La Presse Bisontine 116 - Décembre 2010

POLITIQUE

La Presse Bisontine n° 116 - Décembre 2010

39

CONSEIL RÉGIONAL La présidente du groupe Sylvie Vermeillet : “Pourquoi je quitte l’U.M.P.” La présidente du groupe U.M.P. au Conseil régional décide de se consacrer encore plus librement à sa fonction de présidente de l’asso- ciation des maires du Jura. Selon elle, les partis ont perdu leur légitimité.

Sylvie Vermeillet quitte le parti, bientôt la

D epuis le début de l’été, elle réfléchit, elle lit, analyse, retourne ses convictions dans tous les sens, replonge dans l’histoire de la démocratie à la lumière d’auteurs lumineux com- me Tocqueville, tente de trou- ver une explication à la désaf- fection croissante des électeurs. La défaite aux régionales de mars dernier a eu ce mérite pour elle : l’amener à se poser des questions. “On n’apprend rien d’une victoire et c’est justement dans la défaite qu’on doit être amené à se poser les bonnes ques- tions” justifie Sylvie Vermeillet. On la sent même quelque part soulagée par la décision qu’el- le vient de prendre de ne pas renouveler son adhésion à l’U.M.P. “Je me suis aperçu que de plus en plus le parti était considérée comme aux États- Unis, c’est-à-dire comme une machine à gagner les élections alors que l’objectif même d’un parti est d’être à mon sens un lieu de débat. Il n’en est rien” constate-t-elle pour justifier sa

sont ouvertes, demoins enmoins de citoyens prennent la peine de remplir cette formalité. “L’abs- tention est donc pire que ce qu’on dit car les gens ne veulent même plus s’inscrire sur les listes !” Toujours avec sa calculette - elle est comptable de formation - Sylvie Vermeillet a additionné les voix U.M.P. et P.S. aux der- nières régionales en Franche- Comté. Les deux partis majori- taires totalisent à eux deux à peine 33 % de la population, “ce qui interroge vraiment sur la capacité des partis actuels à mobiliser, voire sur leur fonc- tion” dit-elle. Alors pour être totalement libre, elle décide de quitter le parti qu’elle avait intégré en 2001. Libre pour se consacrer pleine- ment, au-delà des partis, à sa mission de présidente de l’as- sociation des maires du Jura qu’elle assume depuis 2006. Car pour elle, “les communes sont l’incarnation de la démocratie. On a beau décentraliser, les citoyens ne voient pas la diffé-

décision. Pour autant, elle n’est fâchée avec aucun de ses col- lègues de l’U.M.P. à la Région. Ces derniers mois, Sylvie Ver- meillet a décortiqué tous les chiffres de l’abstention aux élec- tions pour en arriver à ce “dou- loureux constat” : 77,9 % de par- ticipation aux élections régionales de 1986, 68,6 % six ans plus tard, même score en 2004 et nouvelle chute en 2010 pour atteindre à peine 57,95 %. “Alors qu’entre 2004 et 2010, le nombre d’inscrits augmente de 26 981 en

présidence du groupe au Conseil régional ?

m’attaquer à une montagne et je suis là pour d’abord servir mon territoire, dit-elle. La fonc- tion de présidente des maires du Jura a déclenché en moi une vénération de la République. Je veux veiller à ce qu’on ne mal- mène pas la démocratie. Je ne veux pas être résignée face à ce désintérêt et je suis prête à remettre en cause mon avenir politique pour ce combat que je suis heureuse de porter.” Si sa réflexion - utopiste ? - est comprise par ses pairs, peut- être lui feront-ils aussi confian- ce pour les prochaines sénato- riales dans le Jura, un mandat pour lequel elle sera certaine- ment amenée à être sollicitée.

Et si son discours sur la désaf- fection des citoyens de la chose publique, sur le rôle des élus locaux, sur le nécessaire rebond démocratique, n’était pas enten- du ? SylvieVermeillet sait qu’el- le ne fera pas de politique tou- te sa vie, elle est d’ailleurs prête à abandonner toute fonction d’élue. Mais si son initiative emporte une large adhésion, si un jour les élus s’interrogent vraiment sur leur légitimité, si les élus de proximité parviennent à renouer le dialogue avec leurs administrés, si la décentralisa- tion est enfin expliquée afin que les citoyens s’approprient les compétences transférées ? Alors elle aura réussi son pari de ne plus se consacrer qu’à ces mis- sions-là. “J’ai l’impression de

rence. Un des grands ratés de la décentralisation, qui est une bonne chose, c’est qu’on n’a jamais permis aux gens de s’approprier les nouvelles collectivités. C’est pourquoi il faut reprendre le tra- vail de fond sur la base des com- munes. Les maires ont un gros travail de pédagogie, je souhai- te m’y consacrer à fond. Je veux montrer l’exemple” ajoute cette partisane du mandat unique. Alors quel avenir pour le grou- pe d’opposition à la Région ? Syl- vieVermeillet pourrait très bien en rester la présidente, même sans étiquette, mais elle sait que les choses sont ainsi, et que l’appareil ne le tolérera peut- être pas. “Je ne veux pas mettre mes collègues au pied du mur. Je leur laisse évidemment le temps de la réflexion.”

Franche-Comté et le nombre de votants de 67 775. Soit une évaporation de 86 820 électeurs (au taux de par- ticipation de 2004)” calcule l’élue jurassien- ne. Pire : à l’heu- re où les ins- criptions sur les listes électorales

“Je suis prête à

remettre en cause mon avenir politique.”

J.-F.H.

Made with FlippingBook Online newsletter