Journal C'est à dire 272 - Mai 2021
D O S S I E R
Le docteur alerte les élus et le préfet sur le “mal-être” de patients Santé
“Je ne profite pas de ma fonction pour faire passer mes opinions”
aura des problèmes psycholo- giques à gérer” prévient le méde- cin. Par déontologie médicale, il ne souhaite pas évoquer les maux dont souffrent ses patients. Et de conclure : “Si j’ai écrit cette lettre, c’est aussi pour que les maires prennent conscience des effets de leurs décisions.” Un message envoyé aux élus… qui viendront peut-être le consulter car eux aussi disent ressentir de la pression. À l’heure où nous bouclions ces lignes, il n’avait pas encore reçu de réponse à son courrier. Le préfet, sollicité, n’a pas souhaité réagir au motif que le projet éolien n’est pour l’heure pas encore soumis à sa décision. n E.Ch. interroger véritablement sur les dangers qui menacent votre vil- lage et sur les responsabilités qui pourraient vous incomber à l’avenir. Vous conviendrez que le bien-être de vos administrés ne doit pas être mis en concur- rence avec les avantages négli- geables, financiers ou écolo- giques, du projet. Je ne doute pas un instant de votre volonté de défendre l’intérêt général pour l’ensemble de vos conci- toyens.” n
sa démarche : “Sans trahir le secret médical auquel je suis attaché, j’ai souhaité informer les élus et le préfet officiellement du désarroi et du traumatisme psychologique décrits par des Le médecin a conscience que ce courrier adressé à tous les élus ne plaît pas à tout le monde. Pour devancer les critiques, voici ce que le docteur précise dans sa missive aux maires et conseillers : “Votre première réaction sera peut-être de consi- dérer que je fais preuve de four- berie et que je profite de ma fonction pour faire passer des opinions personnelles. Veuillez s’il vous plaît ne pas retenir ces arguments infondés, mais vous
I l est sorti de son silence. Uniquement pour des raisons médicales, dit-il. Installé à Bonnétage depuis trente ans, le doc- teur Prêtre est un de ces méde- Parce qu’il dit mesurer un malaise chez certains de ses patients inquiets du pro- jet du Crêt des Ours, le médecin généraliste Philippe Prêtre installé à Bonnétage a écrit au préfet et aux élus des communes concernées.
cins de famille qui connaît bien ses patients pour avoir soi- gné des générations d’habitants du secteur. Pour la première fois, le généraliste inter- vient dans le “débat public” en écrivant aux
patients. J’ai envoyé cette lettre pour les alerter car ce que j’en- tends dans mon cabi- net peut faire frémir. Bien sûr, il y a la situa- tion sanitaire liée au Covid mais je vois du mal-être chez des
“Quand on gratte, le malaise des éoliennes apparaît.”
représentants des communes concernées par le projet éolien ainsi qu’au préfet du Doubs pour leur raconter ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il ressent au contact de “ses” patients dans son cabinet. Il explique
patients par rapport aux éoliennes qui sont un facteur aggravant. Lorsque l’on gratte un peu, on s’aperçoit que cette inquiétude revient de plus en plus. Un mal-être s’est installé ce n’était pas le cas avant. Il y
Le docteur Philippe Prêtre dans son cabinet à Bonnétage.
Il accepte le mât de mesure “par acte citoyen” Plaimbois-du-Miroir Agriculteur et conseiller municipal, Alexandre Vuillemin est rémunéré 2 500 euros par an jusqu’en 2023 pour avoir permis l’implantation d’un mât de mesure du vent sur son terrain. Il s’explique.
S on soulèvement à 140 mètres de hauteur a sus- cité autant d’émoi que de curiosité chez les habitants du secteur. Le mât de mesure du vent installé dans un champ à Plaimbois-du-Miroir depuis mars dernier est visible le jour depuis Le Luhier, Mont- de-Laval,Bonnétage, LeMémont
des pressions après avoir accepté le mât sur un de vos terrains alors que l’associa- tion La Colère des Ours avait déposé un recours gracieux ? Alexandre Vuillemin : Je n’ai subi aucune pression. Je com- prends ceux qui sont contre et ceux qui sont pour l’éolien. Per- sonnellement, je suis plutôt
Alexandre Vuillemin
devant le mât de mesure de vent de 140 mètres, dans son champ, à Plaimbois- du-Miroir.
“pour” mais je ne veux pas me mettre à dos la population. Je pense qu’il faut être diplomate. Càd : Pourquoi avoir accepté l’implanta-
et la nuit de plus loin. Cette immense antenne a suscité l’arrivée de nombreux badauds sur la parcelle d’Alexandre Vuillemin, agriculteur à Plaimbois-du-Miroir.
Càd : Si le projet aboutit, vos terrains sont-ils susceptibles d’accueillir des éoliennes ? A.V. : Oui, je possède deux par- celles identifiées qui sont à plus de 500 mètres des habitations pour lesquelles j’ai signé pour l’étude de faisabilité. J’ai indiqué à Abowind que j’étais d’accord pour engager deux parcelles de terrainmais j’ai refusé de signer pour que des éoliennes puissent
ment le ressentez-vous ? A.V. : Je ne comprends pas vrai- ment le sens de la pancarte “J’aime mon village, non aux éoliennes” car moi aussi j’aime mon village. Cela fait 30 ans que je suis engagé dans la vie muni- cipale, que je m’investis. Encore une fois, il fallait cette étude de vent. Si c’était à refaire, je le referais. n Propos recueillis par E.Ch.
être installées sur des bois. Je tiens à la forêt : je ne veux pas qu’elle soit massacrée. Si les études venaient à dire qu’une éolienne ne pouvait pas être ins- tallée chezmoi, cela neme déran- gerait pas. Càd : Les opposants matéria- lisent leur mécontentement par des pancartes posées devant leurs maisons. Com-
ans.
“J’ai refusé de laisser des parcelles boisées.”
Càd : Combien cela vous rap- porte-t-il ? A.V. : Je touche 2 500 euros par an sur deux ans. Je peux aller jusqu’au pied de l’antenne avec des engins agricoles ou du bétail mais c’est un peu plus contrai- gnant pour le travail du fait des haubans.
tion ? A.V. : Je le vois comme un acte citoyen pour permettre la réa- lisation des études et savoir s’il y a effectivement assez de vent ou non. Je suis engagé sur deux
Celui qui est aussi conseiller municipal dans sa commune a accepté de répondre à nos sol- licitations en toute transparence.
C’est à dire : Avez-vous subi
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