Journal C'est à Dire 260 - Décembre 2019
É C O N O M I E
Consensus général autour de l’avenir de la taillanderie Nans-sous-Sainte-Anne
La famille propriétaire de la taillanderie de Nans-sous- Sainte-Anne a mis en vente ce domaine. Afin de préserver sa fonction patrimoniale, acteurs privés et publics ont entamé une concertation.
Jean-Claude Grenier, le prési- dent de cette dernière collecti- vité.Tout le monde s’est accordé autour de l’idée de préserver ce site et notamment les collections d’instruments d’époque qu’il contient. “Une démarche en vue du classement de tous ses objets va être entreprise” confie Jean- Claude Grenier. Démarche qui devrait déjà prendre entre 12 et 18 mois. Tous les partenaires, famille comprise, ont également validé le fait que le potentiel acquéreur devra conserver la fonction “publique” du site, à savoir les visites du musée de la taillanderie. “On ne peut pas laisser tomber un vecteur tou- ristique et historique comme celui-ci” note l’élu. “Aucune vente ne sera conclue si l’acheteur ne s’engage pas à conserver le musée” ajoute un participant à cette récente réunion. Jusqu’à cette année, les recettes liées aux entrées du musée suf- fisent tout juste à équilibrer le budget. En 2018, 60 000 euros de recettes ont été générés par les visites, de quoi assurer le salaire du guide-référent et les assurances liées au musée et à
L’ annonce, parue notam- ment dans le site Le Bon Coin avait surpris tout le monde au début de l’été. On pouvait y lire “À vendre, domaine du Musée de la Taillanderie sur 3,8 hec- tares pour un montant de 850 000 euros”. Propriété depuis 1977 de la famille lor- raine Freyburger Anne est, à ce jour, toujours à vendre. Quelques touches, notamment avec desAllemands, n’ont finalement pas abouti. Du côté des propriétaires comme des collectivités locales et des services de l’État dans le Doubs, personne ne semble pourtant avoir l’intention de laisser dis- paraître ce témoin “vivant” de l’industrie locale des siècles pas- sés. En rachetant ce domaine (connue pour ses acti- vités dans la biscuite- rie), la taillanderie de Nans-sous-Sainte-
à l’abandon en 1977, Jean- Claude Freyburger avait fini par sauver cette ancienne usine et réussi, sept ans plus tard, à en faire la première usine clas- sée monument historique en France. Tous s’accordent à vou- loir préserver cette bâtisse et ses dépendances, témoins d’un
passé révolu que découvrent encore près de 25 000 visiteurs tous les ans, avec ses roues et outils anciens. Une réunion s’est
Son apogée entre 1900 et 1914.
tenue le mois dernier en pré- fecture en présence de Liliane Freyburger, la veuve du pro- priétaire décédé en février der- nier, et de leurs enfants. “Le préfet en personne a tenu à sui- vre cette réunion de concertation à laquelle participaient aussi la D.R.A.C., le Département, la commune de Nans-sous-Sainte- Anne et la communauté de com- munes Loue-Lison” résume
Les bâtiments abritent le musée de la taillanderie et ses outils anciens (photo D.R.).
à travailler en bonne intelligence pour ne pas laisser disparaître ce témoin unique de l’ère pré- industrielle. La taillanderie de Nans a connu son apogée entre 1900 et 1914 : elle livrait alors annuellement 20 000 faux et 10 000 autres objets taillants,
soit le vingtième de la production française. Les collectivités locales n’ont pas les moyens de débour- ser 850 000 euros pour sauver ce patrimoine, elles pourraient néanmoins apporter leur part pour sa sauvegarde. n J.-F.H.
ses collections. Si la taillanderie n’est pas le site le plus visité de la région, il contribue, avec le parcours Beauquier, à la noto- riété de la petite commune qui abrite également la source du Lison. Les partenaires se sont engagés
Le Haut-Doubs en rémission ? Le développement des maisons de santé sur ce territoire où la démographie médicale est toujours en souffrance a sans doute permis de stopper l’hémorragie. Le concept collaboratif de ces structures pluridisplinaires attire les jeunes praticiens, répond aux attentes de la population et pallie, pour partie, le manque de spécialistes. Encourageant. Offre de soins
Pôles d’attraction pour le recours aux médecins généralistes
Sur la carte ci-dessous sont représentés les flux de recours au médecin généraliste libéral. Chaque lien, dont l’épaisseur dépend du nombre d’actes qu’il représente, traduit les déplacements pour consultation des communes de résidences vers les pôles d’offre. Les pôles de Morteau et Pontarlier puis de Maîche-Charquemont sont les plus structurants. Des pôles dont l’attraction est un peu plus faible suivent : Levier, Métabief, Gilley, Mouthe, Le Russey ou Saint-Hippolyte. n
et des lacs. Comme s’en émeut Jean- Marie Saillard, le président de la com- munauté de communes des lacs et Montagnes du Haut-Doubs. “Avec une population en croissance et une démo- graphie médicale vieillissante, on sait qu’on sera en difficulté. Il est urgent de se mobiliser pour la santé de notre territoire. Il y a eu un projet de maison de santé aux Hôpitaux-Neufs. On est encore au stade de la réflexion. La com- munauté de communes a la possibilité de travailler sur le sujet sous réserve que le projet soit reconnu. Il pourrait y avoir une ou deux maisons de santé. Notre rôle d’élu, c’est d’écouter les pro- fessionnels et d’être des facilitateurs. Le plus dur, c’est de trouver les géné- ralistes” dit-il.Tous les élus confrontés à cette problématique se reconnaîtront sans doute dans ces propos. À l’inverse, quand la ressourcemédicale est présente et active tout va mieux comme on peut le constater à Levier, La Cluse-et-Mijoux et aujourd’hui à Pontarlier. L’atout du Haut-Doubs forestier réside aussi dans la présence du Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté, un établissement de santé bien implanté sur le territoire et gestionnaire de structures médico- sociales. L’organisation en maisons de santé participe à l’attractivité médicale du territoire. Elle permet également de mettre en place des actions de pré- vention, de s’engager plus facilement sur des dispositifs de télémédecine susceptible de pallier le manque de spécialistes. Certains reprochent l’effet centralisateur de ces structures. Il
D ire que tout va bien serait mentir. C’est toujours aussi compliqué, sauf urgence, d’obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable auprès d’un ophtalmologiste, d’un dermatologue ou cardiologue quand on vit dans le Haut-Doubs. Grâce à la Suisse, ce ter- ritoire rural a gagné en population, en niveau de vie sans doute plus rapi- dement qu’en offre de soins. Les points faibles observés à l’échelle du Contrat local de Santé qui englobe le Haut- Doubs dans sa globalité de Saint-Hip- polyte à Mouthe mettent en évidence une démographie médicale en souf- france, l’isolement des publics fragiles, la problématique des transports et d’accessibilité aux services dont la santé, le vieillissement de la population et la question du renouvellement des médecins dans les années à venir. Dans ce grand Haut-Doubs on dénom- bre 85 généralistes pour 110 000 habi- tants, soit une densité proche de 8 médecins pour 10 000 habitants. Sachant que la moyenne nationale est de 8,9 médecins pour 10 000 habitants. Bien sûr la moyenne masque toujours les disparités locales plus visibles, par exemple, à l’échelle des communautés de communes. Il faut aller du côté de
la C.C.A. 800 (Levier) pour trouver la plus forte densité avec 11,2 et dans la communauté de communes Frasne- Drugeon pour tomber au plus bas avec 3,4. On trouve ensuite le plateau du Russey avec 4,6, le Saugeais avec 5,3 et les Lacs et montagnes du Jura avec 7,6. Assez logiquement, on retrouve ces inégalités territoriales du Schéma Régional d’Organisation des Soins. Le secteur de Levier n’est dans les dis- positifs aidés alors que la situation se dégrade au nord du Haut-Doubs Hor- loger. La zone de Maîche est en tension sur le plan de la démographie. Plusieurs départs sur Morteau, 5 en 2019, ont considérablement affaibli l’offre. Ce secteur va passer en Zone d’Interven- tion Prioritaire à compter du 1 er semes- tre 2020 alors que tout le reste du Haut-Doubs, hormis Levier, est en zone d’action complémentaire comme 46 % de la population régionale. On observe aussi que la densité de médecin géné- raliste est fortement corrélée à la pré- sence de maisons de santé ou maisons médicales. Les territoires à la traîne voient leurs offres de soins stagner ou diminuer. Ce qui explique sans doute la faible densité vers Frasne et les préoccupations du côté du Mont d’Or
Flux de consommation de soins en médecine générale commune de résidence des patients communes de consultation.
(source données Érasme)
et aux services à la personne en général seront, du moins il faut l’espérer, au cœur des prochains programmes élec- toraux. n F.C.
appartient peut-être aux politiques de mettre en place des solutions de trans- port à la demande pour faciliter l’accès aux soins au plus grand nombre. Nul doute que ces questions liées à la santé
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