Journal C'est à dire 211 - Juin 2015

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S O C I A L - S A N T É

“Je meurs, tu meurs, il meurt”, et vous ? Expérience Pour libérer le dialogue autour de la fin de vie, la fondation La Chrysalide publie trois bandes des- sinées sur ce thème. Des petites histoires ordinaires signées par des auteurs suisses, connus ou émergents, qui parlent de la mort, un sujet qui nous concerne tous.

L a fondation La Chry- salide, garante des soins palliatifs dans le can- ton de Neuchâtel, s’est lancée dans un projet singulier. Elle a choisi la bande dessi- née pour parler de la mort, un sujet douloureux et tabou pour beaucoup d’entre nous. “Notre but est d’amener les gens à en parler, entre eux, entre les géné- rations. Il est important de l’évoquer ne serait-ce que pour savoir où l’on se situe soi-même

auteurs suisses de bande des- sinée, connus ou émergents, d’imaginer une histoire autour de la fin de vie que l’on asso-

Une trentaine d’auteurs a accep- té d’apporter sa contribution comme Plonk & Replonk, Wal- der, Ceni, Vincent, Dora For-

par rapport à cette question” explique le Docteur Philippe Babando, président de la Fon- dation et médecin de la Rési- dence au Locle. La Chrysalide a déjà mené diverses actions pour communiquer autour de la fin de vie. Mais contraire- ment aux initiatives précé- dentes, celle-ci s’inscrit dans une démarche grand public “de l’adolescent à la personne âgée.” Pour concrétiser ce projet, la Fondation a proposé à des

cie par réflexe à une maladie grave alors que la mort, c’est aussi l’accident, le suicide, la vieillesse. “La seule limite que nous leur avons donnée était de

mica, Matthias Gnehm ou Kalonji. Ils ont cha- cun imaginé une his- toire courte mais inten- se, entrelaçant les mots et les traits de crayons. Le projet, chapeauté par

“Une panoplie de toutes les morts possibles.”

Nicolas Sjöstedt, a pris la for- me de trois tomes déclinés ain- si : “Je meurs”, “Tu meurs”, “Il meurt”. Les deux premiers sont déjà parus aux éditions Héli- ce Hélas. Le troisième est atten- du pour septembre. Chaque B.D. traite de la fin de vie avec une distance différente. Dans le tome I, c’est le personnage prin- cipal qui disparaît, auquel le lecteur peut s’identifier fina- lement. Dans le tome II, c’est un proche qui s’éteint, un père, une mère, un frère, un fils… Dans le tome III, c’est une loin- taine connaissance. Ce choix éditorial autour du “je, tu, il” met en évidence la manière dont on ressent la mort en fonction de qui meurt. Mais le point com- mun à ces B.D. est l’émotion qui est dans chacune de ces his- toires ordinaires. Par ce biais, la fondation La Chrysalide espè- re libérer le dialogue autour de

ne pas ironiser sur le sujet et d’éviter les histoires trop naïves” raconte Philippe Badando.

cette question de la fin de vie, avant qu’elle s’impose dans une famille par la force des choses. “Ce qui fait l’intérêt de ces bandes dessinées, c’est qu’elles nous offrent une panoplie de toutes les morts possibles et de toutes les pensées possibles autour de la mort. Les auteurs ont capté toutes les émotions” remarque Philippe Babando. En tant que médecin, il aborde chaque jour avec sincérité la question de la mort avec des malades.

Ces B.D. qui servent déjà de support didactique dans écoles d’infirmières du canton de Neu- châtel sont désormais dispo- nibles en France en librairie au prix de 22 euros. La fondation La Chrysalide devrait partici- per au prochain festival de la B.D. d’Angoulême. À noter par ailleurs que les planches ori- ginales des histoires signées par chaque auteur seront vendues aux enchères à Lausanne au mois de novembre. T.C.

Le docteur Philippe Babando préside la fondation La Chrysalide, garante des soins palliatifs dans le canton de Neuchâtel.

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