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Économie 31
La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024
ANNIVERSAIRE
64 % des entreprises du Doubs
Auto-entrepreneur : 15 ans après, où en est-on ?
continuent, d’ailleurs, souvent d’être décriés. “La particularité de ce régime est qu’il regroupe différents profils. À la fois des personnes qui passent par la micro-entreprise avant de poursuivre sur un autre régime, d’autres qui le cumulent avec un emploi salarié ou en complément d’une retraite” , tempère la directrice de l’A.D.I.E. Il faudrait pouvoir distinguer, selon elle, les fins malheureuses qui ont pu amener des situations précaires aux arrêts par choix. “Ce qui n’est pas anormal puisque c’est justement ce que permet ce régime. Les parcours professionnels sont beau
Un sommet, organisé par l’A.D.I.E. Bourgogne-Franche-Comté, est venu célébrer les 15 ans du régime de la micro-entreprise début octobre, à Besançon. Dans le Doubs, cela concerne un peu plus de 3 900 entrepreneurs, soit deux tiers des entreprises locales. Tout de même…
“P ersonne n’avait imaginé cela il y a 15 ans. Aujourd’hui, plus d’1 mil lion d’entreprises se créent chaque année, grâce notamment à ce régime fiscal simplifié qui a permis de démocratiser l’entrepreneuriat” , souligne Angèle Mignonac, directrice de l’As sociation pour le droit à l’initiative éco nomique (A.D.I.E.) de Bourgogne Franche-Comté. Les micro-entreprises représentent 60 % de ces créations à l’échelle nationale. Et même un peu plus au niveau local. De quoi en sur prendre plus d’un, qui ne donnaient pas cher de la peau de ces nouveaux entrepreneurs. Depuis l’instauration du régime en 2009, bien des choses semblent ainsi avoir évolué. Ne serait-ce que sur le nom - exit l’appellation d’auto-entre
Angèle Mignonac, lors du premier sommet de la micro-entreprise, à Besançon.
preneur, à qui on préfère désormais celle de micro-entrepreneur - ou le regard porté. “Avant, on réservait ça aux plus ambitieux d’une famille, aujourd’hui ce n’est plus le cas. De plus en plus de personnes sont entourées de micro-entrepreneurs et y voient une expérience positive.” Les femmes, les jeunes et les personnes issues des milieux populaires, aux moyens financiers souvent limités, constituent une bonne part de ces créa teurs d’entreprise. Ils plébiscitent la souplesse et la simplicité du régime. “Mais la facilité à s’immatriculer est à double tranchant” , prévient Angèle Mignonac, “car s’il est certes plus simple de monter son entreprise, on les invite tout de même à être financés au démar rage pour assurer leur réussite.” La fragilité et le manque de pérennité
Le modèle reste bien sûr perfectible. “Il y a encore des disparités et des efforts à faire pour l’harmonisation des droits (formation, logement, accès au prêt bancaire…) mais aussi sur l’isolement des indépendants, l’information et l’orientation” , souligne la directrice de l’A.D.I.E. Sachant que ces entreprises participent aussi du développement territorial, notamment dans les zones les plus rurales “où on est bien contents de trouver son camion ambulant.” Dans le Doubs, les 3 946 micro-entre preneurs recensés en 2023 (sur quelque 6 100 entreprises) évoluaient princi palement dans le commerce et les ser vices. n S.G.
siques”, tendrait aussi à s’atténuer. Mais il demeure cette image de “vraie” entreprise à laquelle ne sont pas asso ciés les micro-entrepreneurs. Alors même que beaucoup aujourd’hui en font y compris une activité principale, qui dure dans le temps. “Les politiques publiques qui soutiennent de manière plus forte l’entrepreneuriat ont permis cela, avec notamment l’alignement de la protection sociale via la réforme du R.S.I. en 2020, ou la rehausse du pla fond des chiffres d’affaires intervenue en 2018” , précise Angèle Mignonac. La micro-entreprise n’est plus vue seu lement comme une étape ou un com plément de revenus, mais un mode d’exploitation à part entière selon elle.
coup plus diversifiés qu’avant. La création d’entreprise ne fait aujourd’hui qu’une par tie du CV. Beaucoup de jeunes rebasculent vers le salariat et inverse ment.” Le procès qui leur a été fait au départ, sur les risques de salariat déguisé ou de concur rence déloyale avec les entreprises dites “clas
“Avant, on réservait ça aux plus ambitieux d’une famille.”
EN BREF
COMMERCE
Mode femme et homme “Créer sa boîte, c’est le rêve de beaucoup” Passés par “la micro”, Reda Khellout et Gift Okonoboh
Palente L’association de Palente organise son 2 ème “Marché de Noël artisanal”, le samedi 9 novembre à la salle Jean-Zay, 97, rue des Cras à Besançon. 25 exposants seront présents. Entrée gratuite pour les visiteurs. Budget participatif La troisième saison du budget participatif bisontin est lancée. Les habitants ont jusqu’au 15 décembre pour déposer leur projet. Tous les Bisontins âgés de 16 ans et plus, les lycéens, étudiants et apprentis des établissements scolaires bisontins, les contribuables locaux (artisans, commerçants…) ainsi que les associations de Besançon peuvent participer. identifiés pour la ville de Besançon sont attendus. Pour proposer un projet, il suffit de remplir et déposer un formulaire à récupérer dans un accueil de la Mairie, dans une Maison de quartier, ou à télécharger sur atelierscitoyens.besancon.fr rubrique “budget participatif saisons 3”. Tous les projets reçus seront soumis à l’analyse des services municipaux à partir du 17 décembre. Les personnes ayant déposé un projet seront informées des suites données. La Ville de Besançon réalisera les projets les plus votés, dans la limite de l’enveloppe Les esprits créatifs et soucieux des besoins
petit revenu d’obtenir un prêt.” Son chemin croise alors celui de la B.G.E. et de l’A.D.I.E., qui l’ai dent à monter son pro jet. La souplesse du régime de la micro entreprise lui permet de lancer progressivement son activité, sans pren dre trop de risques. “L’avantage, c’est qu’on n’a pas de charges sociales, s’il n’y a pas de recettes. Sachant que j’avais déjà le loyer et d’autres frais.” Avant ça, Reda exerçait en C.D.I. dans le maga
“Les charges nous bouffent, surtout les loyers. Je ne m’y retrouvais pas vraiment une fois payé les fournisseurs, les charges, la salariée…” , explique-t-il. Ce qui n’empêche pas cet entrepreneur dans l’âme de mûrir déjà d’autres pro jets. Il envisage notamment l’ouverture d’un magasin éphémère (sur le principe d’un pop-up store) juste à côté de sa boutique. Gift Okonoboh s’est, elle aussi, lancée dans le commerce de vêtements. Elle a créé son entreprise I.K. Mode africaine et vend en ligne ses créations avec un certain succès. Son activité qui prend peu à peu de l’ampleur, ne se suffira bientôt plus de son appartement de Planoise. “J’ai commencé la vente en gros, et les nombreuses personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux (132 000 abonnés sur Youtube, 450 000 sur TikTok…) m’amènent des com mandes régulières à l’international.” L’entrepreneuse bisontine estime qu’il y a un vrai potentiel et projette d’ouvrir à court terme une boutique à Planoise, et pourquoi pas “plusieurs autres à l’avenir dans différentes villes.” “Adolescente déjà, j’avais cette envie de me lancer dans la couture et la vie a fait que je suis partie sur autre chose.” C’est suite à un accident de travail que cette ancienne auxiliaire de vie a saisi l’opportunité de créer son activité. Immatriculée depuis janvier 2023 mais réellement en activité depuis septem bre 2023, elle pourrait assez vite changer de statut. L’histoire dira si elle devien dra, à son tour, employeuse. n S.G.
développent aujourd’hui leur commerce de vente de vêtements en boutique ou en ligne. Un pari réussi pour ces Bisontins qui n’imaginaient pas faire autre chose qu’entreprendre.
S on magasin, c’est “son bébé.” Alors quand il a fallu le fermer suite à un dégât des eaux en février 2022, Reda Khellout était pour le moins inquiet. En plus de la perte d’exploitation et du long processus engagé avec les assurances, il a dû trou ver une solution pour ne pas rester avec son stock d’hiver de vêtements homme sur les bras et honorer les enga gements pris auprès de son principal fournisseur. Heureusement, ce com merçant apprécié du quartier Battant (qui tient l’enseigne “Mr K.” au 78, rue Battant) a pu compter sur la solidarité
locale. “Un salon de thé voisin m’a ouvert ses portes pour que je puisse vendre ce stock.” Il a ensuite trouvé une solution en tombant sur un local qui se libérait rue des Granges. Mais l’augmentation du loyer et des charges finissent par le décider à avancer les travaux de sa boutique rue Battant. Ce genre d’aléas fait partie de la vie d’entrepreneur. Il le sait. “Créer sa boîte, c’est le rêve de beaucoup. Mais on n’ima gine pas tout ce qu’il y a derrière, sou vent. C’est important de bien s’entourer.” Lorsqu’il s’est lancé, rien n’était sûr. “C’était compliqué à 23 ans et avec mon
Moins de risques et plus de souplesse.
sin de vêtement pour enfants “Tape à l’œil”. Originaire de Villefranche-sur Saône et arrivé à Besançon pour le tra vail, il a su rapidement qu’il ouvrirait un jour son propre magasin. “J’ai fait mon stage découverte de 3 ème chez un voisin qui avait un magasin de vête ments et bien que j’étais très timide à l’époque, j’ai compris que je ferais ça plus tard.” Et l’aventure va assez vite se confirmer pour lui. “J’ai ouvert une deuxième boutique pour femme, “Mme K”, au 40, rue Battant, juste avant le Covid.” Il passe, à l’époque, en S.A.S. et emploie une première personne, puis ouvre avec un associé un autre magasin “Mr K” à Vesoul. Finalement et “même si ça tournait bien” , il décidera au vu de la conjoncture de revenir à son seul magasin de Bat tant et rebascule en micro-entreprise.
Reda Khellout tient le magasin “Mr. K” au 78, rue Battant.
financière dédiée, soit 250000 euros.
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