Journal C'est à dire 268 - Décembre 2020

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Les cantons romands encore durement touchés par le Covid Neuchâtel Nos voisins qui avaient été relativement épargnés par la première vague connaissent une seconde vague violente. Ils n’ont pas adopté les mêmes restrictions que nous. Reportage au cœur du centre de coordination de la crise Covid vers Neuchâtel.

D ans les hôpitaux du canton de Neuchâtel, on commence, à peine à souffler. Au pic de l’épidémie fin octobre, chaque jour plus de 300 habitants du canton étaient diagnostiqués positifs au Covid- 19 et les hôpitaux ont dépassé le taux de saturation avec 167 patients hos- pitalisés dans les établissements de soins du canton au pic de l’épidémie, le 14 novembre dernier. Il a fallu armer comme en France de nouveaux lits de réanimation. “En temps normal, nous n’avons que 6 lits de réanimation sur l’ensemble des établissements, c’est-à- dire les hôpitaux publics de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds et les établis- avons dû transféré des patients dans d’autres cantons moins touchés” expose Thierry Michel, le chef de l’état-major cantonal de conduite pour la gestion de crise (E.M.C.C.), pilote de la coor- dination de la lutte anti-Covid dans le canton. Dans les deux hôpitaux du canton, toutes les opérations “électives” c’est-à-dire sur rendez-vous, ont été déprogrammées et décalées. Ces der- nières semaines, 40 % de la patientèle des hôpitaux étaient des cas Covid. C’est au premier étage d’un bâtiment de la sécurité civile et militaire basé à Colombier que travaille ce poste de commandement qui coordonne l’en- semble des acteurs de la lutte anti- Covid depuis le printemps. “Nous nous sommes réunis pour la première fois le 30 janvier et depuis ce jour, nous sements privés. Nous sommes progressivement montés à 8, puis 12, 14, 20 et jusqu’à 29 lits de soins intensifs fin novembre. Mais on considère qu’à partir de 20 lits il devient difficile de garantir un niveau de prestations normal. C’est la raison pour laquelle nous

n’avons pas arrêté de siéger” complète Pierre-Louis Rochaix, chef de la cellule communication de l’O.R.C.C.A.N. (Organisation de gestion de crise et de catastrophe du canton de Neuchâ- tel). Au plus fort de la crise, 42 per- sonnes réunissaient leurs forces dans la coordination des actions. La force de la deuxième vague de l’au- tomne dans les cantons romands en particulier, dont celui de Neuchâtel qui figure parmi les quatre cantons suisses les plus touchés, reste en partie inexpliquée. “On enregistre plus de cas qu’au printemps car on a d’abord plus de moyens pour tester et détecter les cas positifs. Mais nous n’avons à ce

Thierry Michel est le chef d’état-major cantonal de conduite pour la gestion de crise. Ici dans la cellule de coordination basée à Colombier.

Un peu moins de tension dans les hôpitaux

le canton de Neuchâtel, comme tous les autres cantons suisses d’ailleurs, n’a décrété aucun confinement. Les riverains n’ont jamais eu besoin d’une attestation pour se déplacer. “Ce n’est pas dans notre façon de fonctionner” estiment les responsables. En revanche, les réunions familiales dans le domaine privé étaient limitées à 5 personnes. Les magasins, eux, sont tous restés ouverts lors de la deuxième vague, mais les établissements publics, ainsi que les activités sportives et culturelles et les restaurants étaient restés fer- més. Ces derniers devaient rouvrir avant le 10 décembre.Tout comme les stations de ski suisses que les autorités avaient bien l’intention d’autoriser à ouvrir dès que la neige sera au rendez-vous. Les stations de ski du Valais étaient déjà ouvertes. Mais comme en France, cette crise sanitaire inédite aura appris aux auto- rités que “la seule chose qui est certaine, c’est l’incertitude. Ce qui est vrai un jour ne l’est parfois plus le lendemain… C’est la particularité de cette crise iné- dite en tous points” conclut Thierry Michel. n J.-F.H.

jour aucune explication scien- tifique fiable car les mesures prises dans les cantons romands étaient un peu plus strictes que dans les cantons alémaniques. Peut-être est-ce lié au mode de vie des Romands qui sont peut-être plus enclins aux contacts, aux

40 % de la patientèle des hôpitaux étaient des cas Covid.

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de 40 % des lits du réseau restent occu- pés par des patients Covid +” poursuit M. Buss. Le profil des patients hospitalisés est comparable à celui des autres hôpitaux suisses. Plus des deux tiers ont plus de 70 ans. L’âge médian est de 74 ans, avec des hommes légèrement majori- taires (55 %). Le patient le plus jeune était âgé de 22 ans (hors pédiatrie) et le plus âgé 98 ans. Les patients décédés ont tous plus de 60 ans. 7%des patients hospitalisés ont moins de 50 ans. “Cette évolution positive ne doit pas entraîner une baisse de la vigilance au sein de la population. Le réseau hos- pitalier rappelle que seul le respect strict des mesures barrières permettra d’infléchir durablement la courbe des hospitalisations et éviter un nouvel afflux de malades dans les hôpitaux pour les fêtes de fin d’année” insiste Pierre- Emmanuel Buss. n

e réseau des hôpitaux du canton de Neuchâtel a atteint fin novembre un plateau dans le nombre de patients Covid + hospitalisés. “Les sor- ties de patients permettent de faire place aux nouveaux cas lesquels décroissent légèrement, ce qui se traduit par une stabilisation du nombre de cas pris en charge. Depuis le 1 er octobre dernier, 446 patients positifs ont été hospitalisés. Plus de deux tiers d’entre eux avaient plus de 70 ans” révèle Pierre-Emmanuel Buss, le chargé de communication du réseau hospitaliers neuchâtelois. Au 7 décembre, 106 patients positifs étaient encore hospitalisés en soins aigus et de réadaptation. C’est 30 cas de moins qu’à la mi-novembre. “Mais la situation reste néanmoins tendue aux soins intensifs, avec 6 patients Covid + en soins intensifs dont 4 sous respirateur artificiel et à ce jour, près

temps conviviaux, que dans les autres cantons suisses ? Il n’en reste pas moins que la Suisse romande a été une des régions les plus touchées d’Europe pour cette deuxième vague” note Thierry Michel. Sur le plan de la morbidité, le canton de Neuchâtel dénombrait (au 25 novembre) 154 décès liés au Covid sur une population totale de 182 000 habitants. “Nous comptons tous les cas : dans les hôpitaux, les E.H.P.A.D. et les personnes décédées à domicile qu’on a estimé comme positives” précise Pierre-Louis Rochaix. En Suisse, chaque canton a les mains libres pour organiser sa lutte anti- Covid. C’est une spécificité par rapport à la France où les mesures sanitaires tombent d’en haut. Autre différence :

Pierre-Louis Rochaix, chef de la cellule communica- tion de l’O.R.C.C.A.N. (Organisation de gestion de crise et de catastrophe du canton de Neuchâtel).

La situation a commencé à s’améliorer fin novembre dans les hôpitaux du canton de Neuchâtel (photo R.N.H.e).

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