Journal C'est à dire 319 - Septembre 2025
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LE CAHIER HABITAT
Des solutions techniques innovantes Vaudrivillers L’entreprise Tonic Energy à Vaudrivillers conçoit des produits (traceur, pergola orientable, abri de jar din…) équipés de panneaux photovoltaïques en autoconsommation avec diverses options de valorisation énergétique. Un savoir-faire 100 % Haut-Doubs.
L’ engouement autour du pho tovoltaïque en autoconsom mation attire forcément des opportunistes beaux parleurs avant tout soucieux de placer leur pro duit sans autre préoccupation. Pas d’étude préalable des besoins, pose aléatoire, et souvent un S.A.V. inopérant. De quoi laisser le client livré à lui même et qui doit souvent se tourner vers des entreprises locales pour essayer de valoriser un tant soit peu leur inves tissement. Les exemples ne manquent pas dans l’éolien domestique comme dans le solaire. “Avant de proposer et de dimensionner une installation pho tovoltaïque, il faut prendre en compte différents paramètres pour aboutir à
une solution correspondant aux besoins du client” , explique Jean-Frédéric Grau, le patron de l’entreprise Tonic Energy basée à Vaudrivillers. Avant de se mettre à son compte, cet électricien de formation a travaillé pen dant une vingtaine d’années en bureau d’études pour concevoir des prototypes de machines utilisées dans l’industrie. “J’ai toujours été passionné par l’élec tricité et la technique. C’est un gros avantage d’être électricien pour poser ce type d’installation.” L’utilisation des panneaux photovol taïques en autoconsommation n’est pas nouvelle. Cette technologie existait déjà dans les années quatre-vingt mais elle n’était pas rentable au vu du prix
du kWh de l’époque. “On en trouvait surtout sur des sites isolés qui n’étaient pas alimentés par le réseau électrique” , précise Jean-Frédéric Grau. La force de son entreprise réside dans la maîtrise complète du projet, de la conception à la maintenance de l’installation, en passant par la fabrication des produits et à leur installation. L’entreprise emploie deux salariés Julien et Yoann. “On travaille avec plu sieurs marques de panneaux. Ils sont tous bi-verre, c’est-à-dire avec des cellules photovoltaïques encapsulées entre deux feuilles de verre, et bi-faciaux pouvant ainsi capter l’énergie solaire sur les deux faces.” Jean-Frédéric Grau et ses collabora teurs réalisent des installations pho tovoltaïques en toiture comme on en voit un peu partout. “On essaie de gérer l’autoconsommation en utilisant des onduleurs permettant de produire l’eau
“On accompagne un projet de sa conception à l’installation”, précise Jean-Frédéric Grau à l’abri de la pergola tournante, dernière de ses inventions photovoltaïques.
équipé de panneaux photovoltaïques et d’un système de récupération d’eau utilisable pour l’arrosage, le lavage… “Il peut aussi servir de borne de recharge pour des outils de jardin ou de bricolage à batterie. Cet abri est équipé d’un sys tème de sèche-linge intégré.” L’abri de jardin peut aussi servir d’abri tout court. L’électricien de Vaudrivillers a aussi
toiture. La pergola tournante reprend le principe du traceur qui suit le soleil. Quelle que soit la solution, on part tou jours du besoin en prenant aussi en compte les éventuelles évolutions de la maison. À partir de là, on détermine la puissance de la centrale en mettant la domotique en place pour optimiser l’autoconsommation. Deux options sont possibles pour valoriser le surplus de production : la revente à un opérateur ou on passe en mode batterie virtuelle ou physique, le tout assorti d’un système back-up permettant d’alimenter l’ali mentation en cas de coupure ou de panne de courant.” Quelques pergolas tournantes fonc tionnent déjà dans le Haut-Doubs, la rotation augmente de 40 à 50 % la pro duction par rapport à un panneau fixe. “On intervient principalement dans le Doubs avec quelques réalisations dans le Jura et en Haute-Saône.” n F.C.
chaude domestique, de chauffer la maison ou d’alimenter une borne de recharge pour la voi ture électrique.” Conscient que l’installation en toiture n’est pas toujours possible pour diverses raisons (mauvaise
mis au point le Traceur Lux Ions, premier traceur photo voltaïque français conçu en Franche-Comté. “Ce produit est disponible en différentes puissances de 1 kW à 3 kW avec des panneaux garantis
“On part toujours du besoin des clients.”
Toute surface plane bien orientée peut servir de support énergétique, comme cette pergola tournante.
orientation, charpente inadaptée), il a transféré la technologie sur des d’autres supports. Premier exemple avec l’AbriTonic : un abri de jardin esthétique, écologique et intelligent. Construit en bois avec des matériaux recyclables, cet abri est
30 ans et bien adaptés aux rigueurs cli matiques.” La dernière pépite sortie en 2023 de l’atelier de Tonic Energy prend la forme d’une pergola tournante. “Cette solution répond aux attentes de per sonnes qui n’ont pas assez de surfaces pour rentabiliser une installation en
Maison de l’Habitat Vers la fin du pavillon individuel ? Dès 2009, le C.A.U.E. (conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement) du Doubs offrait au travers d’une exposition des pistes de réflexions sur la manière d’habiter autrement. Avec une remise en cause du pavillon individuel. 15 ans plus tard, cette exposition reste d’actualité.
R aréfaction du foncier qui devient de plus en plus cher, densification des quartiers, loi Zéro artificialisation nette… Aujourd’hui, construire une mai son individuelle relèverait presque d’une utopie. Toujours plébiscité par les habitants, ce modèle est pourtant remis en question, et depuis plusieurs années. “Depuis plus de 50 ans, la maison individuelle semble s’imposer comme la référence en matière d’habitat : plusieurs études concluent que ce type d’ha bitat est le rêve de tous les Fran çais. Mais ce modèle est-il réel lement adapté aux besoins et aux évolutions de la société : personnes seules, jeunes ménages, couples vieillissants, familles monopa rentales ou recomposées ?… Peut on vraiment répondre à ces dif férents besoins en logement avec un seul type d’habitat ?” , soulève ainsi le C.A.U.E. Comme l’ex plique Sophie Némoz, sociologue de l’habitat (voir en page 37), le logement s’individualise et se
pluralise. Or, le pavillon indivi duel ne peut répondre à cette pluralisation. Par ailleurs, à l’heure où les considérations environnemen tales sont mieux prises en compte dans la façon d’habiter, la maison
En cause : un éloignement des centres urbains pour des terrains moins chers. Le C.A.U.E. questionne aussi le bouleversement des paysages dû à l’urbanisation pavillonnaire. “Une rupture s’opère avec le vil
Face à ces constats pas toujours très optimistes, plusieurs exem ples montrant d’autres façons d’habiter sont mis en lumière. Dans le Haut-Doubs, le hameau de Chaon est cité, avec le pro gramme élaboré par l’architecte Joël Laffly dès 2000, comprenant 5 maisons et garages ainsi qu’une salle collective. “Ce hameau se situe sur une pente, à la lisière d’un bois, face au lac de Saint Point. Les maisons s’organisent en deux rangées. Elles sont des servies par des allées piétonnes. Chaque chalet est accessible par le niveau haut, où se trouve la pièce de vie. Celle-ci offre une large vue sur le lac par une ter rasse. L’organisation, l’implan tation et le gabarit des construc tions respectent le terrain naturel. Cela participe à l’intégration du projet dans le paysage et offre une vue à chacun” , explique le C.A.U.E. Autre exemple dans le Grand Besançon, à École-Valentin. Un ancien établissement industriel a été restructuré en 8 lofts par
individuelle induit un impact sur l’environne ment. “Chaque année, plus de 60 000 hectares sont soustraits à l’agri culture pour être urba nisés, dont près de la
lage ancien par l’im plantation, l’organisa tion, le rapport au site, les constructions. Alors que tous les villages sont différents, leurs nou veaux quartiers se res
Le lotissement est devenu une forme de quartier stéréotypé.
moitié pour l’habitat. Cette consommation de territoire aug mente plus vite que la popula tion” , soulignait déjà le C.A.U.E. dès 2009. Aujourd'hui, la loi Z.A.N. (lutte contre l’artificiali sation des sols) a été votée avec pour objectif de réduire de moitié, dans un premier temps, la consommation d’espaces natu rels, agricoles et forestiers d’ici à 2031. Autre argument d’impact sur l’environnement : le recours à la voiture pour les trajets domi cile-travail-loisirs se démultiplie.
semblent. Le lotissement est devenu une forme de quartier stéréotypé : des rues en impasse qui desservent des parcelles de même taille avec une maison au milieu.” Un appauvrissement des espaces publics où chacun se retranche derrière sa haie et des habitats standardisés, choisi sur catalogue, sont soulignés, souvent au “détriment de la qua lité de l’architecture : absence de relation au terrain et au site, manque d’organisation des espaces intérieurs…” , déplore le C.A.U.E.
À Chaon, au bord du lac Saint-Point, la copropriété de cinq maisons en bois imaginée par l’architecte Joël Laffly s’adapte à la pente (photo C.A.U.E. du Doubs).
l’architecte Richard Garcia. “Il comporte deux corps de bâtiment, souligne le C.A.U.E. Le premier volume, vers l’entrée sur rue, a été conservé pour accueillir le stationnement automobile. Le second a été réhabilité pour rece voir des logements spacieux en duplex. Ceux-ci donnent sur de
larges terrasses en bois qui rem placent les anciens quais de char gement. Une piscine collective clôturée participe à la vie de la copropriété.” Au-delà du pavillon individuel, l’habitat collectif peut aussi avoir du charme et du caractère. n L.P.
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