Journal C'est à dire 281 - Mars 2022
É C O N O M I E
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Et si la grenouille rousse devenait une A.O.P. ? Ranaculture Cette espèce protégée, autorisée à la consommation, est au cœur d’un nouveau combat pour la faire reconnaître comme appellation d’origine protégée. Les grenouilles de pays sont sur les tables des restaurateurs depuis le début du mois.
D ébut mars, les pre- mières grenouilles rousses étaient cap- turées du côté d’Or- nans, dans la vallée de la Loue. Quelques heures plus tard, elles se dégustaient chez les restau- rateurs du Doubs. “Attention. S’il est écrit sur le panneau “Gre- nouilles fraîches”, ce ne sont pas des grenouilles de pays mais des grenouilles vertes de Turquie
après une autorisation nomi- native délivrée par la direction régionale de l’aménagement et de l’environnement (D.R.E.A.L.). Il faut en faire la demande chaque année avant la fin décembre. Après deux années compliquées liées aux sécheresses, les pro- fessionnels et amateurs étaient encore dans l’expectative avant le grand rush de la récolte, prévu entre la mi-mars et jusqu’à Pâques dans le Haut-Doubs. “En 2020 (année du Covid), j’ai pêché 75 000 grenouilles à Levier… pour en relâcher 65 000 parce que l’on ne pouvait pas les ven- dre. L’année suivante, j’en ai pris (seulement) 35 000 car les femelles ne sont pas venues se reproduire en raison de la séche- resse. On s’interroge pour cette année” témoigne un profession- nel qui, selon les premières constatations, note la présence d’individus plus gros que les années précédentes. La récolte pourrait être meilleure cette
vendues au même prix. Seule la dénomination “grenouille rousse de pays” garantit la provenance” témoigne un spécialiste. La grenouille rousse est une espèce protégée soumise à un arrêté de dérogation pour celui qui veut la capturer, la trans- porter, la consommer. Environ 3,5 millions de ces amphibiens sont capturés chaque année en Bourgogne-Franche-Comté
La grenouille rousse.
sur la période du printemps. La cuisse de grenouille de pays s’achète entre 40 et 50 centimes par le restaurateur, entre 10 et 0,20 centimes pour la verte. On peut comprendre le courroux des producteurs locaux. Pour officialiser le dossierA.O.P., un travail est actuellement mené par une étudiante en socio- logie qui recueille des documents attestant de l’antériorité de cette pêche dans le Doubs. Les requé- rants doivent prouver la typicité du produit. La finalité d’uneA.O.P. est aussi d’assurer aux producteurs le fait de pouvoir capturer ce batra- cien dans les années à venir. n
Temporaria comme Appellation d’origine protégée. Le dossier, en cours d’instruction, est dans les mains de l’I.N.A.O. (Institut national de l’origine et de la qualité), appuyé par la Chambre régionale d’agriculture. Une A.O.P. permettrait “de reconnaître cette
année. Selon les ranaculteurs, la gre- nouille rousse n’est pas menacée. “Si elle est encore présente, c’est parce que nous protégeons ses habitats, entretenons les frayères, négocions avec les agriculteurs ou le Département pour favoriser les fauches tardives qui limitent la sur- mortalité des gre- nouillettes jusqu’à juillet, défendent les professionnels. Nous avons une gestion de bon père de famille.” Le syndicat de la grenouille rousse mène un nouveau com- bat : faire reconnaître la Rana
Zoom Le président du syndicat
condamné à 307 euros d’amende Le président du syndicat de la grenouille rousse était suspecté par l’Office français de la biodiversité d’avoir, le 3 mars 2021, pris illégalement 50 000 œufs dans une mare, à Saules, sans aucune autorisation de pêche. Le tribunal l’a condamné à une amende de 307 euros. D’après ses propos, il souhaitait sauver les œufs d’un assèchement de l’étang. Il a été relaxé pour “utilisation non autorisée d’espèce animale non domestique.” n
Faire reconnaî- tre l’espèce, limi- ter les fraudes.
espèce endémique à la Bourgogne-Franche- Comté et limiter les fraudes avec les gre- nouilles fraîches (qui
ne sont pas de pays).” Certains restaurateurs réalisent un tiers de leur chiffre d’affaires avec la grenouille. La filière génère 80 000 heures de travail
Banque
En bref…
Pour l’environnement, le Crédit Agricole
l Fraude Les services fiscaux ont repris leurs contrôles en 2021 : la lutte contre la fraude fiscale a non seulement retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire mais se rapproche des résultats obtenus en 2019. Sur le plan départe- mental, dans le cadre du contrôle fiscal sur pièces, 10,7millions d’euros de redres- sements ont été notifiés aux particuliers et aux entreprises contre 9,3 millions d’euros en 2020 et, dans le cadre du contrôle fiscal externe, 6,7 mil- lions d’euros notifiés en 2021 contre 4,5 millions d’euros en 2020. Au total, 12,3 millions d’euros ont été encaissés en 2021 au titre du contrôle fiscal. l Plasma “Vos semaines passent trop vite ?Arrêtez le temps lors d’un don de plasma !” C’est à travers ce slogan que l’Établissement français du sang Bourgogne- Franche-Comté signe sa nou- velle campagne de sensibili- sation au don de plasma et incite l’ensemble des citoyens à venir prendre une pause soli- daire d’1 h 30 pour découvrir le don de plasma. En savoir plus : dondesang.efs.sante.fr
espère financer des “idées folles”
L e CréditAgricole Franche-Comté, 137 ans au compteur, surprend encore. La banque mutualiste nous avait déjà habitués à ne rien faire comme ses concurrentes.Quand d’autres banques ferment des agences sur le territoire pour rationaliser les coûts, elle choisit de les maintenir et d’in- vestir 4 millions d’euros dans la rénova- tion d’une partie de ses 133 agences. Jusqu’au 31 mars, la caisse régionale invite les habitants, les entreprises, les collectivités, à déposer des pro- positions d’actions innovantes qui contribueront à faire naître des pro- jets durables et responsables en Franche-Comté. Quand d’autres expatrient leur siège àDijon, elle décide de rénover son siège social, au centre-ville à Besançon, en orientant le bâtiment vers une très haute performance énergétique après de longs de mois de travaux. La banque “verte” en est fière. Depuis le 11 février dernier, le conseil d’administration a souhaité accélérer son engagement environnemental en posant cette question : comment le Crédit Agricole peut-il répondre aux enjeux cli- matiques ? Vaste question. Dans les faits, le C.A.F.C. amis une plate- forme en ligne sur laquelle chacun peut aller proposer une idée environnementale ou “aimer” une déjà proposée.À la fin de
la consultation, le conseil d’administration analysera et publiera les résultats (le 15 avril) puis annoncera à partir de sep- tembre les projets qu’il financera. Depuis sa mise en ligne, le site a recueilli des propositions qui émanent - pour le moment - de 1 500 salariés qui ont été les premiers à pouvoir publier. Elles vont “de la proposition de prêts à taux 0 % pour les employés du C.A.F.C. qui sou- haitent investir dans des panneaux solaires” à “une aide financière aux socié- taires pour l’achat d’un vélo électrique” ou encore “privilégier les aides aux petites structures de permaculture et culture bio- logique.” “Nous espérons des idées folles, résume avec enthousiasme Franck Ber- trand, le directeur général. Nous ne résoudrons pas seuls les consé- quences de la crise climatique,mais nous souhaitons agir à notre échelle. C’est avec une grande humilité que nous lançons cette plate-forme mais nous avons besoin de vous tous pour prioriser nos actions qui doivent profiter à la Franche-Comté” dit-il. Aucune limite de budget n’a été fixée pour financer tel ou tel projet pour une caisse régionale qui se porte bien avec près de 2 milliards d’euros de fonds pro- pres. Elle aura donc la capacité d’accom- pagner financièrement les projets “et nous en avons la volonté” , poursuit Chris- tine Grillet, présidente du conseil d’ad-
Pas de limite de budget.
Le Crédit Agricole Franche-Comté, entouré ici du monde agricole, industriel et associatif, lance une consultation unique au niveau national.
agriculteurs d’accélérer leur transition vers des pratiques vertueuses. Les pro- positions des industriels et associations sont les bienvenues. n E.Ch.
ministration. Christophe Chambon, pré- sident de la Fédération Régionale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Bourgogne-Franche-Comté (F.R.S.E.A.), y voit une opportunité pour ses collègues
Participer et proposer : cafc.placebymake.org (jusqu’au 31 mars)
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