Journal C'est à dire 271 - Mars 2021

D O S S I E R

Dans le bio, la proximité, c’est tout naturel Morteau La collaboration avec les producteurs locaux est dans l’A.D.N. des magasins bio. Exemple chez Biocoop-Morteau qui travaille avec plus de 70 producteurs de la région.

À côté d’un système de gouver- nance particulier regroupant producteurs, salariés et consommateurs, et d’un cahier des charges très strict sur la provenance et le mode de culture des produits vendus, les magasins bio ont un troisième pilier fondateur sur lequel ils s’appuient, c’est le travail de proxi- mité qu’ils entretiennent avec les pro-

Rhin” résume M. Aria. Dans cette liste, les producteurs de fro- mages sont prédominants : les fruitières bio de Cerneux-Monnots (Bonnétage), de La Chaux ou de Chapelle-des-Bois figurent ainsi parmi les fournisseurs de Biocoop-Morteau. D’autres petits producteurs de fromages de chèvre ou de brebis, de yaourts, de miel, de jus de pommes voire de confitures de la région sont aussi en bonne place dans les étals dumagasinmortua- cien. “Nous vendons même des produits plus ciblés encore comme la Frênette d’Hubert Galliot, l’herboriste de Ville- du-Pont. Les quantités ne sont pas énormes mais pour ces producteurs, c’est une manière de gagner en visibilité” ajoute le directeur. Pour ces fournisseurs, c’est un plus indéniable. “Même si le principal de nos ventes se fait en expédition, les ventes dans les magasins bio de la région sont très importantes pour nous”

ducteurs locaux et régionaux. Chez Biocoop à Morteau, on travaille avec plus de 70 pro- ducteurs régionaux. “Ce tra- vail étroit avec les producteurs locaux, c’est inscrit dans l’A.D.N. de l’enseigne Biocoop” observe Pierre-Étienne Aria,

“Il y a parfois plus de demande que d’offre.”

Pierre-Étienne Aria, le directeur de Biocoop-Morteau avec ce panneau assez explicite.

le directeur du magasin mortuacien. Ces 70 producteurs régionaux avec les- quels Biocoop travaille sont installés dans un rayon de 150 kilomètres au maximum autour de Morteau. “Ils sont pour l’essentiel dans les quatre dépar- tements francs-comtois et dans le Haut-

confirme Édith Mazo, la responsable des ventes de la fruitière des Cerneux- Monnots qui travaille depuis une dizaine d’années avec M. Aria égale- ment sur son autre magasin Biocoop de Montbéliard. “Dans certains maga-

sins, nous sommes même obligés de limiter la quantité car il y a plus de demande que d’offre” ajoute M me Mazo. Les magasins bio se disent peu concer- nés par l’application de la loi Égalim, dans la mesure où “on garantit à nos

fournisseurs un volume et un prix depuis toujours. La juste répartition des choses, c’est une pratique qui a toujours bien fonctionné dans le bio” observe le direc- teur de Biocoop. n J.-F.H. Le mauvais coup de Lactalis Justice La multinationale a saisi la justice pour mettre fin à l’expérimentation visant à connaître l’origine du lait sur les produits laitiers. L e Conseil d’État a annulé le 12 mars le décret sur l’étiquetage de l’origine du lait. “C’est un retour en arrière inacceptable !” déclare la F.N.S.E.A. Précurseur dans le domaine de l’étiquetage de l’origine, la France mène une expérimentation de l’étiquetage de l’origine du lait, du lait incorporé dans les produits laitiers et des viandes utilisées comme ingrédients dans des produits transformés depuis le 1 er janvier 2017. Le rablement à la demande de Lactalis de mettre à bas cette expérimentation et d’interdire la mention obligatoire de l’ori- gine du lait sur les produits laitiers vendus en France. La FédérationNationale des Producteurs de lait, les Jeunes Agriculteurs et la F.N.S.E.A. regrettent profondément cette décision et dénoncent l’attitude irres- ponsable d’un acteur économique qui va à l’encontre de la reconnaissance du tra- vail des éleveurs laitiers français. Les agriculteurs ont choisi la transparence. Pas Lactalis. n Mettre à bas cette expérimentation. Conseil d’État a répondu favo-

“On ne va pas négocier les prix” Morteau Les enseignes spécialisées dans l’alimentation bio cherchent toujours à privilégier les producteurs locaux. Autre exemple aux Comptoirs de la Bio à Morteau.

des Suisses impactent encore et tou- jours l’activité des commerçants du Haut-Doubs. “C’est compliqué, d’autant plus qu’en temps normal un magasin bio met toujours plus temps pour se faire une clientèle. En milieu rural, les gens ont aussi tendance à confondre le bio et les produits locaux, admet Aude Bonnet-Hugel. On maintient malgré tout nos partenariats avec nos différents fournisseurs. Nous avons un fonctionnement assez simple, basé sur la confiance. En un an, on n’a pas encore eu de mauvaise surprise.” La responsable revient aussi sur la taille du magasin que ne reflète pas franchement l’image des petites exploi- tations avec qui elle noue ces liens pri- vilégiés. “C’est le concept même de l’en- seigne que de proposer au client une ambiance aérée où il peut prendre tout son temps sans avoir peur de demander conseil.” n F.C.

O uvert depuis bientôt un an à Morteau, ce magasin de 700 m 2 de surface de vente travaille avec près de 200 fournisseurs dont la moitié entre dans la catégorie des petits producteurs bio. Ici tout repose sur la confiance et l’équité. “On est dans un rapport gagnant-gagnant.On respecte le travail effectué et on ne va pas négocier les prix” , annonce Aude Bonnet-Hugel, la responsable de ce commerce alimen- taire qui emploie trois salariés. À la différence d’une franchise, cette enseigne regroupe des magasins indé-

rayon cosmétique la gamme “Hello my bio” conçue du côté de Montbéliard ou les vêtements éco-responsables de la marque Kechara création basée aux Alliés. Impossible pour autant de trouver toute l’offre dumagasin dans la région. “Dans ce cas, on sélectionne de préfé- rence des producteurs français à l’image de la petite exploitation qui nous livre les pruneaux d’Agen.” Ouverts cinq jours avant le premier confinement, les Comptoirs de la bio sont encore en phase de croissance. Les restrictions de circulation, le couvre-feu, l’absence

engraisser. “Le G.A.E.C. des Hauts Pâturages installé au-dessus de Pon- tarlier qui nous approvisionne en viande de porc et d’agneau procède de la même manière. Il faut du temps pour obtenir une viande de qualité. Une cliente m’expliquait que les pro- duits de cette ferme lui rappelaient la viande qu’elle dégustait dans une ancienne boucherie mortuacienne.” Quand les bons goûts du passé rede- viennent d’actualité. Les Comptoirs de la bio proposent des fromages, de la viande, dumiel et d’au- tres produits locaux. Sans oublier au

pendants qui ont chacun une liberté de manœuvre dans le choix des four- nisseurs. La poli- tique marketing des Comptoirs de la bio n’est pas de

Les produits offrent le meilleur rapport qualité-prix.

À côté des produits cosmétiques

tirer les prix vers le bas mais de pro- poser des produits offrant le meilleur rapport qualité-prix. “En agissant ainsi, le producteur peut vivre décem- ment de sonmétier et le client est assuré de la qualité des produits” , poursuit Aude Bonnet-Hugel. La qualité a un prix. Exemple pour fabriquer des saucisses de Morteau bio, Jean-Pierre Bretillot de Haute- Loue Salaisons à Longeville, l’un des fournisseurs locaux des Comptoirs de la bio, n’hésite pas à mettre le prix dans l’achat de porcelets de bonne conformité qui valoriseront au mieux l’alimentation bio utilisée pour les

“Hello my Bio” fabriqués vers Montbéliard, Aude Bonnet- Hugel la

responsable du magasin avec, à sa gauche Stéphanie, l’une des vendeuses.

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