Journal C'est à dire 226 - Novembre 2016

15

V A L D E M O R T E A U

“Comme une grande partie des Américains, j’étais abasourdie” Témoignage Originaire de Morteau, Karine Dhanger vit sur la côte Est des États-Unis, le pays où elle est installée depuis 1995. Elle raconte la façon dont elle a vécu la campagne présidentielle américaine et l’élection de Donald Trump.

Càd : Donald Trump entend remettre en cause “la sécu- rité sociale” du démocrate Barack Obama. Quelle dif- férence faites-vous entre le système de prise en charge de santé américain et le sys- tème français ? K.D. : La sécurité sociale est vraiment différente entre les deux pays. En France, la cou- verture sociale est universelle. On associe la “sécu” à l’État. Tout le monde a droit à la sécurité sociale et on peut aussi béné- ficier d’assurances complémen- taires. Aux États-Unis, l’assu- rance-maladie est gérée par des organismes privés et donc nos cotisations sont très élevées. L’assurance-maladie est très souvent associée à un certain niveau d’emploi car les entre- prises offrent à leurs employés un programme d’assurance. À cause du coût très élevé des coti- sations, beaucoup d’Américains n’avaient pas de couverture médicale. Avant “l’Obamacare”, la prise en charge par l’État de la santé, était synonyme de “Medicaid”, “Medicare” (pour les personnes âgées ou pour les plus pauvres). Avec l’Obamacare, tous les Américains sont obligés d’avoir un assurance-maladie à un coût réduit. Seuls les citoyens américains sont bénéficiaires de l’Obamacare. Càd : La Franche-Comté et la France ne vous manquent- elles pas trop ? K.D. : Oui et non ! n Propos recueillis par T.C.

C’ est à dire : Quelles ont été les réactions autour de vous suite à l’élection inattendue de Donald Trump ? Un senti- ment tantôt de très grande joie, tantôt de désespoir ? Karine Dhanger : La région de Portsmouth est principale- ment démocrate. Alors cela a été plutôt le choc, la consternation, la tristesse… Le lendemain des élections était comme un jour de deuil pour la plupart de mes connaissances. Càd : En tant qu’expatriée, comment avez-vous suivi cet- te élection ? Et comment avez-

même la Convention démocra- te et républicaine. Le soir des élections, je suis restée debout jusqu’à 2 heures du matin. Bien que je n’aie pas la possibilité de voter, les élections étaient au centre de notre vie quotidienne dans les dernières semaines. Dif- ficile d’ignorer ces deux candi- dats historiques pour des rai- sons différentes. Que ce soit au travail, à l’école, à la maison, cela a été un sujet de conver- sation quotidien. Je dois avouer que comme une grande partie des Américains, j’étais aba- sourdie par le résultat. Diffici- le de comprendre comment le Parti républicain est arrivé à désigner un tel candidat. Dif-

tiques en France devraient prendre note de cet élan vers le changement avant les élections présidentielles en 2017. Càd : On sait que François Hollande n’a pas été tendre avec M. Trump pendant sa campagne. Le candidat amé- ricain a eu l’occasion de dire également tout le bien qu’il pensait de la France à ce moment-là. Depuis, les deux hommes ont échangé. Néan- moins, le nouveau président américain veut durcir l’ac- cès aux États-Unis pour les étrangers. En tant qu’expa- trié, redoutez-vous un tel dur- cissement ? K.D. : A moyen terme, Donald Trump a la possibilité de chan- ger les lois d’immigration, mais je ne pense pas que cela sera aussi radical que ses intentions pendant sa campagne. Càd : Depuis son élection, est- ce qu’on vous a fait quelques remarques, même sur le ton de l’humour, en vous faisant sentir que vous êtes fran- çaise ?

Karine vit à Portsmouth dans l’État du New-Hamshire, sur la côte Est des États-Unis (photo d’illustration D.R.).

K.D. : Absolument pas. Peut- être parce que je parle l’anglais avec un accent américain ! Càd : Êtes-vous inquiète cependant de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ? K.D. : D’un point de vue expa- trié, pas vraiment. Mais du point de vue de quelqu’un qui vit aux États-Unis et qui dépend de la santé économique, financière, sociale du pays, alors oui, je le suis. Pendant sa campagne élec- torale, il a fait beaucoup de pro- messes, dénonçant “l’establish- ment” politique. Maintenant, il doit agir et travailler avec tous les politiciens. Le plus gros sou- ci, je crois, est qu’il a fait beau-

coup de promesses sans vrai- ment expliquer ses plans. Mon inquiétude est aussi liée à son tempérament. Pendant la cam- pagne, il n’a pas forcément mon- tré un côté cool, calme. Difficile d’imaginer un tel comportement pour un président. Càd : Quel est votre travail aux États-Unis et depuis quand vous êtes installée là- bas ? K.D. : Je travaille pour Tim- berland en tant que Finance manager. Je vis aux États-Unis depuis 1995. Je rentre occa- sionnellement en Europe pour le travail.

vous reçu le résultat ? K.D. : Les campagnes électorales ont com- mencé il y a presque 18 mois. J’ai eu la chance de voir la plupart des candidats en person- ne car l’État du New-

ficile à comprendre com- ment, malgré les divi- sions internes, ils ont pu gagner les élections présidentielles et à obte- nir la majorité absolue au Congrès. Mainte-

“C’était comme un

jour de deuil.”

Hampshire est clé pour les pri- maires, et s’est avéré clé pour les élections aussi. De Hillary Clinton à Ted Cruz mais sans passer par Trump ! J’ai suivi à la télévision tous les débats et

nant comme les Américains, les républicains doivent travailler tous ensemble. Le peuple a voté pour le changement. Après le Brexit et l’élection de Trump, je pense que les poli-

S

PORTES OUVERTES VENDREDI 2 ET SAMEDI 3 DÉCEMBRE

GARAGE BIZE 19 Rue René PAYOT 25500 MORTEAU Tél. 03 81 67 00 16

Made with FlippingBook Annual report