La Presse Bisontine 116 - Décembre 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 116 - Décembre 2010

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MAROQUINERIE

Perspectives sur 3 ans

Installée à Avoudrey, cette société qui fabrique des produits de maroquinerie pour de grandes maisons de luxe et des bracelets pour les manufactures horlogères suisses entre dans l’ère industrielle. Les sollicitations de ses grands donneurs d’ordres la poussent à se développer. Au programme, 300 créations d’emplois et l’ouverture d’un nouveau site de production à Valdahon. L’entreprise S.I.S. va créer 300 emplois

E n dix ans, grâce à son savoir-faire dans la maro- quinerie, l’entreprise S.I.S. d’Avoudrey est devenue un sous- traitant majeur des maisons du luxe françaises et des manu- factures suisses d’horlogerie auxquelles elle fournit des bra- celets. Après une année 2009 économiquement difficile (son chiffre d’affaires a certes pro- gressé de 3%par rapport à 2008, mais elle beaucoup investi, dont 2,4 millions d’euros dans une plateforme logistique), cette

per à la récession qui frappe encore d’autres secteurs indus- triels. Même s’il reste prudent sur les perspectives 2011, Jean-

prévu que l’on double l’activité et que l’on crée une centaine d’em- plois par an. Nous sommes dans une ère d’entreprise industriel- le” dit-il. La direction réfléchit donc aux outils à mettre en œuvre pour accompagner cette croissance dans les meilleures conditions. Ses besoins sont d’abord struc- turels. Déployée dans cinq bâti- ments à Avoudrey, S.I.S. va s’étendre à Valdahon où elle occupera d’anciens locaux indus- triels. Elle a sollicité pour cet

société s’apprête à clore l’année 2010 sur un bilan exceptionnel. “Le chiffre d’affaires de S.I.S. progresse de 45 %. Il est de 25 millions d’euros. La maro- quinerie représente 60 %, l’hor- logerie 30 % et la bijouterie 10 %. Nous avons embauché 98 per- sonnes les 12 derniers mois, ce qui porte à 350 le nombre de salariés, et nous avons acheté 100 machines à coudre” indique Jean-PierreToto, directeur géné- ral. Le marché du luxe paraît échap-

Pierre Tolo annonce que S.I.S. va entrer dans une nouvelle phase de développe- ment pour les trois pro- chaines années. “Il est

“Le chiffre d’affaires de S.I.S. progresse de 45 %.”

Jean-Pierre Tolo (au centre) directeur général de S.I.S. En compagnie de Christian Parrenin, P.D.G., et Claude Jeannerot, président du Conseil général du Doubs.

de réflexion, d’anticipation et d’imagination. Pour éviter les erreurs, nous avons décidé de nous entourer de compétences et d’intelligences extérieures à l’en- treprise. Il faut adapter l’orga- nisation en permanence. Nous avons deux coaches qui accom- pagnent les cadres.” Les sala- riés sont associés à une com- mission qui travaille à l’amélioration du cadre de vie dans l’entreprise. Un plan d’ac- tion est engagé pour diminuer les troubles musculo-squelet- tiques en travaillant sur l’er- gonomie des postes. Un ingé- nieur chimiste a rejoint l’équipe. Il réfléchit au moyen d’éliminer les colles solvantées. Il y a des attentes par rapport au trans- port en commun.ÀAvoudrey, le personnel se déplace d’un site à l’autre à vélo. Bref, cette socié- té est fidèle à sa devise : “S.I.S. Maroquinier responsable et durable”. L’entreprise dispose de deux autres sites de production dont un en Chine (300 salariés) et l’autre à Madagascar qui comp- te autant de collaborateurs. De l’extérieur, on est tenté d’ima- giner que pour des raisons de coût, S.I.S. aurait intérêt à délo- caliser sa production dans ces pays low cost , plutôt que de la maintenir en France. Et bien non. Jean-Pierre Tolo le dit tout net : “Nos clients veulent du Made in France. C’est une ques- tion d’image et de qualité. La maroquinerie et la sellerie fran- çaise sont mondialement recon- nues et en particulier en Asie. En revanche, nous fabriquons en Chine et à Madagascar des composants nécessaires aux pro- duits confectionnés à Avoudrey, ainsi que des produits finis pour des clients qui veulent un prix et de la qualité mais n’exigent pas le Made in France.” T.C.

investissement le concours du Conseil général du Doubs. “Ce futur site de production a une situation géographique centra- le. Nous allons pouvoir organi- ser des transports en commun pour faire venir de la main- d’œuvre de Besançon” poursuit le directeur général. La question des ressources humaines est centrale dans ce projet. S.I.S. est en recrutement permanent. Un partenariat avec Pôle emploi et le Conseil régio- nal de Franche-Comté est en place. Mais toute la difficulté est de trouver du personnel qua- lifié. À défaut, cette entreprise veut pouvoir offrir la possibili- té à des candidats à l’emploi de se former en interne. “Nous avons créé notre propre atelier de formation. Nous voudrions que cet outil devienne un sas où tout nouveau salarié viendrait acquérir un savoir-faire pendant huit à dix semaines avant d’in-

tégrer une des unités de pro- duction.” Pen- dant ce laps de temps, les nou- velles recrues s’imprégne- raient de la cul- ture de l’entre- prise. “Il est possible que cet- te formation soit qualifian- te.” À terme, elle pourrait même devenir diplômante. Tous les sala- riés de S.I.S. pourraient y prétendre. Le manage- ment évolue lui aussi. “Réussir une telle pro- gression néces- site beaucoup

“Faire venir de la

main-d’œuvre de Besançon.”

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