Journal C'est à dire 265 - Septembre 2020
D O S S I E R
Chute massive de l’activité pour le Swatch Group Horlogerie
Le numéro 1 mondial de l’horlogerie qui possède plusieurs sites de production sur la bande frontalière est touché de plein fouet par les répercussions de la crise sanitaire. Mais il reste optimiste pour la suite.
L a chute des canaux de distribution au plan mondial estimée “jusqu’à 80 %” par la direction générale du Swatch Group a été particulièrement préjudiciable au groupe Swatch qui a communiqué au milieu de l’été ses résultats semestriels pour le début de l’année 2020. “Après unmois de janvier positif avec une marge opérationnelle de 21,4 % dans le segment Mon-
franc suisse a fait reculer le chif- fre d’affaires de 113 millions de francs, soit - 4,9 % supplé- mentaires. Le Swatch Group a néanmoins transmis un message d’espoir pour les mois à venir. “Notre résultat opérationnel est à nou- veau positif aumois de juin pour l’ensemble du groupe” note la direction.Autre point rassurant : le groupe horloger suisse peut compter sur une “base solide en lions, soit une progression de 29 % par rapport à l’année pré- cédente” , ce qui peut permettre au groupe de faire le dos rond encore quelques mois. Sur le plan de la demande, le Swatch Group constate “une très forte demande de la clientèle sur les marchés ayant déjà surmonté le confinement, et ce dans tous les segments de prix. Nous connaissons une croissance à termes de capitaux pro- pres de 10,8 milliards de francs suisses, avec un ratio de fonds propres de 84,6 % et des liquidi- tés nettes de 944 mil-
L’entreprise Comadur au
Locle fait partie du
Swatch Group. Certains salariés sont
tres et Bijoux et de 17,3 % pour l’ensemble du groupe, la chute liée aux fermetures décrétées par les autorités des canaux de distribution
Une chute de 43,4 % du chiffre d’affaires.
toujours invités à rester à la
au niveau mondial est massive. Ainsi, le chiffre d’affaires net du groupe s’établit à 2,197 milliards de francs suisses pour le premier semestre. C’est une chute de 43,4 % par rapport à l’exercice précédent. Soit - 46,1 % par rap- port aux taux de change actuels” indique le Swatch Group. Puni- tion supplémentaire pour le numéro 1 mondial de l’horloge- rie : la forte appréciation du
maison une bonne partie de la semaine.
La direction du groupe a la conviction que la situation en termes de chiffre d’affaires et de revenus va très rapidement s’améliorer dans le courant des prochains mois, parallèlement aux nouveaux assouplissements des mesures engagées dans la
lutte liée au Covid-19 dans les différents pays. Les nouveautés que lanceront les marques du groupe au second semestre, ainsi que la base de coûts réduite, vien- nent renforcer cette perspective positive. Ce qui va conduire à une montée en puissance des
deux chiffres en Chine continen- tale enmai et en juin par rapport à l’exercice précédent.” Ce qui fait espérer aux diri- geants du groupe horloger un “fort second semestre attendu, avec un résultat opérationnel positif sur l’ensemble de l’année.
capacités de production aux troi- sième et quatrième trimestres 2020. Finalement, un résultat opérationnel positif est attendu sur l’ensemble de l’année 2020” ajoute la direction du groupe basée à Bienne. n J.-F.H.
Licenciés après 17 et 30 ans de boîte, du jour au lendemain Social Après avoir aidé les frontaliers à déclarer leurs impôts, l’Amicale des Frontaliers les soutient dans cette période difficile symbolisée par une hausse des licenciements. À Morteau, en moyenne, 4 personnes sont reçues par semaine à ce sujet. Pour l’instant, pas de licenciements collectifs.
E lle était dans sa voiture quand son téléphone a sonné.Au bout du fil, son responsable qui l’appelle depuis la Suisse non pas pour prendre de ses nouvelles durant sa période de chômage partiel… mais pour lui expliquer qu’elle ne fera plus partie des effectifs. Coup de mas- sue. Après 17 ans de bons et loyaux et
Télétravail : qui va payer ?
ciements sont-ils nombreux ? “Nous recevons depuis cet été environ 3 à 4 personnes licenciées par semaine qui cherchent des informations, de l’aide. C’est en légère augmentation” juge l’Ami- cale basée à Morteau. De nombreuses entreprises helvètes bénéficient encore du chômage partiel, d’où un nombre de licenciements pour
Les frontaliers qui télétravaillent n’auront pas à payer leurs cotisations sociales en France, au moins jusqu’à décembre. La Suisse a en effet prolongé le dispositif jusqu’à la fin de l’année. Les frontaliers pourront travailler de chez eux, tout en continuant à bénéficier des régimes d’imposition et de Sécurité sociale appli- cables comme s’ils s’étaient rendus sur leur lieu de travail habituel en Suisse. n Sous-traitants La manufacture Guillod-Günther victime de la crise C’est une information révélée par nos confrères d’Arcinfo mi-août. La manu- facture chaux-de-fonnière de boîtes de montres Guillod-Günther va disparaître. 56 employés sont concernés. Le syndicat Unia qui accompagne ce plan espère que des solutions seront trouvées pour minimiser ce chiffre. Il y a 5 ans, cette société qui comptait encore 150 salariés avait déjà connu des soubresauts. Elle avait - toujours selon nos confrères - pu se relever mais n’a pas eu les reins assez solides pour tenir la crise sanitaire et anticiper une année 2021 que beau- coup annonce compliquée. n
services dans la même société, c’est l’incompréhension pour cette femme dont la qualité du travail a toujours été louée. En Suisse, cela ne choque plus. Cet exemple relaté par unmem- bre de l’Amicale des Frontaliers
l’instant “mesuré”. “Nous ne sommes pas dans la crise de 2008 avec des arrivéesmassives” relate une autre source côté français. Les frontaliers qui bénéficient du chômage partiel sont payés par la caisse de chômage suisse.
“Des frontaliers repartent dans leur région.”
Quand ils sont licenciés, ils pointent à Pôle emploi et sont indemnisés par la France. Les récents grands plans de licenciements ont concerné Gilbert- Petitjean aux Brenets en début d’année et la Comadur au Locle. PourAlainMarguet, président de l’Ami- cale des frontaliers, “l’économie suisse tient encore…mais les difficultés sont à venir” indique le représentant des pendulaires. Les sous-traitants horlo- gers dont les commandes sont à l’arrêt seront les premiers touchés. D’impor- tantes restructurations sont donc à prévoir : “Nous avons des témoignages de frontaliers qui reviennent de la Suisse. Ils n’étaient pas de la région, ils ont vu la Suisse comme un eldorado mais déci- dent de repartir chez eux une fois licen- ciés” témoigne un professionnel. Les craintes sont sérieuses.À cela s’ajoute le couperet d’une probable fermeture des frontières. “Ce serait une nouvelle galère” émet une employée d’une grande manufacture qui a vécu jusqu’en juin les bouchons du Col-des-Roches. Elle n’a plus qu’à croiser les doigts. n E.Ch.
montre combien les ruptures peuvent être violentes. Un autre a subi le même sort après 30 ans de maison. Ces licen-
Des licenciements alors que les Suisses doivent se prononcer le 27 septembre sur le “oui ou non à une immigration modérée”. Ici, Le Locle et sa zone industrielle.
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