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Le portrait 39

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

BESANÇON

Jeunes talents

Lucie Rower, le cinéma dans les veines À seulement 22 ans, la Bisontine Lucie Rower a été distinguée pour son travail

de montage lors d’un festival international en Grande-Bretagne. Parcours d’une autodidacte que rien ne prédestinait au cinéma.

L’ image est mignonne, banale, un brin surannée. La petite Lucie agrippe la caméra de ses parents, filme ce qu’elle veut et peut dans son village de Saône-et-Loire. Puis s’amuse sur le logiciel Windows

(M.K.I.F.F.). Si l’histoire paraît idyllique, et même sortie tout droit d’un film, le par cours de Lucie Rower n’a pas pour autant été une longue suite de cli chés tranquilles. Dès sa jeunesse, rien ne prédestinait la jeune femme aux lumières du 7 ème art. Issue d’une famille de classe moyenne paysanne, près de Louhans, Lucie a pour ambi tion de monter une ferme pédago gique. À 15 ans, elle se dirige vers des études agricoles. “La nature et les animaux étaient mon domaine. Le cinéma était pour moi un rêve inatteignable, on le voit à la télé mais on se dit que ce n’est pas pour nous” , se souvient Lucie. Finalement, sa passion réussit à briser l’autocensure. Elle reprend des études littéraires. Sous l’impul sion d’une professeure de français, elle rejoint une compagnie de théâ tre. “En me battant, je suis rentrée dans l’option théâtre qui était pour tant réservée au niveau en dessous du mien.” Ce premier pas dans les arts du spectacle s’est poursuivi en licence arts du spectacle à Besançon. À 18 ans, Lucie débarque dans la cité comtoise et en tombe immédia tement amoureuse. “Je ne me vois pas habiter à Paris. Besançon est une ville super verte, à taille humaine.” Lors de sa licence, l’audiovisuel est quasiment absent. Volontariste, elle contacte toutes les boîtes de pro duction des alentours. Une seule lui répond, Perspective Films, qui recherchait des techniciens pour le tournage de La Nage, de Marie Poi tevin, à la piscine Mallarmé. Lucie entre sur le tournage comme sta giaire régie. “Après le tournage, cela a été comme une évidence, j’avais

Movie Maker. Des années plus tard, Lucie a grandi, s’est installée dans la capitale - comtoise -, et vient de recevoir un prix du meilleur mon tage à un festival international, en Grande-Bretagne, le Milton Keynes International Film Festival

Lucie et Besançon, une histoire d’amour qui a commencé à 18 ans.

la rigueur et la véracité historique dans la gestuelle du combat.” Le montage a pris plus de 5 mois pour une durée de film de 6 minutes environ. La récompense est d’autant plus savoureuse avec le prix du meil leur montage décerné par le Mil ton Keynes International Film Festival, leur court-métrage s’étant distingué parmi 58 pro jets. De son côté, la Bisontine finalise son premier court métrage Et si… Il raconte l’his toire de quatre adolescents qui, sur un coup de tête, décident de fuguer ensemble pour fuir leurs problèmes respectifs. Si l’histoire est basique, la réalisation pose cette fable sociale dans un style “rétro-vintage” très musical. Ce premier court-métrage de 10 minutes n’est que le premier clap de début, Lucie Rower débordant d’idées et d’énergies pour la suite. n L.P.

des étoiles dans les yeux, j’avais tout donné sur ce tournage.” Appréciée, la jeune femme est recommandée sur d’autres tour nages. Ce moment signe le début, le réseau se construit petit à petit. Un an plus tard, en 2023, elle rencontre l’Agence Synaps basée à Vercel. Cette dernière a pour but d’aider les jeunes à s’in sérer sur le circuit artistique et audiovisuel. Lucie y commence un service civique et signe le montage du court-métrage pro duit par l’agence, L’Hom armez de Vincent Schmutziger. “Le défi est de reproduire un combat en armure très réel. Le montage était la plus ardu, notamment pour Lucie qui est profane dans les arts martiaux historiques euro péens” , précise Vincent qui tire son chapeau face au travail de la jeune femme. “C’était extrê mement difficile car les raccords étaient très compliqués à lier, reprend Lucie. Il faut respecter

Bio express

l 27 août 2002 : Naissance en Saône-et Loire, vers Louhans l 2020 : Lucie s’installe à Besançon pour entamer une licence d’arts du spectacle. Dans le même temps, elle commence à courir les tournages. l Août à novembre 2022 : elle perfectionne son oralité lors d’un service civique à Radio Sud Besançon. l 2023 : Elle réalise un service civique à l’Agence Synaps. l 2024 : À 22 ans, elle reçoit un prix pour son travail de montage au Milton Keynes International Film Festival (M.K.I.F.F.), en Grande Bretagne.

À seulement 22 ans, Lucie Rower a reçu le prix du meilleur montage au Milton Keynes International Film Festival, ici en compagnie de Vincent Schmutziger.