Journal C'est à dire 277 - Novembre 2021
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LOUP ET LYNX, IL VA FALLOIR APPRENDRE À VIVRE EN LEUR COMPAGNIE
Les grands prédateurs font leur retour dans le Haut-Doubs après en avoir été chassés comme l’atteste cette dernière battue officielle aux loups, en 1875 aux Bréseux. Après de timides apparitions en 2011, et 2013 à Belfays, il s’est installé sur le massif du Mont d’Or depuis 2019 et a attaqué cet été des brebis à Courtefontaine, Charmauvillers puis à Gilley en septembre. Le journal C’est à dire a récupéré des images inédites. Quant au lynx, il a colonisé quasiment toutes les vallées du département au point que sa population pourrait arriver à saturation. Agriculteurs et chasseurs s’organisent pour tenter de gérer cette colocation de l’espace.
Loup
Après des attaques à Gilley, Courtefontaine, Charmauvillers
Le loup s’est fait remarquer entre août et septembre dans le Haut-Doubs horloger où il a attaqué des moutons. Selon les spécialistes, il s’agit sans doute d’un éclaireur qui a quitté une meute proche pour chercher de la nourriture. Peut-il définitivement s’établir ? Les avis sont pour l’instant partagés mais l’inquiétude demeure du côté des agriculteurs après l’attaque de veaux chez nos voisins suisses.
D ans le Haut-Doubs, la question n’est plus de savoir si le loup atta- quera mais quand. epuis 2013 et une observation visuelle à Belfays confirmée par l’Office français de la biodiver-
l’animal a été photographié de nuit, le lendemain de son attaque sur les trois moutons et une chèvre.ÀCharmauvillers, il a également été immortalisé près d’une carcasse. Sur la même période, les voisins
La brebis attaquée la veille
suisses du canton du Jura ont enregistré des attaques du côté de Saint-Ursanne (lire par ailleurs) qui ont été confirmées par des analyses A.D.N., et ce, 133 ans
sité, personne n’avait revu l’animal en Pays Horloger. Huit ans plus tard, le canidé a de nouveau posé ses pattes et ses crocs dans nos contrées, le 8 août à Courtefon-
“La situation suisse laisse craindre une extension du phénomène.”
par le loup à Gilley le 14 septembre (photo N. Guinchard).
après le dernier loup abattu à Beurnevésin en 1888. Cela ne fait plus de doute : il va falloir apprendre à cohabiter avec l’ani- mal qui, rappelons-le, craint l’homme. Peut-il s’établir ici comme il l’a fait depuis 2017 dans le massif
taine, le 24 août à Charmauvil- lers puis le 14 septembre entre Gilley et Longemaison.À chaque fois, les présences sont certifiées par l’Office français de la bio- diversité (O.F.B.) grâce à des images ou des relevés d’em- preintes. À Gilley par exemple,
La profession agricole, peu pré- parée, s’interroge. Un groupe de travail national est engagé pour la prise en compte de cette problématique. Des aides finan- cières sont proposées pour la mise en place de protections des troupeaux ovins et caprins, par le biais d’appels à projets. Une association se propose pour aider les agriculteurs (lire par ailleurs). Quant aux chasseurs, ils doivent adapter leurs prélè- vements… et vont cohabiter avec l’animal comme ils le font - déjà - avec le lynx. n E.Ch.
démarche visant à assurer à la fois la protection stricte de ces espèces et leur coexistence avec les activités humaines, les acti- vités d’élevage en priorité. L’effectif moyen des loups en France serait de 624 individus dont deux meutes installées au Marchairuz (Vaud), une sur le Risoux-Mont d’Or, les plus importantes de l’Hexagone. “La situation suisse, et les récents dommages observés sur des bovins, laissent craindre une extension du phénomène qui ne touchait pas pour l’heure le Doubs” indique la préfecture.
du Marchairuz et 2019 pour le Risoux-Mont d’Or ? “Il faut d’abord que les populations de cerfs se stabilisent, et ensuite le loup pourra s’installer” répond Stéphane Regazzoni, membre de l’O.F.B. et correspondant loup-lynx pour le département. Le Conseil d’État neuchâtelois est sur la même longueur d’onde : “Les loups s’installent prioritairement et durablement dans les régions riches en cerfs, leur proie favorite. Ce cervidé est en expansion dans l’Arc jurassien, mais il est encore peu présent dans notre région. Cette
situation permet au canton de préparer la venue du loup avec une relative sérénité” explique le canton de Neuchâtel. Photo- graphe animalier et amoureux des prédateurs, Alain Prêtre n’est pas de cet avis. Il pense que les chevreuils et les chamois sont assez nombreux pour com- bler une meute. Le préfet du Doubs a réuni en octobre l’ensemble des parte- naires concernés par le suivi et la gestion du lynx et du loup afin de dresser le bilan de la présence de ces deux espèces dans le département dans une
En cas d’attaque Cinq constats sur troupeaux, avec prédation avérée, ont ainsi été enregistrés en 2021. Il est rappelé qu’il est nécessaire de signaler à l’O.F.B. au 03 81 58 39 65 le plus rapidement possible toutes les suspicions d’attaque pour permettre un constat dans les 72 heures et une éventuelle indemnisation pour les agriculteurs.
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