes, P.A.C.A. Les espaces les moins peuplés seraient les moins touchés. L’enquête nous apprend que le cam- brioleur ne se retrouve qu’une fois sur cinq nez à nez avec son cambrioleur.

“Si ce chiffre est faible, l’impact psy- chologique sur la victime est, lui, très fort” analyse Cyril Rizk, un des auteurs de l’enquête et membre de l’Observa- toire national et des réponses pénales (O.N.D.R.P.). Le montant moyen d’un cambriolage est de 6 500 euros et plus que jamais, la hausse du cours de l’or fait des bijoux une cible de choix. À noter que dans un cambriolage sur trois, les voleurs repartent avec les outils de jardinage, ou de bricolage… Pourquoi le taux d’élucidation est-il si faible ? En raison du peu d’indices. Pour- quoi moins de perquisitions chez des roulottiers présumés ? “Parce que ces derniers écoulent au plus vite leur stock” répond la police. Et pourquoi très peu de filature ? “Nous ne sommes pas aux États-Unis” rétorque de son côté le com- missaire de Besançon. E.Ch.

Une étude menée durant

(+ 33,59 %), sans par- ler des abus de confian- ce (+ 104,9 %). Face à cela, la préfec- ture rappelle que “la mobilisation des ser- vices est toujours accrue, comme en témoigne la hausse notable des infractions relevées (+ 38,01 %).” Elle rap- pelle “la nécessité pour chacun d’adopter un comportement quotidien vigilant, afin de mieux garantir la protection des biens et des per- sonnes.” En clair, “si vous voyez quelque cho- se d’anormal devant

quatre ans auprès de 68 000 ménages.

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