Journal C'est à dire 291 - Février 2023

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Guy Sichler ressuscite la mémoire de Charquemont Charquemont S’attachant aux pas de Louis Cheval, artisan horloger à domicile, il nous emmène dans les rues du village de 1900 à l’aube de la seconde guerre mondiale.

A lsacien d’origine, cet enseignant en histoire et géographie à l’I.U.F.M. s’est installé à Charquemont il y a 19 ans dans la maison natale d’Alice Domon.Auteur d’une dizaine de livres historiques, il propose pour la première fois un ouvrage romancé et largement illustré. “J’ai été particulièrement inté ressé par les caricatures d’actua lité réalisées par Louis Cheval de 1914 à 1937. Il dessinait déjà sur ses cahiers d’école et dévorait les nouvelles du Petit Comtois ou de l’Éclair” , déclare l’auteur qui a collaboré avec son fils Michel. “Mon grand-père Aimé est arrivé à Charquemont avec son épouse Marie et 10 enfants en 1907, dont Louis né en 1900” , note-t-il. Six jours par semaine, 10 heures par jour, il tirait de la pierre à la carrière. “Vivre pau vrement, était le quotidien de la famille. La seule viande de la semaine était unmorceau de lard qu’on se partageait le dimanche” , a confié Louis à son fils. Le livre retrace les étapes impor

Place des tilleuls 1906 (église avec son clocher comtois et flèche sur la mairie).

Guy Sichler et quelques ouvrages sur Char quemont et la région.

dédiée à Sainte-Thérèse occupa les esprits. Les vieilles querelles entre “Rouges” et “Noirs” étaient loin d’être éteintes. “Michel m’a confié un carnet où son père Louis avait noté scrupuleusement les sommes données par les dona teurs privés” , note Guy Sichler. La vie continua au rythme de l’industrie horlogère et de ses changements jusqu’en 1939. Mais c’est un autre chapitre de notre histoire communale… L’ouvrage de Guy Sichler est en vente au bureau de tabac de Charquemont. n Ph.D.

vacants. Comme partout en France, les femmes prirent alors leur place sur le marché du tra vail industriel et agricole. “Mon père, après sa scolarité fit son apprentissage pendant deux ans chez Stadelmann, un finisseur de roues, puis devint un ouvrier habile et apprécié qui gagnait bien sa vie pour l’époque” , ajoute Michel Cheval. Après-guerre, il travailla pour plusieurs patrons, puis se mit à son compte. En 1932, la recons truction de l’église avec ses vitraux Art Déco de la maison Mauméjan et de la chapelle

enclavait le village alors que les “Noirs”, catholiques et conser vateurs, ne voyaient pas d’un bon œil ce modernisme. “À la veille de laGrande Guerre, Char

quemont comptait 2 000 habitants et, voir tant d’ouvriers se rendant au travail ou dans les nom breux cafés donnait un petit air urbain à cette

tantes qui affectèrent la population en ce début de siècle. “C’est d’abord l’ar rivée de l’électricité qui alimentait les premiers ateliers en 1900, puis les

Il était un ouvrier habile et apprécié.

Louis Cheval avec sa mandoline (photo prise dans les années 1920).

commune” , ajoute l’auteur. La guerre provoqua un départ massif des hommes du village et un effondrement de l’industrie horlogère. Artisans et ouvriers suisses vinrent occuper les postes

maisons du village à partir de 1911” , précise Guy Sichler. Le Tacot, en 1906, fut diversement accueilli. Les “Rouges”, princi palement ouvriers et radicaux y étaient favorables, car il dés

“L’Atelier du Mont-Miroir” confectionne savons et cosmétiques naturels Cernay-l’église

éléna Boisson s’est créé un laboratoire aux dernières normes pour fabriquer ces articles d’hygiène et de beauté qu’elle conçoit de A à Z.

L e processus de création de son activité a pris du temps. “Je suis d’origine russe et j’ai étudié la sociologie, la communication et le journalisme à Moscou” , dit-elle. Elle s’installe avec son mari dans la région en 2009. “En 2012, nous avons eu un coup de cœur pour cette grande ferme comtoise en haut du village” ajoute Éléna. Elle cherche sans succès un tra vail correspondant à ses compétences, puis se consacre à ses deux enfants nés en 2013 et 2016. “Je continuais bien sûr à réfléchir à mon avenir. Pourquoi pas enseigner la langue russe, le piano ou la couture ?” poursuit-elle. C’est en fin de compte dans l’héritage familial qu’elle trouve sa voie. Sa grand mère lui a transmis de fortes traditions et un savoir-faire avec les plantes médi cinales. “Il faut plus utiliser les forces qu’offre la nature pour entretenir sa santé” , affirme Éléna. Elle découvre la technique de la saponification à froid,

qui reste un marché confidentiel avec une stricte réglementation française et européenne. “Il n’y avait que peu de documentation sur ce domaine. Je suis donc partie à Limoges pour me former chez Alain Dougnac, un maître-artisan savonnier et cosméticien très réputé” , note Éléna Boisson. La ferme est grande, elle y aménage un laboratoire spacieux et fabrique ses propres outils (coupe-savons et moules). “J’ai alors commencé à élaborer mes recettes pour obtenir un savon qui soit assez dur et suffisamment moussant” , précise-t-elle.Huiles, graisses végétales, laits et huiles essentielles se comportent différemment quand on les associe. Ce sont plus de cent formulations qu’elle met au point dans les règles de l’art. Elle sait que l’A.N.S.M. (Agence Natio nale de Sécurité duMédicament et des produits de santé) peut la contrôler inopinément. “Je travaille en 100 % bio mais j’ai renoncé à la labellisation oné

Éléna Boisson, dans son

laboratoire, présente une partie de sa gamme.

baumes à lèvres. Ses articles sont en vente dans les pharmacies de Dampri chard, Les Fins et Bonnétage, au Panier Fraîcheur aux Fontenelles, dans sa boutique à Cernay et sur son site. (www.atelierdumontmiroir.com). “Je souhaite assez vite trouver un distri buteur et me consacrer entièrement à la fabrication” conclut Éléna Boisson. n Ph.D.

de la montbéliarde développer une gamme encore plus locale. “J’emballe mes savons dans du papier sulfurisé de qualité alimentaire qui garde leurs odeurs” , ajoute-t-elle. Gels douche et shampooings (solides et liquides) sont au programme de ses nouvelles recherches. Elle souhaite offrir une large gamme en plus des savons et commercialise déjà des

reuse. Je ne souhaite pas pratiquer des prix trop élevés” , assure Éléna. Elle se fournit chez des professionnels et choisit les meilleurs ingrédients. Une partie de son jardin lui procure les plantes médicinales qui entrent dans la composition de ses produits. L’en trepreneuse est également à la recherche d’un fournisseur de lait de vache bio, car elle souhaite dans le pays

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