Journal C'est à dire 313 - Février 2025

DOSS I ER

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Travail temporaire

“On commence à voir des signes

positifs d’une reprise d’activité”

C’ est à dire: Depuis quand notez-vous un ralentissement d’acti vité sur l’horlogerie? Cyril Villemin : Au niveau can tonal, on observe un net ralen tissement depuis le troisième trimestre 2024. L’horlogerie représente une part importante de l’activité dans les agences Manpower de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds. On colle au marché de l’économie du canton de Neuchâtel et sommes multi spécialisés dans quatre secteurs : horlogerie, pharmacie-médical, machines et équipements et la construction. Globalement, quand l’horlogerie va, tout le L’activité des agences de tra vail temporaire reflète géné ralement bien la santé éco nomique d’un territoire. Point de situation avec Cyril Villemin, responsable des agences Manpower à Neu châtel et La Chaux-de-Fonds.

à l’export et de la cible que ces marques cherchent à atteindre. Càd : Peut-on parler d’une crise profonde ? C.V. : Il y a eu un arrêt brutal cet été au niveau du secteur tem poraire mais je ne suis pas plus inquiet que ça. Après chaque fin de cycle, la reprise est souvent forte et aujourd’hui on commence à voir des signes positifs qui pourraient annoncer un redé marrage. Cela risque de repartir plus tôt et plus fort que prévu. Càd: Comment expliquer que les entreprises ne recourent plus à de la main-d’œuvre tempo raire ? C.V. : Tout simplement car elles ont beaucoup de stock à écouler. Elles n’ont donc pas besoin de réengager du personnel tempo raire pour répondre à des pics de production de plus ou moins longue durée.

logerie, on a aussi un mix de seg ments métiers et partenaires assez large, ce qui nous permet tra de passer cette crise. Ce n’est malheureusement pas le cas de toutes les agences. Càd : C’est toute l’industrie hor logère qui est impactée ? C.V. : Non. Les marques les plus prestigieuses ne connaissent pas ou peu la crise. C’est sur tout le moyen et le bas de gamme qui est concerné. On a aussi quelques manufactures de moyen de gamme qui parviennent à tirer leur épingle du jeu car elles sont notamment très actives sur les réseaux sociaux, partenariats stratégiques dans le monde du sport, de l’art, etc. avec des gammes qui touchent plusieurs générations ou qui sont présentes sur d’autres marchés. En fait, tout dépend du positionnement

reste se porte plutôt bien. Càd : L’économie horlogère a tou jours évolué de façon fluctuante, est-ce toujours le cas? C.V. : Tout à fait et souvent sur des cycles de 4 ou 5 ans. L’hor logerie a connu de très bonnes années en 2021-2023 et on

amorce la fin d’un cycle. Le ralentissement actuel est la consé quence de problèmes et de changements macroéconomiques. Ce qui a naturellement

“En fait, tout dépend du positionnement à l’export.”

“Le fléchissement se répercute davantage sur les fonctions non essentielles à la production”, explique Cyril Villemin, responsable des agences Manpower à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

impacté les exportations comme notamment en Asie: - 26 % en Chine, - 18 % à Hong-Kong. Ces deux destinations représentent les plus gros marchés en termes de volumes de vente à l’export avec les États-Unis. Càd: Cette baisse d’activité se répercute-t-elle dans le fonction nement des agences temporaires ? C.V. : Si on est spécialisé en hor

est plus tendu. Le fléchissement se répercute davantage sur les fonctions dites “non essentielles” à la production comme l’après vente, l’import-export… Sans oublier bien sûr les fonctions dites “col bleu”, à savoir les opé rateurs dont une bonne partie sont recrutés par le biais des agences temporaires. n Propos recueillis par F.C.

Càd: Tous les métiers de l’hor logerie sont-ils concernés ? C.V. : Non. On manque toujours de candidats sur les métiers spé cialisés dans l’usinage, la pro grammation des machines, etc. On constate aussi que ceux qui ont ces compétences sont plus frileux à changer d’entreprise quand le contexte économique

Emploi L’heure du retour à la normale pour les syndicats L’industrie horlogère qui avait embauché à tour de bras pendant la période euphorique post-Covid se retrouve en situation de sureffectif. Elle utilise tous les leviers

Vallée de Joux Le berceau de la haute horlogerie relativement épargnée par la crise La vallée de Joux se caractérise par la présence de nombreuses marques haut de gamme, un secteur encore préservé des soubresauts de l’économie asiatique.

L' Association pour le Développement des Activités Écono miques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.) tient une statistique mensuelle sur le nombre de frontaliers travail lant sur ce territoire. “On comp tabilise environ 4 500 frontaliers et ce nombre a très peu baissé en 2024. Cette stabilité signifie que les entreprises ont confiance

prises et selon les marques hor logères. Tous ceux qui se posi tionnent sur la Chine et le mar ché asiatique sont plus en souffrance. Les entreprises concernées ont souvent eu recours aux R.H.T. tout comme leurs sous-traitants.” Le directeur de l’A.D.A.E.V. ajoute aussi que les marques qui vont bien ont profité du ralentissement global pour rat traper des retards de livraison qui s’accumulaient depuis deux ou trois ans. Ceci expliquant aussi pourquoi certains ressen tent moins les effets de la crise. Le réveil de l’économie chinoise aura forcément un impact sur l’activité horlogère en Suisse et dans la vallée de Joux. “Loca lement, on constate que d’autres secteurs d’activité comme la res tauration subissent aussi le contrecoup des R.H.T.” , note Laurent Reymondin en rappe lant que la mission de l’A.D.A.E.V. consiste à mettre de l’huile dans les rouages de l’économie de la vallée de Joux. n De ces échanges avec les employeurs de la vallée de Joux, Laurent Reymondin, le directeur de l’A.D.A.E.V. semble plutôt confiant sur une reprise de l’activité horlogère en fin d’année.

dans leur personnel et croient à un retour rapide de la crois sance. En échangeant avec les employeurs, ils estiment que la reprise pourrait se faire d’ici la fin 2025” , annonce Laurent Rey mondin, le directeur de l’A.D.A.E.V. L’économie de la Vallée de Joux rime avec une croissance inso lente depuis deux ou trois ans. Ce territoire représente aujourd’hui 8 000 places de

E n décembre dernier, le taux de chômage sur le canton de Neuchâtel était de 4,2 %, en pro gression de 0,1 % par rapport à novembre avec une augmenta tion de 1,1 % sur l’année. Sans surprise, c’est sur la région Mon tagnes qui englobe Le Locle et

raire de Travail ou R.H.T. Celles qui sont conventionnées pour autoriser les horaires fluctuants proposent à leurs salariés d’aller en négatif. “Ce mécanisme a été négocié dans le cadre de la Convention Collective de Travail. Il permet à l’employeur de décompter des heures à leurs salariés, pas plus de 80 heures, qui seront récupérées en période de pic d’activité. On a accepté ce mécanisme pour éviter des licen ciements. malheureusement cela ne suffit pas toujours.” Pour Solenn Ochsner, le ralen tissement observé actuellement devrait tôt au tard donner lieu à des licenciements. “On ne reviendra sans doute jamais au boom d’activité des années 2022 et 2023. C’était presque surréa liste. Aujourd’hui avec le marché

chinois qui dévisse et l’absence de visibilité sur le marché amé ricain, il ne faut pas s’attendre à retrouver ce dynamisme qui avait incité les entreprises à recruter à tour de bras.” L’industrie des machines est aussi à la peine. Unia ne croit guère aux prévisions de reprise annoncées fin 2025 ou début 2026. “Si l’on observe la courbe des exportations depuis 10 ans, la tendance est globalement en baisse sauf pour les années 2022 et 2023. On assiste plutôt à un retour à la normale.” Unia s’in quiète aussi de la pression subie par les salariés en cette période troublée. “Pour certains, c’est assez compliqué à vivre. Des entreprises profitent parfois de la conjoncture pour procéder à des licenciements injustifiés sous prétexte de la crise. On reçoit beaucoup d’appels dans ce sens.” n F.C. “L’industrie horlogère se retrouve en situation de sureffectif”, estime Solenn Ochsner, responsable secteur Industrie à Unia Neuchâtel.

travail dont 60 % sont occupées par des fron taliers, 20 % par des personnes résidant dans l’arc lémanique et 20 % par des vallon niers. “La situation varie beaucoup selon le type d’entre

La Chaux-de-Fonds qu’on trouve le taux le plus élevé, à 5 %. Des statistiques trom peuses aux yeux du syndicat Unia. “Cela

“Des entreprises profitent pour des licenciements injustifiés.”

ne reflète pas vraiment la situa tion car tous les travailleurs frontaliers qui ont pu être licen ciés ne sont pas pris en compte, tout comme les temporaires” , explique Solenn Ochsner, res ponsable secteur Industrie à Unia Neuchâtel. Pour l’instant, les entreprises privilégient la Réduction de l’Ho

Le taux de chômage chez nos voisins Décembre Variation Variation 2024 mensuelle annuelle Neuchâtel 4,2 % + 0,10 % + 1,10 % Suisse romande 4,1 % + 0,30 % + 0,70 % Suisse 2,8 % + 0,20 % + 0,50 %

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