La Presse Bisontine 116 - Décembre 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 116 - Décembre 2010

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PIREY

Il floue ses partenaires et clients

Chômeur devenu lauréat des entrepreneurs en 2007, le patron de la société Environia basée à Pirey a berné son monde en encaissant les acomptes des clients sans jamais les livrer. Collectivités et salariés ont perdu gros. Plainte est déposée au tribunal. Arnaque au photovoltaïque

L’ histoire était belle. Sans doute un peu trop ! En sep- tembre 2007, le Franc- Comtois Denis Nicolas, alors chômeur, crée une société de conseil et d’installation d’équipements de chauffage et d’économies d’énergie. L’entreprise s’appelle Environia. Très vite, le patron obtient la confiance des banquiers puis celle du réseau

“Entreprendre et agir” qui le nom- me lauréat du réseau entreprendre en 2007 et lui alloue un prêt à taux zéro de 25 000 euros. Mieux, la banque lui valide un prêt de 100 000 euros. L’entrepreneur apporte 25 000 euros de sa poche et la société démarre, le genre de départ sur les chapeaux de roue puisqu’en moins de deux ans, l’effectif passe à 72 salariés. Environia se développe dans le Nord et le Sud-Ouest de la Fran- ce. La presse nationale, à l’instar du Figaro, se fait même l’écho de la réussite fulgurante de cet ex- chômeur présenté comme un auto- didacte. L’homme pose volontiers pour l’image.Petit à petit, l’histoire vire au cauchemar. Les salariés entrevoient des arriérés de salaires, puis ils ne sont plus payés dès 2009. Le turn-over est énorme. Une procédure est engagée au conseil des prud’hommes. Les clients vont également déchan- ter :retards de livraison,panneaux photovoltaïques non posés, fausses promesses d’avantages fiscaux : en moins de deux ans, les dégâts sont terribles et “on se demande encore pourquoi il a fallu si long- temps à la justice intervenir” s’emporte la Bisontine Corinne Lapierre qui a perdu dans l’affaire 5 250 euros.Elle rembourse aujour- d’hui un prêt de 15 000 euros pen- dant quatre ans (environ 400 euros par mois) sans avoir reçu la moindre marchandise ! “Compa- rez à d’autres, j’ai peu perdu” rela- tivise-t-elle. Le 20 janvier 2009, elle passe commande de quatre panneaux photovoltaïques pour équiper samaison située auxTille- royes. “L’entreprise, nous l’avons connue au salon de l’habitat, se

mais il nous a rassurés” relate la Bisontine flouée. Puis la société tente de modifier le bon de commande en voulant livrer non pas des panneaux pho- tovoltaïques de marque alleman- de comme cela était convenumais des panneaux chinois. “Il y avait soi-disant rupture de stock. On a appris que la marque allemande ne les livrait plus car Environia ne payait pas.On a refusé les autres panneaux.” Un bras de fer s’engage. Les lettres recommandées et les injonctions de payer demeurent sans répon- se. À l’heure actuelle, “nous ne savons plus quoi faire. La liqui- dationa été prononcée et l’entreprise, à part quelques ordinateurs,n’avait rien. Je ne crois pas revoir mes 5 250 euros” conclut cette ancien- ne cliente. D’autres ont décidé de ne pas en rester là, à l’instar d’Yvette Lar- rieu qui a déposé plainte au tri- bunal de Besançon. Dans l’affaire, Environia l’a dépossédée de 15 000 euros : “Je suis en contact avec une douzaine de clients. L’objectif est d’en retrouver. Beau- coup se sentent seuls car ils sont dispersés dans la France entière. J’ai déposé plainte auprès du pro- cureur de la République de Besan- çon” explique cette dame qui habi- te dans le Sud-Ouest de la France. Le 1 er juillet, elle a reçu une répon- se négative du procureur. Habitante à Hazebrouke dans le Nord de la France, Virginie Dou- liez a perdu de son côté 5 000 euros dans la commande d’une pompe à chaleur : “Le plus fou est que cet- te boîte était partenaire Bleu Ciel E.D.F.. C’est E.D.F. qui nous a conseillés ! C’est fort” s’emporte- t-elle. Bref, Environia a frappé dans tou- te la France, de Souraide (Pyré- nées-Atlantiques) jusqu’à Yenne (Savoie) sans que l’on connaisse le nombre exact de créanciers. “Dans le domaine de l’énergie, ce genre d’entreprise est heureuse- ment minoritaire, c’est environ 1 %. Environia, c’est un de nos plus gros dossiers.Ils ont fait dumal” consta- te Joël Mercy du Groupement des Particuliers Producteurs d’Électricité Photovoltaïque (G.P.P.E.). Aujourd’hui, les chances pour les personnes flouées de retrouver leur argent sont faibles. E.Ch.

Environia devait poser quatre panneaux photovoltaïques sur le toit de Corinne Lapierre. La Bisontine n’a rien vu venir. Elle a perdu 5 250 euros dans l’affaire.

remémore-t-elle. On a fait confiance.Après avoir signé notre contrat en jan- vier, on nous a assuré que nos panneaux seraient posés avant juin. Le premier acomp- te (30 % de la somme finale, soit 5 250 euros) a été débité rapi- dement. On s’en est étonné auprès du directeur commercial

“C’est E.D.F. qui nous a conseillés !”

La décision du tribunal L ors de lʼaudience du 15 mars 2010, la S.A.S. Environia été pla- cée en liquidation judiciaire. Le Tribunal de commerce de Besan- çon a constaté “une situation catastrophique de la société qui a fait apparaître un passif de plus de 3 millions d’euros avec un effectif de 72 salariés alors que la trésorerie est totalement exsangue.” Pire, Denis Nicolas nʼa pas pu présenter à lʼaudience la comptabi- lité pour lʼannée 2009. Le Tribunal a relevé “une situation sociale désastreuse et le mauvais traitement des clients de l’entreprise, qui a encaissé des acomptes ou émis des factures en faisant miroiter des avantages fiscaux, sans pour autant exécuter leurs prestations ni être en mesure de rembourser les sommes encaissées.”

BESANÇON Centre Commercial Valentin (à coté de Maison de la Literie) 03 81 88 37 87 www.solea.fr OUVERT LES DIMANCHES 12 ET 19 DECEMBRE DE 14H A 18 H

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