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34 Économie

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

HANDICAP

Une innovation bisontine Perte d’autonomie : cette chaise qui pourrait révolutionner le marché

à première vue, on pourrait facile ment la confondre avec un fauteuil de bureau. Équipée de roulettes, d’accoudoirs et d’une assise confor table, la chaise Alyzée cache en fait der rière son apparente simplicité, un système d’assistance électrique, qui permet aux personnes en perte d’autonomie de se lever et de se déplacer facilement. Une partie de son innovation tient justement dans ce format plutôt classique de chaise de bureau : à la fois compacte et mobile, à l’inverse des fauteuils releveurs exis tants, souvent lourds et encombrants. “On voulait faire en sorte que l’utilisateur puisse se déplacer partout, s’installer à table et ne pas être en décalage avec la vie de famille. Là, il lui suffit d’activer les freins, d’appuyer sur un bouton et la chaise se relève ou s’assoit en douceur. Il peut aussi s’en servir comme déambu lateur” , explique Clément Blanchard, son co-créateur. L’invention veut répondre à différentes situations de vie (personnes âgées, en perte de mobilité, en situation de han dicap, en rééducation…) mais aussi aux besoins des aidants, en facilitant leur quotidien. Clément Blanchard en a eu l’idée, plus jeune, au contact de son grand père. “Il souffrait de la maladie de Par kinson et ma grand-mère se cassait le dos pour le relever” , se souvient-il. “On a ensuite fait appel à une aide-soignante pour lui venir en aide, qui effectuait les mêmes gestes. Il n’est pas normal que ces professionnels s’abîment la santé pour

aider nos proches.” Partant de ce constat, il met sur pied un premier projet durant ses études au lycée militaire d’Autun, en Bourgogne, avec son ami Yannis Ksantini. Les deux jeunes gens bûchent sur une fonction releveuse à l’occasion d’olympiades des sciences. Trop jeunes à l’époque pour se lancer, ils poursuivront leurs carrières respec tives : l’un comme élève pilote de chasse et l’autre comme responsable R.H., avant de creuser à nouveau la démarche. “C’était resté dans un coin de notre tête” , avoue Clément. Et c’est au Hacking Health de Besançon qu’ils choisiront de la concré tiser en 2021. “Lors de ce marathon, un médecin urgentiste nous a poussés à aller encore plus loin, en imaginant la chaise complète et pas seulement la technologie.”

Médaillée d’or au dernier Concours Lépine, la chaise releveuse mobile imaginée par Clément Blanchard et Yannis Ksantini voit ses ventes s’accélérer. Distribuée désormais dans les boutiques Bastide Médical, elle a pris vie grâce au Hacking Health bisontin.

Testé aussi en E.H.P.A.D. et en centres de rééducation.

Repérés, ils vont intégrer l’incubateur bisontin au sein de Témis Innovation et profiter de tout l’éco système local pour fran chir rapidement les diffé rentes étapes entrepreneuriales : créa tion de leur start-up “Upper”, première levée de fonds, début de la com mercialisation… Jusqu’à remporter la médaille d’or au Concours Lépine, au printemps dernier, dans la catégorie du ministère de la Santé, et voir leurs

ventes décoller. Une pré-série de 50 exemplaires a été écoulée et la production industrielle est désormais lancée. Leur chaise, qu’ils ont baptisée Alyzée (du nom de l’ancienne aide-soignante du grand-père de Clé ment), est aujourd’hui revendue dans le réseau Bastide Médical et auprès d’une dizaine d’autres distributeurs en France et en Belgique. L’une des prochaines étapes sera de la faire reconnaître comme dispositif médical, son coût élevé

Clément Blanchard veut faciliter la tâche des aidants familiaux et professionnels.

TENDANCES Les chiffres de la Banque de France Les performances mitigées des entreprises de la région La Banque de France a dressé le panorama 2023-2024 d’une économie régionale plombée par une conjoncture plutôt morose. Mais tout n’est pas noir dans ce tableau.

C’ était un peu le baptême du feu pour Laurent Quinet, le nouveau directeur départe mental de la Banque de France à Besançon. Un exercice d’équi libriste cette présentation des perfor mances 2023 des entreprises de la région et des tendances de l’économie pour les mois à venir, entre bonnes et moins bonnes nouvelles. Les bonnes nouvelles, c’est d’abord que “les entreprises franc-comtoises sont rési lientes alors que le contexte est chargé d’incertitudes avec une croissance qui s’est nettement ralentie” commente Lau rent Quinet. La mauvaise nouvelle, la voilà, c’est une croissance du chiffre d’af faires de nombreuses entreprises en nette baisse l’an dernier : - 6,5 % pour les activités liées aux services aux entre prises, - 10,5 % pour les services aux particuliers, et - 12,5 % dans l’industrie

par rapport à l’année précédente. “Deux entreprises sur cinq, soit 37 %, ont connu une baisse de leur chiffre d’affaires” confirme le directeur de la Banque de France. En volume de production, c’est près de 50 % des entreprises qui ont été confrontées à une baisse.

et l’industrie prévoit une très forte baisse de son chiffre d’affaires.” “Les difficultés de l’horlogerie suisse actuellement, lié à une forte baisse de son marché à l’export vers la Chine, impacte de nombreux sous traitants locaux” ajoute M. Quinet. Sachant que 15 % du chiffre d’affaires des entreprises de la région est réalisé à l’export. Du côté des marges, ce sont les entre prises de prestations de services qui s’en sont le mieux tirées sur l’exercice pré cédent un taux de marge brute d’exploi tation situé à 6,3 % pour les services aux entreprises, et de 14,5 % pour les services aux particuliers. “Mais on a constaté un vrai effritement des marges l’an dernier” complète Laurent Quinet. Une érosion des marges qui touche prin cipalement les P.M.E., les marges des grandes entreprises de construction ou dans l’industrie résistant mieux.

Concernant les perspectives, l’institution bancaire régio nale a récemment interrogé plus de 500 dirigeants d’en treprise : une majorité d’en tre eux n’entrevoient pas d’augmentation de leur chif fre d’affaires sur l’année en cours. Pire : 44 % des entre prises industrielles et 42 % des prestataires de services aux entreprises anticipent une baisse de leur chiffre. Et même “une entreprise sur dix dans la construction

380 entreprises défaillantes en un an

bourser leur P.G.E. et où par conséquent leur trésorerie s’effritait.” Dans ce contexte difficile, l’investissement s’est pourtant maintenu à un bon niveau. “Mais pour 2024 et les mois qui viennent, les chefs d’entreprise prévoient un vrai stop” tempère le directeur de la Banque de France. Pour la fin de l’année 2024, léger rayon de soleil dans les prévisions des entre prises de la région : deux tiers d’entre elles n’anticipent pas de dégradation de

Dans le contexte de hausse des taux d’intérêt constatés depuis deux ans, les charges financières des entreprises ont doublé en 2023. Les charges d’intérêts absorbent ainsi 0,75 % du chiffre d’af faires contre 0,42 % l’année précédente. “Avant de commencer à baisser un peu cette année, les taux avaient subi 11 hausses consécutives jusqu’à atteindre quasiment 4,5 %. Les conséquences se sont bien fait sentir. Dans un contexte où les entreprises ont commencé à rem

dans le Doubs.

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