Journal C'est à dire 265 - Septembre 2020

D O S S I E R

L’EMPLOI FRONTALIER DANS L’EXPECTATIVE

La crise sanitaire a des répercussions directes sur l’emploi sur un secteur frontalier très concerné par l’industrie. La branche horlogère ne fait pas exception. Au contraire, c’est elle qui est le plus touchée actuellement par la hausse des chiffres du chômage côté suisse. Si les mesures de chômage partiel sont également en vigueur en Suisse, leur prolongation récente n’est pas pour rassurer. Le travail frontalier n’est pas encore concerné par des vagues de licenciements massives, mais le secteur retient son souffle. Les conséquences de la crise sanitaire ne sont sans doute pas terminées.

Emploi

Le taux de chômage est reparti à la hausse côté suisse La crise sanitaire déteint inévitablement sur l’emploi dans un canton de Neuchâtel fortement marqué par l’industrie. Des travailleurs frontaliers sont toujours à la maison.

C ertains travailleurs frontaliers n’ont pas remis les pieds dans leur entreprise depuis la mi-mars. D’autres font l’aller et retour un jour, voire deux jours seulement par semaine. Le reste du temps, ils le passent à la maison, couverts par le chô- mage partiel et sans informa-

coup dans le canton de Neuchâ- tel. Les dernières statistiques du service de l’emploi font état d’une sensible hausse du chô- mage. Au 31 juillet, le nombre de demandeurs d’emploi et de chômeurs augmente de 560 per- sonnes à l’échelle du canton par rapport au mois précédent. “Le taux de chômage cantonal aug-

par rapport à 2019, alors que le recours au chômage partiel, (R.H.T.) a permis de contenir le nombre de nouvelles inscriptions au chômage” qui atteignent déjà + 20 % par rapport à 2019.Autre explication avancée par le can- ton : la période des vacances estivales est peu propice à l’en- gagement de personnel, notam- ment dans le secteur horloger, ce qui vient accentuer lemanque de débouchés sur le marché de l’emploi. Le nombre important à l’assurance-chômage de jeunes ayant à peine achevé leur for- mation professionnelle accentue encore le phénomène. “Ainsi au mois de juillet, l’effectif de chô- meurs de moins de 25 ans aug- mente de 103 personnes” notent les statisticiens du canton. Le taux de chômage des jeunes atteint désormais les 6,4 % dans le canton. Actuellement, près d’un chômeur sur trois est de

Plus de 700 personnes sont au chômage dans la branche horlogère neuchâteloise.

tions précises sur la fin de cette période d’in- certitudes. “On nous a parlé de mars prochain. D’autres entreprises évoquent la fin 2021 pour une reprise d’ac-

mente ainsi de 0,3 point pour s’établir à 4,9 %” note la direction de l’économie au canton. Plusieurs facteurs expliquent la dégrada- tion du taux de chô-

Près d’un chômeur sur trois est de nationalité étrangère.

sont le commerce de gros (avec 22 chômeurs de plus en unmois) et les hébergements médico- sociaux (+ 17). Paradoxalement, les chiffres officiels montrent que l’effectif de frontaliers a augmenté de + 4,2 % par rapport à l’année dernière mais sur ce point les dernières statistiques remontent à juin, période où l’effet Covid n’est que partiel. “Au deuxième trimestre 2020, 13 175 frontaliers sont actifs sur le marché du tra- vail du canton, soit une hausse

nationalité étrangère. Parmi eux bien sûr, des frontaliers français. L’industrie est la branche la plus touchée par l’augmentation des chiffres du chômage dans le can- ton de Neuchâtel. Les plus grands effectifs de chômeurs se trouvent dans la branche hor- logère avec 708 personnes concernées selon les derniers chiffres officiels. Soit une tren- taine de plus que le mois pré- cédent. Dans le secteur tertiaire, les branches les plus touchées

de 0,3 % par rapport à mars 2020. En rythme annuel, la croissance du nombre de fron- taliers est 4,2 %” notent les spé- cialistes, mais cette croissance est portée exclusivement par le secteur tertiaire (+ 9 %) et pas du tout par l’industrie. En juin 2020, la part des tra- vailleurs frontaliers dans l’em- ploi cantonal atteignait en moyenne 12,5 %, jusqu’à 17,9 % dans l’industrie et 9,6 % dans le tertiaire. n J.-F.H.

mage chez nos voisins neuchâ- telois. D’abord une faible dynamique de sortie de l’assu- rance-chômage depuis le début de la crise liée à la pandémie de Covid-19. “Depuis le mois de mars, le nombre de personnes ayant quitté l’assurance-chô- mage a chuté de plus de 40 %

tivité. Nous sommes dans le flou” avoue ce salarié français, cadre dans l’industrie horlogère suisse. Si les entreprises helvétiques notamment de la branche hor- logère n’ont pas encore eu recours massivement aux mesures de licenciement, les chiffres de l’emploi accusent le

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