Journal C'est à dire 272 - Mai 2021

D O S S I E R

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LE VENT DE LA COLÈRE DIVISE LES TERRITOIRES

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Avis de tempête. Bonnétage, Plaimbois-du-Miroir, Montbéliardot et plus généralement le plateau se déchirent autour du projet éolien dit du “Crêt des Ours” initié fin 2019 mais qui n’a jamais semblé aussi proche depuis l’arrivée d’un mât de mesure du vent en mars dernier. Au-delà des arguments des pro ou des anti-éoliens, le journal C’est à dire démontre que la prolifération des projets avive les tensions dans les campagnes, au point de faire exploser des années d’amitié, de diviser des conseils municipaux, d’éclater des familles. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le pays compte environ 8 000 mâts. Un nombre qui devrait croître de plus de 60 % d’ici 2028, proportionnellement à la colère des Français. Une visite s’imposait aussi sur les contreforts du Lomont, là où les premières machines de la région ont été installées il y a 14 ans.

Ambiance

Des villages déchirés par le sujet éoliennes À Bonnétage, Plaimbois-du-Miroir, Montbéliardot, le projet éolien dit du “Crêt des Ours” divise conseils municipaux, associations, voisins et jusqu’aux membres d’une même famille. L’arrivée du mât de mesure haut de 140 mètres a développé un vent de résistance.

municipale a écrit au préfet du Doubs pour lui indiquer qu’elle regrettait d’avoir voté pour le projet lors de la pré- cédente mandature. “Je crois surtout que des élus n’ont pas mesuré, en 2019, les conséquences de la signature d’une promesse de bail. Ils pensaient signer undocument uniquement pour permettre les études.Aujourd’hui, certains regret- tent. Ce n’est pas trop tard de le dire” indique Laure Dupas, la présidente de l’association de la Colère des Ours demeurant à Mont-de-Laval. Si la pression est montée depuis l’au- tomne 2019 et l’étude de faisabilité, “elle a passé un cran supérieur depuis la mise en place du mât de mesure à Plaimbois-du-Miroir. Les gens viennent de conscientiser ce qui allait se passer. Ils réagissent !” indique Marie-Pierre, de Plaimbois. Les maires de Bonnétage, Plaimbois, Montbéliardot ne répondent pas à nos sollicitations. Ils se cachent derrière la décision prise par les précédents conseils municipaux ou disent - comme la maire de Bonnétage Valérie Pagnot - qu’il faut faire confiance à l’État puisque le dossier est désormais entre les mains de la direction de l’environ- nement, de l’aménagement et du loge- ment (D.R.E.A.L.). En quelques mois pourtant, des conseil- lers municipaux ont retourné leur veste et ne veulent pas signer un chèque en blanc au promoteur. “J’espère que les études de vent et environnementales vont stopper ce proje t, souffle ce conseil- ler municipal de Plaimbois-du-Miroir

À Bonnétage, Plaimbois-du- Miroir, Montbéliardot ou au Luhier, des pancartes “J’aime mon village, non aux éoliennes” fleurissent sur les balcons. Discrets jusque-là, les opposants réunis au sein de l’association “La Colère des ours” s’affichent publiquement. Leur nombre a explosé : ils sont près de 280 adhérents à s’opposer au projet éolien

explosé. Celle qui gérait le four à bois pour la production de pain a stoppé ses activités, à l’instar du club de marche. Au centre des débats ou des rancœurs : l’éolien. “C’est tout un canton qui est divisé ! , juge Pascal, de Bonnétage. Je fus un des premiers à m’opposer à ce projet en disant à l’ancienmaire de Bon- nétage avec qui j’étais ami (N.D.L.R. : StéphaneVermot) que çamettrait le feu

Le sujet éolien divise tout un territoire.

qui avoue avoir changé de position. Si c’était à refaire, je voterais non quand on voit le bazar” dit-il tout en précisant vouloir garder son anonymat. Une maire, Isabelle Gélion (Montbé- liardot), a perdu sa place lors des der- nières municipales dans une campagne tendue, faite parfois d’attaques per- sonnelles. L’élue - plutôt de fibre éco- logiste - fut la première à émettre des réserves sur l’éolien durant sonmandat. Avec une partie de son conseil, elle n’a rien validé au promoteur (2019). Son beau-frère, Charles Gélion, s’est pré- senté face à elle et a remporté l’élection municipale en mars 2020 avec une candidature un peu surprise. Depuis,

le dialogue est rompu entre les deux. Agriculteur de métier, le nouveaumaire possède des parcelles qui pourraient accueillir une éolienne. S’est-il présenté pour favoriser le projet ? L’intéressé n’a pas donné suite à nos sollicitations. Seul hic : son conseil municipal l’a récemment désavoué lors d’un vote en refusant l’accès aux chemins commu- naux à Abowind. À main levée, six conseillers municipaux ont voté contre l’autorisation des accès, quatre étaient pour, le maire n’ayant pas pris part au vote car intéressé dans ce dossier. Ici comme ailleurs, les éoliennes sèment un vent de panique. n E.Ch.

du Crêt-des-Ours promu par la société Abowind qui concerne les communes de Bonnétage, Montbéliardot, Plaimbois-du-Miroir, Rosu- reux. Toujours à Bonnétage, c’est

au village. C’est dommage car jusque-là, tout fonctionnait et les élus avaient fait un bon boulot. Aujourd’hui, on ne retient plus que cela. Qui ira à la fête le 14 juillet à Bon- nétage ? Personne. La vie asso-

Une ex-élue écrit au préfet car elle regrette son vote.

cette fois un tag “Oui aux éoliennes” qui est apparu à la peinture orange sur la façade d’une remise fin avril. Un voisin le traduit comme une intimida- tion, un autre comme une mauvaise blague. Quelques kilomètres plus loin, à Montbéliardot, des associations ont

ciative est morte” dit-il. Chez les agriculteurs, on se regarde en chiens de faïence entre ceux qui accep- tent les éoliennes sur leurs terres, ceux qui ont refusé, “et ceux qui voudraient revenir en arrière” lâche un paysan. À Plaimbois-du-Miroir, une conseillère

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