Journal C'est à Dire 261 - Janvier 2020

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Le projet de parc éolien n’a pas le vent en poupe Vue-des-Alpes Sur la table depuis plus de 20 ans, le projet de construction du parc éolien du Crêt-Meuron sur les hauteurs de La Chaux-de-Fonds est aujourd’hui contesté par plusieurs institutions du secteur.

La construc- tion des éoliennes amputerait sérieuse- ment le réseau de ski de fond à la Vue- des-Alpes.

C e projet, porté par la société de production d’énergie du Crêt-Meu- ron, sous la direction du promoteur éolien français R.E.S., prévoit l’installation de sept éoliennes entre Tête-de- Ran et laVue-des-Alpes. D’après le groupe R.E.S., cet équipement permettrait de subvenir à 50 % de la consommation en électri- cité de la population de Val-de- Ruz, troisième commune du can- ton après Neuchâtel et La

Chaux-de-Fonds en termes d’ha- bitants. Mis à l’enquête depuis 2002, le projet se heurte à des contesta- tions et connaît plusieurs rebon- dissements, obligeant le Tribu- nal Fédéral en 2006 et le Tribunal Cantonal Neuchâtelois en 2012 à se saisir de l’affaire pour répondre aux recours. Le projet progresse, légitimé par la votation populaire de 2014 et le permis de construire est enfin déposé le 13 décembre der-

nier. Rapidement, plusieurs oppo- sants se mobilisent pour deman- der sa suppression définitive. Parmi eux, l’association Neu- châtel Ski de Fond (N.S.F.) qui gère le Centre nordique de la Vue-des-Alpes, site de formation et d’entraînement de l’Arc Juras- sien. Son président Jean-Pierre Leuenberger justifie cette contestation : “On se base sur trois raisons principales : le pro- blème de la sécurité des skieurs de fond, de la viabilité écono- mique de l’association et du potentiel touristique.” En effet, avec une hauteur totale de 93 mètres, chaque éolienne impose un périmètre de sécurité de 300 mètres autour du pylône, ce qui implique le détournement de certaines pistes par des voies jugées plus dangereuses par le président de club et une ampu- tation significative du secteur skiable. Jean-Pierre Leuenber- est - avec la Corée du Sud - le premier pays au monde à s’em- parer. Paradoxalement, la popu- lation est vent debout contre l’arrivée de ces ondes notam- ment dans les cantons romands qui semblent les plus virulents. Des manifestations ont eu lieu à Berne. Réunis en collectifs, les oppo- sants disent ne pas vouloir être traités comme des cobayes.Selon eux,la 5Gaboutirait à une “irra- diation massive de la popula- tion” avec des dommages cor- porels à la clef et des nuisances pour les animaux et les végé- taux. Les contestataires deman- dent des études plus poussées sur les effets des ondes milli- métriques, exigent de fixer des valeurs limites plus strictes et passage en force des opérateurs. Au nom du principe de précau- tion, le canton de Neuchâtel exige depuis décembre dernier que des permis de construire soient déposés pour chaque ins- tallation d’antennes. En France, l’installation de cette technologie est prévue pour cette année avec la couverture d’une dizaine de villes. n Le canton de Neuchâtel met le holà. refusent la densification des antennes. Ils dénoncent également le

La Chaux-de-Fonds explique : “On a besoin d’avoir cette confir- mation comme quoi il n’y a pas un conflit d’intérêts par rapport au label. D’ici le 13 janvier, on va transmettre notre opposition à la commune de Val-de-Ruz, et on demande que l’Unesco se posi- tionne sur le projet.” Comme il le rappelle, en France certains projets de parcs éoliens n’ont pas pu voir le jour à cause de sites à proximité, comme ça a pu être le cas à Lons-le-Saunier. Le délai pour faire opposition au permis de construire échoit le 13 janvier et laissera aux autorités la tâche de trancher sur le sujet dans les mois à venir afin de valider ou non la construction de ce parc éolien. n S.F.

ger rappelle, que “Neuchâtel Ski de Fond, c’est neuf centres de ski de fond répartis sur le canton de Neuchâtel, dont la Vue-des- Alpes est le plus important par sa situation avec un enneigement régulier et durable, 30 %de notre chiffre d’affaires se fait dans ce secteur.”

pas contre le fait de rechercher des alternatives à nos besoins d’énergie mais l’endroit est mal choisi.” À l’initiative de N.S.F., une péti- tion a été lancée pour “sensibi- liser les autorités et donner un

poids à l’opposition.” Elle a récolté en un mois plus de 2 550 signatures en ligne et 600 signatures papier. Neuchâtel Tourisme et la Ville

“Nos camarades français viennent aussi skier sur ce secteur.”

Des conséquences qui risquent de peser lourd sur cet acteur du tourisme neuchâ- telois mais aussi sur

son voisin français puisque “des clubs français de ski de fond viennent aussi s’entraîner régu- lièrement sur ce secteur.” Ce site est un “joyau” partagé au-delà de la frontière “qu’il ne s’agit pas de détruire avec des éoliennes.” Il ajoute : “On n’est

de La Chaux-de-Fonds ont éga- lement rejoint les rangs des contestataires, le premier en raison du potentiel touristique du site et le second contre la mise en péril de sa labellisation Unesco en 2009. Philippe Car- rard, urbaniste pour la ville de

Le projet serait visible en partie depuis La Chaux-de-Fonds, ville classée à l’Unesco (photo D.R.).

Télécommunication La 5 G cristallise les craintes en Suisse Le paradoxe suisse est d’être le premier pays européen à avoir lancé la 5 G et de concentrer la plus grande opposition contre la technologie, notamment dans les cantons du Jura, Vaud, et Neuchâtel.

Goumois “Comment peuvent-ils encore se regarder dans la glace ?” Cette pendulaire emprunte chaque jour la route qui mène de Goumois à la Suisse. Elle a ramassé en 3 heures l’équivalent de 16 kg de déchets côté France.

2 020, elle l’espère, sera l’heure des bonnes réso- lutions. Avec ses photos de canettes, déchets plastiques et autres boîtes de gâteaux ramassés sur le bord de la route de Biaufond et publiées sur les réseaux sociaux puis largement partagées, cette habitante de Fournet-Blancheroche (qui pré- fère rester anonyme) a suscité de nombreux commentaires d’internautes. “Chaque jour, j’emprunte la route de Biaufond pour aller travailler, raconte- t-elle.À chaque fois, j’ai la même pensée : comment les gens peu- vent-ils se regarder encore dans une glace après avoir lâchement abandonné leurs déchets dans la nature ? J’ai pris une paire de gants, 2 sacs-poubelles de 110 litres et mes jambes. 3 heures de marche et 7 km plus tard, ce sont 16 kg de déchets ramassés dont 80 % sont recy- clables. Je ne parle même pas des mégots de cigarettes qui, eux, ce compte en milliers. J’ai honte de partager la planète avec ces gens-là. S’il y a une bonne résolution à faire pour

“S urfer”toujours plus vite avec son smartphone, télé- charger toujours

plus rapidement des données où que l’on soit,voilà en quelques mots l’intérêt de la 5G, une tech- nologie mobile dont la Suisse

Le travail de seulement quelques heures sur la route de Biaufond, début janvier par

une jeune femme de Fournet- Blanche- roche.

“une prise de conscience. Ce qui est le plus inquiétant, c’est de voir que 70 % des canettes ramassées côté France sont des canettes de bière.” Doit-on en conclure que des pendulaires conduisent alcoolisés ? Ce serait doublement inquiétant. n

cette nouvelle année, qui ne coûte rien, c’est bien celle-là. Que cha- cun prenne conscience que la nature n’est pas une poubelle. La nature vous le rendra. Ou pas…” écrit la jeune femme. Elle avoue avoir été surprise par les nombreux messages reçus et espère modestement

La Suisse est l’un des premiers pays au monde à étendre la 5 G.

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