Journal C'est à dire 285 - Août 2022

M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

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Eau secours ! Ville-du-Pont Averti depuis longtemps de la fragilité et des déficits de traitement en eau potable, l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue est en train de réécrire un schéma d’accompagnement de la gestion de l’eau (S.A.G.E.) qui prévoit de gros chantiers. Parmi eux, le Doubs, sa problématique d’assèchement et sa pollution.

Le premier lotissement “maisons passives” du Haut-Doubs Ouhans La société M.A. Conception lance la construction d’un lotissement de huit maisons “passives”, c’est-à-dire consommant moins de moins de 15 kWh/m²/an en chauffage par an.

qui va impacter l’économie.” Au préa lable, des universitaires du laboratoire chrono-environnement ont travaillé pendant deux ans autour du karst. Leurs conclusions sont sans appel : les pollutions impactent de façon réma nente la roche calcaire et le milieu. Il faut donc réduire singulièrement les pollutions. “Et c’est d’autant plus dif ficile avec la baisse du niveau de l’eau” , ajoute le président de l’E.P.A.G.E. Le deuxième axe concerne le plan de gestion des ressources en eau. “Il faut avoir un regard sur la quantité et la qualité. Au vu de la fragilité de l’ali mentation en eau, il faut faire un état des lieux et jouer sur la connaissance des réserves en eau exploitables et notamment la bonne gestion des unités de gestion” souligne PhilippeAlpy. Ce dernier fait appel aux élus, associa milite d’ailleurs pour le transfert de la compétence eau des unités de ges tions vers des collectivités (voir ci contre). De plus, l’E.P.A.G.E. travaille à l’éla boration d’un programme Life Climat pour la préservation des zones humides, rivières et cours d’eau (ce qu’on appelle le second cycle de l’eau) sur le massif jurassien. Outil financier européen, le programme Life Climat vient conforter le S.A.G.E. “Une année comme celle-ci révèle l’importance de conserver l’eau au plus près des ter ritoires dans un sol karstique” , note PhilippeAlpy. Si le dossier a été retenu, il est encore en cours d’examen. Dans l’attente de l’acceptation du pro gramme Life Climat, de nombreuses études sont lancées “pour être prêt à agir quand on aura les financements.” Parmi les pistes avancées, outre le reméandrement du Doubs sur Arçon, celle du barrage du lac Saint-Point refait surface. “Le barrage concourt à stocker de l’eau dans les zones humides, il faut le remettre en fonction” , argue l’élu. Mais à l’heure actuelle, pour éviter que tous ces projets d’envergure ne prennent l’eau, il faut mener un travail de pédagogie selon PhilippeAlpy. “S’il n’y a pas d'acceptabilité de la popu lation, on ne peut rien faire.” La gestion de l'eau et ses nombreuses problématiques, en effet, ne coulent pas de source. n L.P. tions, communes, etc. pour faire remonter des données. “Aujourd’hui, nous ne sommes qu’à 50 %de ce qu’il faut en termes de collecte de données” , regrette-t-il. Il

P our Philippe Alpy, président de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs Haute-Loue, président de la C.L.E. (commission locale de l’eau) et membre de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, l’assec duDoubs est un épiphénomène. “Dans la gestion de l’eau, on ne peut pas avoir une lecture instantanée, il faut une lecture long terme.” Si une étude, lancée en 2018 et tou jours en cours, chiffre à 80 000 m 3 la quantité d’alluvions nécessaires pour reméandrer le Doubs sur la portion Arçon-Ville-du-Pont, des obstacles se dressent avant la concrétisation de cette étude. En premier lieu le finan cier. Mais également la question des ressources enmatériaux et du stockage des alluvions. “On n’y est pas encore, reprend PhilippeAlpy. On ne peut pas dire “on bouche les failles du Doubs et on réduit le lit du Doubs pour le reméandrer.” Le territoire de l’E.P.A.G.E. est vaste, son action ne se résume pas à une seule activité.” Comment garder l’eau sur le terri toire ? C’est la problématique que le

syndicat mixte, regroupant le Dépar tement du Doubs et neuf communau tés de communes (tout ou en partie), garde toujours en tête. Pour atteindre le bon état des eaux, objectif fixé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerra née-Corse, le territoire de l’E.P.A.G.E.

étant la tête de bassin, la collectivité territoriale est en train de réécrire un S.A.G.E., un schéma d’ac compagnement et de gestion des eaux, déclinaison locale

La pollution impacte encore

plus le sol karstique.

du S.D.A.G.E. (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, à l’échelle de l’agence de l’eau). Piloté par la C.L.E., il développe deux axes majeurs. Concrètement, comment cela se décline sur le terrain ? “Sur le premier cycle de l’eau, qui concerne l’alimentation en eau potable et l’assainissement, il agit sur les flux admissibles. C’est-à dire comment on traite l’assainisse ment, quel est le niveau de pollution que l’on accepte dans les rejets agricoles, industriels et domestiques, explique Philippe Alpy. C’est un gros chantier

Maïté Magnenet et Stéphane Marion, responsables de la société M.A. Conception (basée à Houtaud).

L es maisons passives ne représen tent encore de nos jours qu’une infime minorité du parc immo bilier en France. Mais cette tendance progresse, et, dans quelques années, “on espère bien ne concevoir plus que des maisons passives” note Maïté Magnenet, responsable aux côtés de Stéphane Marion de la société M.A. Conception, créée à Houtaud en

plusieurs maisons individuelles sur ce modèle dans le Haut-Doubs, et lance bientôt plusieurs projets à Septfontaine ou encore à Labergement-Sainte-Marie. Cette fois, c’est tout un lotissement que M.A. Conception conçoit à Ouhans (rue du Polluot). “Ce lotissement comprendra au total huit maisons passives, d’une surface de 120 à 130 m² sur des terrains d’environ 600 m² pour chacune. La pre

mière est en cours de construc tion, elle sera terminée en octobre ou en novembre. Nous espérons lancer la totalité des travaux d’ici l’année prochaine” note Stéphane Marion. Chaque construction doit répondre à un

juin 2020 et justement spécia lisée dans ces constructions pas sives. Par ce terme, il faut entendre une maison qui consomme moins de 15 kWh par mètre carré et par an en besoin de

“Le système principal de chauffage,

c’est le soleil.”

cahier des charges strict et se voit ensuite contrôlée par la fédération fran çaise de la construction passive qui délivre le label “maison passive”. Le coût de construction d’une maison passive est supérieur au coût moyen de l’ordre de 10 à 15 %. Le prix du confort, avec en prime, de substantielles économies d’énergie à l’usage. Et à l’uti lisation, aucun rejet de CO2, un plus pour combattre le réchauffement cli matique. n J.-F.H.

chauffage, soit l’équivalent d’à peine 1,5 litre de fioul par an et par mètre carré. Dérisoire. “Dans une maison pas sive, le système principal de chauffage, c’est le soleil. D’où la présence dans les maisons passives de grandes baies vitrées et de brise-soleil. Ensuite, c’est le système de V.M.C. double flux qui permet de réguler la température, été comme hiver, et d’assurer une qualité de l’air saine et optimale pour le confort de l’utilisateur.” La sociétéM.A. Conception a déjà réalisé

Depuis l’assec du Doubs en 2018, une étude toujours en cours chiffre à 80 000 m3 le volume d’alluvions nécessaires pour reméandrer la portion vers Arçon et limiter ainsi les pertes.

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